Casa privata per le SS
Autres titres: Maison privée pour SS / Hôtel du plaisir pour SS / SS girls / Perversions du 3ème reich / SS girls camp
Real: Bruno Mattei
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Nazisploitation
Durée: 98 mn
Acteurs: Ivano Staccioli, Marina Daunia, Macha Magall, Gabriele Carrara, Vassili Karis, Tamara Triffez, Luciano Pigozzi, Monica Nickel, Cristina Minutelli, Gota Gobert, Walter Brandi, Luce Gregory, Giovanni Attanasio, Lucic Bogogliub Benny, Thomas Rudy, Salvatore Baccaro...
Résumé: Une vaste villa est prise d'assaut par un détachement de l'armée allemande. Y sont regroupées quelques prostituées destinées à assouvir les fantasmes des soldats SS mais également à devenir pour certaines des espionnes afin de découvrir les traitres qui se seraient glissés dans les troupes d'Hitler afin de contrecarrer ses plans. Entre deux orgies et quelques ébats saphiques elles vont tenter de les démasquer tandis que l'armée russe se rapproche...
Second éros-svastica de Bruno Mattei réalisé juste après l'intéressant et fort convaincant KZ9 camp d'extermination, très certainement un des plus désespéré mais également sadique nazisploitation italien, Casa privata per le SS fait malheureusement bien vite retomber l'enthousiasme pris à la vision de KZ9 puisque voilà cette fois un piètre spectacle que peu de choses parviennent à sauver du grotesque.
Des officiers SS menés par le commandant Hans Shellenberg, un homme sadique et impuissant, ont bien l'intention de découvrir les traîtres qui se cacheraient parmi leurs rangs et comploteraient pour renverser Hitler. Afin de mener à bien leur mission, ils recrutent et forment un groupe de belles prostituées dont le rôle sera d'utiliser tous les moyens possibles dont leurs charmes pour découvrir leur identité. Maisons privées pour SS également connu sous le titre Hôtel du plaisir pour SS n'est jamais qu'une pâle copie de Salon Kitty dont il reprend bon nombre de séquences. Malheureusement Bruno Mattei n'est pas Tinto Brass et le résultat prête surtout à sourire (rire?). Le film voit se succéder toute une série de saynètes plus stupides et incongrues les unes que les autres dans une atmosphère de délire à la limite de la clownerie. Tout y est absurde, des situations elles mêmes aux personnages en passant par l'interprétation médiocre et les dialogues d'une effarante niaiserie peu aidés par une version française catastrophique..
Le rare réconfort que trouvera l'amateur du genre se situera d'une part dans l'aspect sadomasochiste de certaines scènes et quelques séquences d'horreur mêlées à un érotisme malsain. On citera entre autre le dignitaire SS qui boit des gorgées de cognac agrémenté de sang de femme, le commandant Shellenberg qui parvient à avoir un orgasme seulement si quelqu'un lui joue du piano et, pour la note zoophile indispensable à tout euro-trash qui se respecte, l'accouplement contre nature d'une prostituée avec un berger allemand. On se réconfortera également avec le contenu érotique, abondant, qui bien souvent verse dans la déviance pure tout en oscillant sans cesse entre érotisme et porno soft. Hormis les nombreuses orgies réglementaires durant lesquelles officiers nazis et putains donnent libre cours à leurs fantasmes sexuels les plus débridés sous des flots de champagne, l'accouplement d'une putain avec un chien déjà cité et les nombreuses séquences lesbiennes on retiendra également l'initiation des putains qui offrent leur corps à tout un éventail de monstres humains et autres "freaks" dont un afferux nain difforme sous l'oeil à la fois sévère et réjoui des officiers SS qui testent ainsi les performances de leurs filles de joie.Accompagnée d'une déplaisante musique joyeusement décalée ce véritable plagiat des inoubliables et repoussants accouplements contre nature de Salon Kitty sombre rapidement dans les tréfonds du ridicule. Lors de trop rares moments Mattei nous offre quelques éclairs de génie notamment lorsque Marina Daunia plus sensuelle que jamais malgré l'horrible cicatrice qui la défigure se masturbe seule dans la pénombre au cours d'une orgie et celle où, par une nuit d'orage, Macha Magall la future et inoubliable kapo de Holocauste nazi offre au spectateur son insolente nudité lors d'une étonnante scène saphique avec Marina Daunia, deux magnifiques séquences aussi sulfureuses que sensuelles joliment mises en scène et photographiées qui nous rapellent que Mattei est loin d'être ce cancre que beaucoup voient trop souvent en lui.
Entièrement tourné dans les décors intérieurs du superbe Palazzo borghezze à Artena (les extérieurs dont le parc où s'entrainent les filles sont ceux de la Tenuta Borgo à Manziana) Maisons privées pour SS malgré ces quelques qualités et trouvailles n'est jamais rien d'autre qu'une farce érotique idiote comme Mattei lui même définissait son film qui accumule anachronismes et humour involontaire. La présence d'un soldat nazi version ninja qui manie une épée de samouraï, des coupes de cheveux qui tendent plus vers le hippie que de la coupe réglementaire, des moustaches bien fournies très peu aryennes, des petites culottes ornées de croix gammées, de jeunes et jolies recrues nazies qui pour s'entrainer à l'escrime portent des jupettes romaines ou dansent en juste au corps bleu électrique... sont autant d'éléments qui donnent dans un je-m'en-foutisme spectaculaire et désamorcent complètement le coté sadique et pervers de la bande tout en renforçant son aspect résolument comique. Quelques vieux stock-shots de films de guerre sont également insérés en fin de bande afin de simuler l'approche de l'armée russe avant l'ultime orgie qui se conclura par le suicide collectif des officiers SS terrorisés par l'idée d'une éventuelle défaite. Si l'horreur n'est pas forcément présente encore moins ce climat de folie qu'on était en droit d'attendre d'un tel final cataclysmique, Mattei tente comme il l'avait fait auparavant pour KZ9 camp d'extermination de donner une légère note philosophique aux dernières images tout en tentant d'humaniser les soldats nazis, un choix qui s'il ne fonctionnait pas forcément sur KZ9 marche encore moins sur Maisons privées, peu convaincant et mal amené.
Si Macha Magall et Marina Daunia offrent toute deux une interprétation tout à fait acceptable, Maisons privées pour SS doit beaucoup à son principal personnage masculin, Gabriele Carrara surnommé le Malcolm Mc Dowell italien, magnifiquement bien doublé en italien par Sergio Graziani, déjà présent et tout aussi sadique dans KZ9. Délirante, hystérique, sa magistrale prestation donne au film une aura bien particulière, lui apporte ce soupçon de folie, de démence, qui le sauve de l'insipidité et le rend en fin de compte presque fascinant. Comment oublier la scène grandiose où déguisé en pape décadent il juge les officiers renégats entouré de deux putains habillées en vestales? On saluera également le jeu du toujours très professionnel Ivano Staccioli malgré un temps de présence à l'écran fort réduit contrairement à KZ9. A leurs cotés, on appréciera le trio infernal que forment Giovanni Attanasio, Lucic Bogogliub Benny dit Oskar il terribile et Thomas Rudy, respectivement un exhibitioniste sadique, un SS qui nourrit ses poissons de chair humaine et le soldat nazi déjanté qui manie avec dextérité le sabre et le nunchaku. Parmi toutes les starlettes qui tourbillonnnent autour d'eux on reconnaitra notamment l'énigmatique Gota Kopert en tenue de kapo, la pornocrate Monica Nickel, Tamara Triffez transfuge de Salon Kitty et Cristina Minutelli.Signalons également la présence furtive de Luciano Pigozzi, Vassili Karis égaré et de Salvatore Baccaro, inon crédité, dans la peau d'un des monstres.
Invraisemblable, anachronique, déjanté, Maisons privées pour SS est l'un des plus faible nazisploitation italien, un des moins crédible, qui pourrait aisément rejoindre les productions Eurociné du genre si ce n'était ses quelques qualités et l'interprétation démentielle de Carrara. Cette plaisanterie outrancière qui privilégie l'érotisme aux tortures et autres supplices n'en demeure pas moins sympathiquement offensante pour que l'amateur d'eros svatiska passe un moment partagé entre plaisir coupable et éclats de rire. Même dans ce qui l'a fait de moins brillant, Mattei n'est jamais inintéressant. Pour la petite information le SS du titre ne sont jamais que les initiales pour Schutz Staffeln autrement dit Casa privata per le schutz staffeln.