Fiorina la vacca
Autres titres: Fiorina la vache
Real: Vittorio De Sisti
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 96mn
Acteurs: Gastone Moschin, Janet Agren, Felice Andreasi, Ewa Aulin, Rodolfo Baldini, Mario Carotenuto, Angela Covello, Attilio Duse, Graziella Galvani, Gianni Macchia, Renzo Montagnani, Ornella Muti, Jenny Tamburi, Sergio Tramonti, Piero Vida, Marcello Bonini Olas, Renzo Marignano, Giorgio Dolfin, Luigi Antonio Guerra, Puccio Ceccarelli, Paolo Marras, Salvatore Aricò...
Résumé: Ruzante, un brave paysan, décide de partir à la guerre afin de s'enrichir. Il laisse donc sa femme Fiorina et sa vache du même nom. Après avoir perdu la vache qui va aller de propriétaire en propriétaire, Fiorina est achetée par Maitre Beolco, un puissant seigneur local, qui la prend pour amante. La vache est de son coté témoin des infidélités d'épouses coquines qui en l'absence de leur mari s'offrent à leur amant. Lorsque le pauvre Ruzante revient de la guerre il découvre qu'il a non seulement perdu sa vache adorée mais également sa femme qu'il va tenter de racheter à Beolco...
Parmi les décamérotiques, sous genre éphémère du cinéma érotique italien, qui furent réalisées suite au succès du Décaméron de Pier Paolo Pasolini, Fiorina la vacca fait un peu figure à part pour la simple et bonne raison que son scénario n'est ni inspiré des écrits de Boccace ni de ceux de Geoffrey Chaucer (Les contes de Canterbury) ni même de ceux de Pietro L'Aretino mais d'un auteur de pièces de théâtre du quatorzième siècle, Angelo Beolco. Fiorina lui emprunte d'ailleurs un de ses personnages, Ruzante, qui ouvre et ferme le film, autour duquel va s'écrire cette histoire dont une vache maigrelette, la Fiorina du titre, sera le fil conducteur.
Si la plupart des décamérotiques se découpent de façon générale en plusieurs segments le scénario du film de Vittorio De Sisti, metteur en scène qui après quelques essais pour le grand écran (Lezioni private, Quando l'amore è sensualita) travailla essentiellement pour la télévision, se compose certes de diverses historiettes mais toutes s'imbriquent cette fois les unes dans les autres pour n'en former au final qu'une seule dont le fil conducteur sera la brave vache, témoin des nombreuses infidélités d'épouses rusées qui ont plus d'un tour dans leur sac pour se laisser séduire par de vaillants jouvenceaux sur lesquels elles rêvent de s'empaler en l'absence de leur mari.
Le brave Ruzante, paysan de son état, décide de quitter sa ferme pour partir à la guerre afin de s'enrichir. Il laisse seule sa jeune et belle épouse, Fiorina, et sa vache adorée baptisée du même nom. Fiorina va malheureusement très vite perdre la vache qui dés lors va aller de propriétaire en propriétaire, témoin muet de bien des coucheries notamment celle de la ravissante Giacomina qui trompe son époux parti au labeur, de l'innocente Teresa qui pensant avoir perdu son honneur se donne à un jeune coquin qui profitera d'elle après lui avoir promis de le lui rendre, de Terza qui couche avec un valeureux coquin, un adultère qui se finira en ménage à trois puis en ménage à quatre. C'est alors que Fiorina est vendue à un riche seigneur local, Maitre Beolco, qui en fait son amante favorite. Il ignore que son couturier supposé homosexuel dissimule en fait sa véritable sexualité en tirant profit de sa profession, un secret qui remplira de bonheur Fiorina. Lorsque Ruzante revient au pays,il découvre que Fiorina appartient désormais à Beolco. Il fera tout son possible pour la reconquérir mais Beolco refuse de la lui rendre. Trop pauvre pour racheter Fiorina Ruzante repart donc à la guerre pour s'enrichir afin de récupérer sa chère épouse et sa vache. Il n'y a évidemment rien de très original dans cette nouvelle décamérotique qui ne fait que reprendre la trame inhérente du genre, une suite d'historiettes d'amour et de trahison légères qui ont pour point commun la cocufication. Toute la force de Fiorina la vache réside en fait ailleurs. D'une part dans la parfaite représentation de son époque, son ton campagnard lombard, populaire, d'autre part dans ses personnages haut en couleur fortement inspirés de la Comedia dell'arte. Le ton est joyeux, jovial, enlevé, le film pittoresque noyé dans un humour rustique égrillard, paillard par instant, particulièrement agréable, jamais vulgaire. Les dialogues tant originaux que français sont si pertinemment épicés, si joliment fleuris, qu'ils en deviennent par moment un véritable régal. L'ambiance est au divertissement, à l'amusement, aucun temps mort, les péripéties s'enchainent gaiement, plus mémorables les unes que les autres. On retiendra plus spécialement celle où Teresa, interprétée par une toute jeune Ornella Muti, mutine, candide, pense avoir perdu son honneur dans les champs, sa mère lui ayant bien dit qu'il ne fallait pas qu'elle enlève ses mains de son intimité si elle ne voulait pas le voir s'échapper! Un jeune freluquet sous prétexte de l'aider à le remettre à sa place lui vole sa virginité lui assurant que son outil le repoussera bien au fond de son puits évitant ainsi qu'il ne s'échappe à nouveau. Teresa bien à son insu découvre ainsi les plaisirs du sexe et demandera à plusieurs reprises à son bienfaiteur de le repousser de plus en plus loin afin d'être certain que ce satané honneur ne la quitte plus.
Fiorina la vache doit également beaucoup à sa fabuleuse distribution, une bien belle brochette d'acteurs qui visiblement s'amusent et s'en donnent à coeur joie, transmettant leur bonheur, leur vivacité, au spectateur transcendé par une telle bonne humeur. Ode à la beauté et la nudité féminine, Fiorina la vache nous fait l'immense plaisir de regrouper aux cotés de Ornella Muti la lumineuse Ewa Aulin, délicieuse dans le rôle de Giacomina, Janet Agren, la charnelle et si angélique Angela Covello, une des figures récurrentes du genre, qui se glisse dans la peau de Fiorina, Jenny Tamburi et, plus discrète et surtout mature, Graziella Galvani aujourd'hui comédienne de théâtre.La gent masculine est dignement représentée par des comédiens de talent peu avares eux aussi de leur corps, en tête Renzo Montagnani, nu comme un ver lors d'une inoubliable lutte contre Ewa Aulin, Gastone Moschin, sympathique, qui déploie ses talents d'homme de théâtre, Mario Carotenuto, Felice Andreasi qui traverse le film d'un bout à l'autre du métrage, Gianni Macchia, sex-symbol de ce début de décennie, Luigi Antonio Guerra et Rodolfo Baldini qui rivalisent de beauté juvénile, Attilio Duse et Piero Vida.
Fiorina la vache, emmené par une très jolie et entrainante partition musicale signée Ennio Morricone, appartient sans nul doute aux meilleurs films du genre. Voici une décamérotique vivante, enjouée, une comédie érotique populaire rustique vraiment drôle, fraiche, pétillante, paillarde, qui sous son apparence routinière parvient pourtant avec brio à sortir des sentiers battus. Fiorina la vache est à conseiller bien entendu à tous les amoureux du genre mais surtout à ceux qui voudraient découvrir ce style de cinéma sous ses meilleures auspices.
De quoi mettre d'accord et surtout de bonne humeur tout le monde.