SS lager 5: l'inferno alle donne
Autres titres: SS camp 5: enfer de femmes / Des roses rouges pour le Fürher / SS camp 5: women's hell / SS camp: women's hell
Réal: Sergio Garrone
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Nazisploitation
Durée: 96mn
Acteurs: Giorgio Cerioni, Rita Manna, Paola D'Egidio, Paola Corazzi, Leda Simonetti, Patrizia Melega, Agnes Kalpagos, Attilo Dottesio, Serafino Profumo, Paola Lelio, Mariella Furgiuele, Nestore Cavanicci, Robert Spafford...
Résumé: Durant la deuxième guerre mondiale, plusieurs prisonnières arrivent au camp 5 afin de satisfaire les besoins sexuels des officiers et servir de cobayes humains lors d'expérimentations. Quatre détenues vont tenter de fuir mais elles sont prises et brûlées vives. Leurs compagnes de fortune subiront quant à elles les pires tortures jusqu'à la révolte finale...
Tourné simultanément avec Horreurs nazies dans les mêmes décors, avec la même équipe, SS camp 5 enfer de femmes est la deuxième incursion de Sergio Garrone dans l'éros svastica, ce sous genre très controversé du cinéma d'exploitation appelé également nazisploitation. S'il n'est pas le meilleur du genre artistiquement parlant mais cependant supérieur à son prédécesseur sur bien des points il est celui qui se rapproche le plus du cinéma d'horreur justifiant ainsi ses longues scènes de torture du moins dans sa version intégrale.
Plutôt lent dans sa première partie essentiellement consacrée à l'arrivée des détenues au camp agrémentées de quelques séquences érotiques très soft composées des inévitables douches communes avec gros plans sur les fessiers et l'intimité des prisonnières, une pauvre orgie entre quelques putains et des officiers SS ivres sous les bannières ornées d'une croix gammée, l'inévitable danse nazie calquée sur celle de Portier de nuit et surtout la fameuse chorégraphie suggestive de la banane exécutée par Alina, l'héroïne principale, face à un Giorgio Cerioni aux yeux écarquillés, une scène aujourd'hui culte pour son ridicule et son anachronisme (la jeune femme porte tout de même des chaussures à semelles compensées et des boucles d'oreilles hippie), la deuxième partie nous plonge quant à elle dans l'enfer des tortures nazies dès lors que quatre détenues tentent de s'enfuir du camp où elles sont prisonnières en empruntant les sous sols qui mènent aux fours crématoires.
Garrone nous offre donc une galerie de supplices tous plus raffinés les uns que les autres qui assurément ravira l'amateur d'effets gore. Crâne explosé dans un carcan de métal, abdomen défoncé, ongles arrachés à la tenaille, allumettes insérées sous les ongles afin de brûler la main de sa victime, langue arrachée qui rappelle la fameuse scène de Mark of the devil... sont ainsi au programme lors d'une longue séquence de tortures orchestrées par Serafino Profumo et Patrizia Melega que la critique jadis qualifia de dantesque. Elle se clôturera par ce qui était alors encore inédit dans ce sous genre du cinéma d'exploitation, véritable paroxysme de l'ignoble et de l'inconcevable, les cadavres ensanglantés des suppliciées entassés sur un chariot sont jetés dans un four crématoire que la caméra infiltre pour mieux nous les montrer en train de brûler. Si Garrone en quelques minutes seulement parvient à travers cette seule séquence à créer une atmosphère crasse, étouffante, particulièrement morbide, donnant l'effroyable impression d'une descente aux Enfers, le photomontage assez maladroit en désamorce malheureusement beaucoup l'intensité notamment lorsque les cadavres pris de spasmes se mettent à bouger comme des marionnettes dans les flammes. Horreurs nazies comportait déjà une séquence semblable filmée de façon bien plus convaincante. Il est assez amusant de constater que Garrone pousse également le vice et la perversion assez loin puisqu'il va jusqu'à glisser sa caméra sous la blouse des malheureuses entrain de carboniser pour nous dévoiler subrepticement leur petites culottes blanches.
Il est intéressant de souligner que SS camp 5 est le premier eros svatiska à avoir traité des expérimentations faites sur des cobayes humains dans les camps de la mort. Ce sont ici des détenues dont on brûle la peau sous leurs cris de douleur à des fins de greffes, des scènes très efficaces qui accentuent l'horreur du propos et lui donne un air d'authenticité plutôt dérangeant d'autant plus que Garrone toujours par souci de véracité mais pour également accentuer soyons en sûr l'aspect malsain de l'ensemble insère des images d'archive particulièrement morbides de charniers humains. Le thème des expérimentations humaines sera repris par la suite dans KZ9 camp d'extermination de Bruno Mattei et Les déportées de la section spéciale SS de Rino Di Silvestro.
Original le film l'est au moins sur un point: il est le seul à avoir comme protagoniste principale une actrice de couleur, à savoir la délicieuse Rita Manna, découverte dans Emanuelle bianca e nera, une jeune universitaire érythréenne fiancée alors au producteur Eugenio Alabiso.
Outre Rita Manna, on y retrouve l'inévitable Giorgio Cerioni en officier allemand, Serafino Profumo en bourreau libidineux et l'intrigante Patrizia Melega en kapo sadique. Parmi les détenues on reconnaitra Paolo Corazzi violée par Serafino Profumo en transe, hébêté, couvert de sueur après qu'il ait massacré une détenue, la frêle Leda Simonetti, Paola D'Egidio et Agnes Kalpagos.
Moins bien articulé que Horreurs nazies, un peu moins noir également, SS camp 5 enfer de femmes ne cache pas sa pauvreté et le manque d'enthousiasme des acteurs ne joue guère en sa faveur. S'il n'est pas le haut de gamme du genre, il reste avec Horreurs nazies et KZ9 camp d'extermination un des meilleurs exemples de nazisploitation, un de ceux qui définit le mieux le genre. Nous sommes ici face à un petit film d'horreur à l'érotisme malsain, une pellicule gore, qui prend comme contexte un camp nazi justifiant ainsi selon son auteur ces interminables séquences de tortures en tout genre. Si on excepte l'hallucinant mais très drôle Holocauste nazi de Luigi Batzella dont les excès gore et l'absurdité du propos désamorce le coté dérangeant Sergio Garrone qui bien des années plus tard désavouera ces deux films exigés par les producteurs détient la palme d'honneur des nazisploitations les plus sanglants que cette sous branche ait alors connu. Fascinant SS Camp 5 enfer de femmes l'est à bien des niveaux comme la plupart des nazi-movies. Les inconditionnels du genre devraient donc apprécier et trouver de quoi pleinement satisfaire leurs instincts les plus vils