Le deportate della sessione speciale SS
Autres titres: Les déportées de la section spéciale SS / Des filles pour la section spéciale SS / Deported women of the SS special section / Special section women / Special SS women
Réal: Rino Di silvestro
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Nazisploitation
Durée: 95mn
Acteurs: John Steiner, Lina Polito, Sara Sparati, Erna Schürer, Paola D'Egidio, Stefania D'Amaria, Ofelia Meyer, Rik Battaglia, Solvi Stubing, Giorgio Cerioni, Guido Leontini, Aldo Leontini, Maria Renata Franco, Felicita Fanni, Maria Barrato, Cesare Barro...
Résumé: Un groupe de déportées juives sont emmenées dans un camp où elles subissent humiliations et maltraitances. Tania est victime des assiduités sexuelles du commandant du camp, homme sadique et névrosé. Afin de se venger et de le tuer, elle placera une lame de rasoir dans son vagin afin de le castrer, signal pour les autres détenues qu'elles peuvent fuir...
Il aurait été étrange que Rino Di Silvestro, petit artisan spécialiste du film de genre à haute connotation érotico-saphique, ne donne pas à son tour dans le controversé filon du nazisploitation, cette sous branche éphémère du cinéma d'exploitation qui emprunte ses principaux éléments aux WIP, aux films sadomasochistes et à la bande dessinée pour adultes avertis transposés dans l'univers des camps de la mort. Ce fut chose faite en 1977 avec Les déportées de la section spéciale SS.
Contrairement à ses confrères, le réalisateur, s'il conserve ses penchants naturels pour le sexe, a cette fois mis de coté l'aspect voyeur de ce type d'oeuvre pour mieux s'intéresser à la détresse et le désespoir des détenues. A l'exception des quelques meurtres et des inévitables supplices inhérents au genre, les séquences gore et autres effets sanglants sont peu nombreux. Les déportées de la section spéciale SS risque donc de décevoir tout ceux qui de cet eros svatiska attendaient toute une série d'atrocités toutes plus réjouissantes les unes que les autres. Ils devront simplement se contenter d'un crâne éclaté à coups de matraque, d'un poignard planté dans la nuque et de la vision d'une femme au sexe explosé. On mentionnera également l'impressionnante séquence où la douce Lina Polito cache dans son vagin une lame de rasoir montée en croix afin de couper en quatre le gland de John Steiner le jour où elle acceptera de se donner sournoisement à lui lors d'un fort douloureux final aux effets spéciaux plutôt impressionnants.
Malgré un manque évident de moyens et la pauvreté de l'ensemble, très peu de scènes extérieures, des décors intérieurs qui se limitent à quelques salles quasiment vides, un régiment de soldats allemands réduit à quelques simples figurants, Di Silvestro signe cependant un des plus intéressants eros-svastica. D'une part pour le soin apporté à la réalisation et la qualité de la photographie, d'autre part pour le scénario en lui même. S'il n'évite pas certaines montées de violence surtout sexuelle qui trouvera son apogée lors de la scène où furieux de ne pouvoir posséder l'héroïne, le commandant SS sodomise brutalement son assistant, un officier porcin au physique ingrat avec lequel il entretient une relation ambigüe, il se concentre beaucoup plus sur l'enfer carcéral et les sévices sexuels endurés par les prisonnières comme Di Silvestro l'avait déjà fait pour son WIP Condamnées à l'enfer. Le réalisateur privilégie largement l'érotisme à l'horreur et montre la vie dans les camps de la mort sous son aspect le plus sexuel. Il multiplie donc les scènes de sexe et de lesbianisme particulièrement pimentées dont parmi les plus chaudes celles où Paola d'Egidio force une prisonnière à lui lécher l'entre-jambe (reprise en version hétérosexuelle lorsque Lina Polito est contrainte de lécher les parties intimes d'un officier sous l'oeil pervers du commandant) et celle très réaliste où Sara Sperati et Ofelia Meyer font l'amour.
Hormis par cette exaltation de l'érotisme, Les déportées de la section spéciale SS se caractérise avant tout par cette atmosphère de total abandon, de désespoir et de désolation dans laquelle baigne tout le film et lui donne un coté authentique morbide, oppressant. Dès les premières séquences, Di Silvestro nous plonge dans une ambiance maladive avec l'arrivée des prisonnières dans les cachots froids et humides plongés dans la pénombre. Cette entrée en la matière sera suivie des inévitables examens gynécologiques particulièrement réalistes pratiqués par des kapos sadiques et lesbiennes puis des tontes non truquées, affreuses et humiliantes, de la tête et du sexe des détenues, l'ensemble appuyé par une partition musicale dramatique composée essentiellement de violons signée Stelvio Cipriani.
L'ultime atout du film et non des moindres est sa distribution avec en tête un excellent John Steiner, SS névrotique et violent particulièrement convaincant dont l'insoutenable castration risque d'en faire frissonner plus d'un, à la tête d'une armada de jeunes starlettes dont les tout aussi convaincantes Lina Polito et Sara Sparati entourées de Stefania D'Amario et Paola D'Egidio en kapo sadiques, Anna Curti, Ofelia Meyer, Solvi Stubing et Erna Schurer alors compagne de Di Silvestro en commandante SS cruelle et glaciale. Signalons aussi la présence de Maria Renata Franco rendue à jamais célèbre pour son accouplement avec un cheval dans Black Emanuelle en Amérique.
Les déportées de la section spéciale SS fut un des éros-svastica qui remporta le plus de succès lors de sa sortie en salles en Italie.
Lors d'une interview, Di Silvestro avoua que ce film fut pour lui comme une obligation, une réponse à la violence extrême d'une jeunesse désespérée qui alors envahissait l'Italie. L'Allemagne nazie reflétait l'Italie contemporaine et la subversion dans laquelle elle baignait avec notamment tous les mouvements politiques naissants dont le plus fameux fut Les Brigades rouges. Le nazisme en était une sorte de miroir et le sexe une forme d'évasion. Ainsi lorsque l'héroïne cache une lame de rasoir dans son vagin en espérant que son bourreau se tranche le gland, c'est le signal avertissant les autres détenues qu'elles peuvent fuir.
Plus film érotique que véritable film d'horreur Les déportées de la sqection spéciale SS est sans nul doute un des plus authentiques, peut être même le plus intelligent des éros svastica transalpins mais également le plus maladif de par ce ton morbide, désespéré.