La endemoniada
Autres titres: L'eretica / Demon witch child
Real: Amando De Ossorio
Année: 1975
Origine: Espagne
Genre: Horreur
Durée: 82mn
Acteurs: Julián Mateos, Marián Salgado, Fernando Sancho, Lone Fleming, Ángel del Pozo, Kali Hansa, Tota Alba, Maria Vidal, Daniel Martin, Roberto Camardiel, Maria Kosty, Fernando Hilbeich, Concha Gomez Conde, Ernesto Vanes...
Résumé: Accusée d'avoir kidnappé et sacrifié un bébé, une sorcière est arrêtée par la police. Emmenée au commissariat, elle se défenestre après avoir jeté un sort à la famille qui a facilité son arrestation. Une gitane, reine de sabbat, offre à leur fille Susan une horrible amulette tandis que le double astral de la sorcière s'empare de son corps. Possédée par son esprit, la fillette devient hargneuse et particulièrement agressive. Des phénomènes paranormaux commencent à se produire. Certains que leur fille est possédée, les parents font appel au Père Juan afin qu'il pratique un exorcisme...
Le nom de Amando De Ossorio restera à jamais associé à sa célèbre saga des templiers aveugles, monument du cinéma d'horreur ibérique, réalisée entre 1972 et 1975. On oublie un peu trop facilement que De Ossorio est également à l'origine de quelques petites séries horrifiques trop méconnues si ce n'est totalement inconnues du moins de notre coté des Alpes. Nous était parvenu par le biais de la vidéo un anodin petit western La frontière de la haine, le décevant Malenka la vampire, un film de zombies plutôt raté La noche de los brujos et l'inénarrable Hydra le monstre des profondeurs, son triste chant du cygne en 1984.
Avec La endemoniada, resté inédit en France, De Ossorio nous offre cette fois sa vision de L'exorciste de William Friekin dont il plagie allégrement certaines scènes entières. Bien malheureusement cette nouvelle version du célèbre film qui terrorisa jadis toute une génération demeure à ce jour une des plus faibles, une des plus drôles également, mais ce comique involontaire ne parvient malheureusement pas à sauver le film qui de minute en minute sombre de plus en plus dans le ridicule.
Avant de se défenestrer, une sorcière gitane, accusée d'avoir enlever et sacrifier un bébé, jette une malédiction sur le couple qui a aidé la police à la faire arrêter. Sur son lit de mort, son double astral prend possession de Susan, la fille du couple, après qu'une gitane lui ait offert un horrible talisman qu'elle cache dans son ours en peluche. Dés cet instant, Susan se transforme en une véritable peste. Odieuse, elle ne cesse de jouer des tours à son entourage, tient des propos obscènes, insulte ses parents et le prêtre du village, le Père
Juan. Très inquiète sa mère fait appel au médecin de famille puis à un psychologue mais Susan ne souffre d'aucun mal particulier. Désormais convaincus que leur fille est possédée, ils ont recours au père Juan. Lorsque les villageois brulent le corps exhumé de la sorcière, Susan, hystérique, se déchaine. Seul un exorcisme pourra désormais la sauver de l'emprise maléfique de la sorcière.
Egalement connu sous le titre L'eretica, La endemoniada échoue à tous les niveaux faute à
une mise en scène beaucoup trop superficielle. Jamais très impliqué semble t-il dans cette histoire de possession démoniaque très peu crédible, le prologue fera beaucoup rire et se demander au spectateur s'il faut prendre ou non au sérieux ce scénario digne d'une comédie horrifique de bas étage (une hideuse sorcière emmenée au commissariat par un inspecteur girond se défenestre tel un Belmondo en haillons afin d'éviter d'être soumise au sérum de vérité!!!), De Ossorio se contente de plagier L'exorciste avec le peu de moyens dont il dispose. Marian Salgado qu'on retrouvera par la suite à la tête des enfants meurtriers de
l'excellent Les révoltés de l'an 2000 se contente d'imiter platement Linda Blair mais ne parvient jamais à l'égaler. Peu convaincante dans son rôle d'adolescente possédée, elle se contente de lancer des regards menaçants entre deux dialogues orduriers hilarants. Jouer sur le tableau de l'obscénité n'est pas aussi simple qu'on pourrait le croire et Marian en fait les frais lorsqu'elle récite bêtement des textes particulièrement pimentés et surtout hilarants. Son tête à tête avec le Père Juan est en cela mémorable. Comment ne pas exploser de rire lorsqu'elle lui demande, l'air savamment sournois pourquoi un prêtre, s'il a une "queue", ne baise jamais. La réponse est évidente et cinglante: il est soit pédé soit impuissant!
Affublé de dialogues assommants, souvent interminables, La endemoniada souffre de surcroit d'un manque de rythme évident aggravé par une réalisation paresseuse et une interprétation totalement insipide à la limite par moment de l'absurde. Prises au piège par les éléments qui sous l'effet des forces démoniaques se déchainent dans la maison, la mère et la domestique (qui de bon matin transpire tellement des aisselles que les auréoles s'étendent jusqu'aux épaules) ne semblent ni étonnées ni surprises et continuent à déblatérer des idioties avant de se rendre compte qu'il se passe peut être quelque chose d'anormal. Devant aussi peu de sérieux, on baisse les bras, dépité, puis désespéré, pris
entre rires et larmes, lorsqu'on découvre que l'ex-petite amie du père Juan qu'il abandonna autrefois pour se tourner vers Dieu, un flash-back digne d'un roman-photo, est devenue par sa faute une putain rousse vulgaire et arrogante. On est loin des tourments du Père Merrin.
De la part de De Ossorio on était en droit d'attendre un peu plus de maitrise et surtout la mise en place d'une certaine atmosphère, celle qui fit la réputation de sa fameuse saga, ce climat d'angoisse indicible, de peur latente, cet onirisme macabre qui faisait toute la force et la beauté de la série. On aurait aimé retrouver une telle ambiance mêlée aux éléments propre aux films d'horreur satanique. Que nenni! On a simplement droit à un petit film de
série Z que seuls certains de ses effets spéciaux très rudimentaires sauvent de l'irréversible ineptie. On appréciera le look de la vieille sorcière, franchement hideuse, jouée par l'argentine Tota Alba, et la présence de Kali Hansa, la gitane reine de sabbat, jeune actrice espagnole plus habituée aux films érotiques de Jess Franco (La comtesse perverse, Les ébranlées et Journal intime d'une nymphomane) et autres polissonneries germaniques. On retiendra quelques passages, le double astral qui s'échappe de la sorcière qui prend possession de l'adolescente, son visage qui régulièrement se greffe sur celui de Marian par le biais d'effets archaïques risibles et répétitifs. On sourira face à la tête de Marian qui fait
un tout complet sur elle même, on savourera quelques effets exploitatifs tels que la réjouissante mais trop banale castration du père de Marian et le meurtre d'un bébé joliment poignardé par la sorcière lors d'un sacrifice, le tout accompagné d'une partition musicale efficace en parfaite adéquation avec ce type de film. Tout film satanique comporte bien sûr sa scène d'exorcisme. Ce qui s'avère le plus souvent le clou du spectacle est ici désespérément affligeant. De Ossorio se contente d'un tête à tête ridicule entre Marian et le Père Juan, pris dans une rafale de vent, quelques jouxtes verbales, un mini crucifix lancé sur l'enfant et le tour est joué. Le démon quitte le corps de l'adolescente qui meurt, sereine,
apaisée tandis que défile le générique final. Tout ça pour ça, Voila qui ne valait pas réellement la peine d'attendre.
Quant à la distribution, on appréciera la présence de Lone Fleming, celle du ténébreux et talentueux Julian Mateos, ex-sex symbol des années 60 et ex-icône du western-paella, dans la défroque du Père Juan, qui peine cette fois à donner corps à son personnage. Amusant est également de voir quelques ex-figures du western telles que Daniel Martin et Roberto Camardiel dans la peau de bourgeois engoncés dans leur costume-cravate philosophant sur les bienfaits de la science. Quant à la blonde Maria Kosty, elle ne fait qu'apparaitre.
Malgré ses effets horrifiques, La endemoniada reste un des plus faibles sous Exorciste qui ait été tourné faute à l'indigence de sa réalisation et le manque de sérieux de l'ensemble. Les plagiats italiens le surpassent facilement puisqu'il laisse loin devant lui des oeuvres telles que L'antichrist de Alberto De Martino, très certainement un des meilleurs du genre, La possédée / L'ossessa et autres Le démon aux tripes. La maison de l'exorcisme, coupable remontage agrémenté de séquences horrifiques de Lisa et le diable que renia Mario Bava, écrase tout aussi facilement le film de De Ossorio. C'est pour dire l'ampleur de cet échec à réserver aux invétérés amoureux du genre à moins de le visionner comme une simple curiosité Bis, un moment de joie et de bonne humeur pour amateurs de non sérieux.