Lager SSadis Kastrat Kommandantur
Autres titres: Horreurs nazies / Le camp des filles perdues / SS experiment camp / SS experiment love camp / SS experiments / Captive women 2 / Women's camp 23: the seed of death
Réal: Sergio Garrone
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Nazisploitation
Durée: 93mn
Acteurs: Paola Corazzi, Leda Simonetti, Serafino Profumo, Mircha Carven, Giorgio Cerioni, Patrizia Melega, Almina De Salzio, Agnes Kalpagos, Attilio Dottesio, Matilde Dall'Aglio, Maurizio Reti...
Résumé: Lors du viol d'une prisonnière, un commandant SS se fait castrer. Dépossédé de sa virilité, il espère réaliser une transplantation de testicules. Il choisit quelques uns des plus beaux fleurons de l'armée allemande et teste leurs virilité sur les détenues lors d'expérimentations souvent ignobles. Entre deux orgies, les détenues sont suppliciées et humilier avant que la grande opération chirurgicale ne commence..
Tourné à la suite de SS camp 5: enfer de femmes du même Sergio Garrone dont il reprend les décors et deux des principaux interprètes, Paola Corazzi et Giorgio Cerioni, Lager SSadis kastrat Kommandatur connu en France sous le titre bien racoleur de Horreurs nazies n'est peut être pas le meilleur des nazisploitations, cette sous branche fort décriée du cinéma d'exploitation qui emprunte à tout va les éléments du WIP, du film sadomasochiste et de la bande dessinée pour adultes avertis transposés dans l'Allemagne nazie, mais il fait résolument partie des pellicules les plus représentatives du genre aux cotés de son frère jumeau SS camp 5 bien sur mais aussi de KZ9 camp d'extermination de Mattei et à moindre effet Holocauste nazi de Luigi Batzella. Contraint par les producteurs de tourner ces deux films qu'il désavouera bien des années plus tard, Garrone délivre une fois encore une petite série érotico-horrifique prenant pour contexte un camp nazi afin de justifier ses scènes d'horreur et autres sanglantes atrocités. Si l'érotisme reste ici discret et se limite aux incontournables scènes de douches communes, d'examens médicaux intimes, à quelques ébats saphiques et autres orgies entre des officiers SS libidineux et une poignée de putains ainsi que bon nombre de plans de nudité intégrale féminine, évitant ainsi la traditionnelle carte du porno soft, Horreurs nazies ne lésine pas sur les séquences d'horreur qui semblent être l'unique raison d'existence du film. Contrairement à SS camp 5 enfer de femmes les tortures les plus infâmes sont présentées lors d'une longue séquence pré-générique qui donne d'emblée le ton. Electrifications des suppliciées qui hurlent comme des damnées, le visage tordu par la douleur, alors que d'autres urinent sous l'effet de la souffrance, Garrone prenant un main plaisir à filmer en gros plan le jet de pisse, têtes gonflées à l'oxygène, corps ébouillanté puis gelés, victime suspendue nue, exsangue, à un mur de barbelés, humiliations diverses, viols, maltraitances, castration... sont ainsi au menu et devraient ravir tous les amoureux d'effets sanglants et de déviances en tout genre. Le paroxysme du mauvais goût est atteint lorsque les corps des victimes sont emportés sur des chariots jusqu'au four crématoire puis jetés au feu. Le cinéaste prend alors un plaisir pervers à montrer les corps se recroqueviller et se tordre sous l'effet des flammes, un moment crasse qui soudain donne au film un coté onirico-macabre certes fort douteux mais particulièrement saisissant si ce n'est jubilatoire aux yeux des plus vils même si le trucage est assez primitif, une simple superposition et transparence. SS camp 5: enfer de femmes reprendra ce moment de pur bonheur coupable lors d'une scène identique, celles où les quatre fugitives sont enfermées dans un four puis brûlées vives. Le clou du film reste bien entendu la greffe de testicules que l'officier SS veut pratiquer afin de retrouver ses capacités sexuelles dont il fut privé après qu'une détenue qu'il violait l'ait castré. Si Garrone ne nous épargne aucun détail chirurgical, la transplantation en elle même n'est malheureusement pas montrée, tout juste suggérée. S'il ne restera plus au spectateur que son imagination pour la visualiser il aura au moins assisté en direct à un prélèvement quasi scientifique de testicules d'une authenticité étonnante. C'est malheureusement dans l'effarement le plus total qu'on assiste à la fin du film. Le bel officier sur qui on a prélevé les testicules s'apercevra qu'il n'est plus en possession de toute sa virilité non pas à son réveil dans son lit d'opéré mais en plein acte sexuel avec celle sur qui il avait jeté son dévolu, la belle Mireille! On nage en plein délire! A croire qu'il est aussi abruti que les détenues. Fou de rage, il tuera le médecin qui l'a opéré ainsi que le commandant SS désormais en possession de ses testicules. Profitant de la confusion, les filles se rebellent, prennent les armes et massacrent les officiers du camp lors d'un final trop vite amené et surtout très court.
Sur ce scénario plutôt étonnant quasi surréaliste mais beaucoup mieux articulé que celui de SS camp 5 Lager SSadis kastrat Komamndatur délaisse l'horreur pure au détriment d'une histoire d'amour impossible entre un soldat SS et une détenue, trame principale du film, sur laquelle se greffent quelques expérimentations scientifiques pratiquées par les médeçins allemands sur ces filles perdues. On nage par instant en plein roman-photo sur fond de barbelés et de crémation, Garrone oscille entre romance à l'eau de rose assaisonnée à la croix gammée et la série gore par excellence mais c'est bel et bien la première tendance qui souvent prend le dessus. Le mariage des genres est amusant, inattendu, pas toujours ni très bien dosé ni très convaincant mais Horreurs nazies connu également sous le titre Le camp des filles perdues fonctionne malgré tout et honore le genre auquel il appartient ne serait ce que par son mauvais gout et son aspect crasse.
Le gros problème du film vient en fait de ses dialogues et surtout de l'interprétation des comédiens qui récitent des textes dépassant les limites de l'absurde dans la plus totale indifférence. Ce décalage entre l'horreur du propos, des scènes de tortures et le total détachement des acteurs n'est pas seulement étonnant mais il rend surtout le film par instant hilarant, transformant ce qui au départ était une petite série d'horreur maladive et déplacée en une fort drôle comédie. Les détenues s'extasient sur la douceur des douches et de leurs bienfaits, se croient parfois en villégiature et participent allègrement à ces expériences sexuelles. On ne parlera pas du comportement aberrant des soldats en apparence débiles choisis pour les expérimentations qui semblent tous autant qu'ils sont droit sortis d'un épisode de Papa Schultz!
Aux cotés de Paola Corazzi et Giorgio Cerioni déjà présents dans SS camp 5, on retrouvera Almina De Sanzio, Giovanna Mainardi, la protégée du réalisateur, en gardienne sadique, Agnes Kalpagos, Serafino Profumo, Attilio Dottesio et Patrizia Melega. Quant au pauvre soldat qui perd bien contre son gré ses testicules, c'est au bellâtre et très insipide Mircha Carven à qui revient ce triste rôle. Particulièrement benêt, Mircha qui doit son heure de gloire au fait qu'il avait affirmé être le fils de Clark Gable semble se croire dans un roman-photo, jamais crédible mais toujours très drôle
Si avec SS camp 5: enfer de femmes, Sergio Garrone tenait un film plutôt dérangeant graphiquement violent, traitant avec un certain sérieux les expériences à soi-disant but humanitaire auxquelles s'est livrée l'armée allemande, il signe avec Horreurs nazies une oeuvre certes plus arrondie mais bancale qui semble ne jamais vraiment quelle orientation prendre dont le caractère abominable se trouve la plupart du temps désamorcé par le comique de situation.
Horreurs nazies reste un nazisploitation honorable au titre français légèrement trompeur qui remplit sa mission, assouvir les pulsions perverses du spectateur par son audace déplacée tout en le faisant rire par l'absurdité du traitement et de la mise en scène. Signalons que si la version furtivement sortie en salles en France fut intégrale, l'édition vidéo fut quant à elle tronquée de plus de 15 minutes tandis qu'en Angleterre le film fut banni.