La morte ha sorriso all'assassino
Autres titres: Death smiles on a murderer
Real: Joe D'Amato
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 92mn
Acteurs: Klaus Kinski, Ewa Aulin, Angela Bo, Giacomo Rossi-Stuart, Liuciano Rossi, Sergio Doria, Attilio Dottesio, Marco Mariani, Carla Mancini, Giorgio Dolfin...
Résumé: 1909- Greta, une jeune fille a un accident de carosse. Elle porte à son cou un mystérieux médaillon inca. Elle est soignée par le couple qui l'a trouvé et un étrange médecin. A son réveil elle ne souvient plus qui elle est ni ce qui s'est produit. Le medecin est persuadé qu'elle est un zombi. En effet, trois ans auparavant, son frère qui en était amoureux l'a faite revenir d'entre les morts grâce à un secret inca...
Si on le classe parfois dans la catégorie des gialli, La morte ha sorriso all'assassino est plus un film d'horreur gothique à l'aura nécrophile mâtiné de distorsion temporelle qu'un véritable giallo à proprement parler puisque le seul hommage que D'Amato rend au genre et notamment à Argento est ici un meurtre sadique au rasoir. Le reste du film se réclame plus de Mario Bava et de l'horreur italienne traditionnelle des années 70.
Joe D'Amato signe avec talent une oeuvre qu'on pourrait aisément qualifier de film d'art et essai dans laquelle le spectateur retrouvera beaucoup de références littéraires dont Allan Edgar Poe. Le film tout entier porte la future griffe du réalisateur. On y reconnaitra en effet ces univers onirico-macabres qui lui seront si chers d'où suinte une angoisse sourde baignée d'une violence souvent surréaliste.
A cela s'ajoute un érotisme morbide tout aussi empreint de poésie qui caresse sans honte la nécrophilie. La magnifique séquence du bouquet de fleurs que Greta, toute de blanc vêtue, jette au visage de sa victime en est une parfaite illustration. Le bouquet se transforme alors en chat noir particulièrement agressif qui déchirera de ses griffes un pauvre homme tandis que la robe de la jeune fille se teinte de rouge.
Plus qu'un giallo dont il n'a que le mystère des meurtres, La morte ha sorriso all'assassino est avant tout un véritable film d'horreur empreint d'une violence assez crue qui présage des futures oeuvres de Joe D'Amato. On y retrouve en effet toute la philosophie et l'esthétisme horrifique et macabre du réalisateur auxquels se rajoutent ici la violence et la cruauté des meurtres. On peut déjà y voir planer l'ombre de Blue Holocaust et Anthropophagous.
Les meurtres inaugurent quasiment l'ère du slasher movie avec ces visages éclatés, défigurés au rasoir ou déchiquetés, ces éventrations, empalements et pendaisons. Souvent très réalistes elles mettent en évidence la folie et l'ambiguité ici fort bien personnalisées par Klaus Kinski alors à la croisée des genres cinématographiques.
Quelque peu à part dans la filmographie du réalisateur, La morte ha sorriso all'assassino souffre malheureusement de son scénario quelque peu incohérent que D'Amato donne l'impression de se servir comme d'un fourre-tout. En fait le film est construit comme une succession de scènes, une histoire sans histoire comme disait alors D'Amato qui avance par simple association d'idées et juxtapositions. Inutile donc de se poser des questions auxquelles on aura bien du mal à trouver des réponses. Le coté fascinant de l'ensemble et la beauté surréaliste de nombreuses séquences feront bien vite oublier ces défauts si jamais on peut apeller cela des défauts. En ce sens, La morte ha sorriso all'assassino pourrait se rapprocher de L'au delà de Fulci.
Le spectateur se laissera séduire par cette histoire de spectre incarné par l'érotisante ex-lolita, Ewa Aulin dont la beauté nubile quasi irréelle est sans cesse mise en valeur, comme intemporelle, par un D'Amato visiblement inspiré. La plupart des scènes où Ewa apparait sont de véritables tableaux buccoliques qu'on appréciera comme on apprécie une oeuvre d'art. Angela Bo, Giacomo Rossi-Stuart et Luciano Rossi complètent la distribution de ce film de toute beauté auquel D'Amato croyait beaucoup. On notera que La morte ha sorriso all'assassino est le seul film que le réalisateur signa de son vrai nom.