La polizia chiede aiuto
Autres titres: L'âme infernale / La lame infernale / La police demande de l'aide / What have they done to your daughters
Real: Massimo Dallamano
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 90mn
Acteurs: Claudio Cassinelli, Mario Adorf, Farley Granger, Giovanna Ralli, Sherry Buchanan, Renata Moar, Marina Berti, Corrado Gaipa, Ferdinando Murolo, Micaela Pignatelli, Roberta Paladini, Franco Fabrizi...
Résumé: Une adolescente de 15 ans a été retrouvée morte. Tout laisse à penser qu'il s'agit d'un suicide. L'enquête menée par l'inspecteur Silvestri et la procureur de la république va rapidement démontrée qu'il s'agit en fait d'un meurtre. Les soupçons se confirment lorsque le détective chargée de l'enquête est assassiné. En approfondissant ses investigations Silvestri découvre que la mort de l'adolescente est liée à tout un réseau de prostitution de mineures que dirigent de hauts dignitaires de l'état afin d'organiser des ballets roses et satisfaire leurs désirs pervers. Devenus gênants, Silvestri et la procureur sont alors la cible d'un mystérieux tueur coiffé d'un casque d'un moto et armé d'un hachoir à viande...
Après le succès remporté par Mais qu'avez vous fait à Solange qui ouvrit la porte à toute une série de gialli et thrillers dont des mineures étaient au coeur de l'intrigue (Il giudice e la minorenne, Enigma rosso, Morte sospetta di una minorenne...) Massimo Dallamano réalisa La polizia chiede aiuto / La lame infernale (parfois titré stupidement L'âme infernale). Plus proche du polar à l'italienne mâtiné de thriller politique que du véritable giallo à la Argento dont il ne reprend que les meurtres violents perpétrés par un mystérieux assassin usant d'un hachoir, La polizia chiede aiuto nous plonge de nouveau dans les milieux décadents et pervertis de la haute bourgeoisie italienne, un des thèmes fondamentaux du cinéma transalpin d'alors.
Déstabilisée, coincée entre le terrorisme et l'instabilité politique, l'Italie trouve alors son exécutoire dans le cinéma. La polizia chiede aiuto n'est jamais qu'une nouvelle illustration des grandes peurs que l'Italie connaissait alors, révélatrices du climat d'insécurité et de désagrégation dans lequel était alors plongé le pays. C'est dans ce milieu de corruption et de perversion où aristocrates et haut placés, indignes de confiance, ne respectent plus les valeurs essentielles et se complaisent dans le scandale que Dallamano situe cette histoire de ballets roses et de prostitution adolescente commandités par de hauts dignitaires et bourgeois notables tout en proposant de révéler les ramifications de ces organismes, reflet du pourrissement de toute une société.
Une série d'apparents suicides de jeunes filles va conduire l'inspecteur Silvestri, un homme nerveux et décidé, et la jeune procureur de la république sur la piste d'un réseau de prostitution de mineures qui profite de l'innocence des adolescentes recrutées dans un collège pour en faire des objets sexuels destinés à d'importants dignitaires qui organisent des ballets roses.
Sur une trame habituelle, Dallamano construit un film certes sans grande originalité mais qui réussit à tenir en haleine jusqu'au dénouement final même s'il accumule malheureusement les invraisemblances et les incohérences tout en éludant parfois les explications nécessaires quant au déroulement de l'enquête. Dallamano s'intéresse en fait beaucoup plus aux scandales et à l'aspect sordide de l'intrigue en insistant sur cet érotisme morbide propre au filon. Si le film n'est pas très démonstratif, il use par contre de dialogues souvent crus et explicites, particulièrement dérangeants. Si Dallamano choisit de ne pas montrer le viol d'une jeune victime, il l'image tout aussi bien à travers les mots qu'il emploie en expliquant comment elle a été déflorée à l'aide d'une bouteille. Il met mal à l'aise le spectateur en filmant le viol d'une jeune fille après que des notables dépravés l'aient droguée de façon sadique lors d'un douloureux flash-back chargé en émotion.
Dans cet univers de vice et dépravation auquel le réalisateur par le biais d'une profession de foi récitée en voix-off apporte une touche de cinéma-vérité, les effets sanglants ne sont pas de reste. Dallamano appuie la noirceur du récit par la violence des attaques du tueur au casque de moto qui manipule avec dextérité son hachoir. Particulièrement angoissantes les scènes de peur notamment celle de l'hôpital et celle de l'ascenseur, très bien amenées, se rapprochent beaucoup des gialli à la Argento et devraient réjouir les amateurs de plans sanguinolents (la main tranchée du policier).
Même si on appréciera l'immoralité de la conclusion, on regrettera malheureusement un final quelque peu bâclé et beaucoup trop rapide qui conduit à l'arrestation de l'assassin, un coté facile qui nuit un peu trop à l'impact du récit dont la partie la plus faible et la moins crédible demeure celle où apparait l'assassin tout de cuir noir vêtu. On applaudira surtout cette vision misanthrope de notre société que Dallamano nous offre à travers les ultimes images, celle d'une société nauséeuse, cynique et désespérée où pouvoir et argent triomphent sans mal, nous obligeant à vivre résignés, en se cachant les yeux sur ce qu'on sait mais devons taire.
S'il est inférieur à Mais qu'avez vous fait à Solange dont il ne possède pas l'impact et l'infinie tristesse, La polizia chiede aiuto reste cependant un très intéressant mélange entre le giallo, le polizesco et le thriller politique, une nouvelle plongée corrosive aussi réaliste que désespérée dans les méandres du vice et de la prostitution des mineures dans le cadre d'une Italie décadente et corrompue, le parfait reflet de cette époque sombre que traversait alors le pays.
Rythmée par une excellente partition musicale signée Stelvio Cipriani, La polizia chiede aiuto bénéficie en outre d'une solide et convaincante interprétation notamment de Claudio Cassinelli certes un peu caricatural mais déterminé et nerveux secondé par une vigoureuse Giovanna Ralli dans le rôle du substitut du procureur.
A leurs cotés on notera les prestations de Mario Adorf en inspecteur meurtri et Farley Granger, la présence d'une toute jeune Sherry Buchanan dont c'était là un des tout premiers rôles et la pasolinienne Renata Moar un an avant son inoubliable performance dans Salo ou les 120 journées de Sodome.