Mandinga
Autres titres: Amor prohibido / Mandinga (Ultraje a una raza) / Mandiga amor prohibido
Real: Mario Pinzauti
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Drame / Erotique
Durée: 87mn
Acteurs: Antonio Gismondo, Paola D'Egidio, Serafino Profumo, Maria Rosaria Riuzzi, Cesare Divito, Jacqueline Luce, Monica Nickel, Calogero Caruana, Arnold Grostam...
Résumé: Richard Hunter règne en maître sur sa plantation de coton. Sa cousine, Rhonda, est une jeune femme aussi raciste que perverse. Un soir, Hunter viole une esclave. De ce viol naitra un enfant. La jeune esclave s'enfuit avec le bébé. Arrive Clarence, le fils de Hunter, avec qui Rhonda entretient une relation consanguine. Malheureusement pour Rhonda, Clarence aime Mary qu'il finit par épouser. Il découvre alors que Mary est sa soeur. Elle est en réalité la fille que mit au monde la jeune esclave. Le jour où elle met un bébé de couleur au monde, le terrible secret est dévoilé. Rhonda, hors d'elle, décide de s'emparer de l'enfant afin de briser cette union qu'elle considère comme bestiale. Cette découverte va mener à un massacre...
Réalisé en 1971 par Gualtiero Jacopetti Addio zio Tom / Les négriers décrivait avec férocité la traite des noirs et de l'esclavagisme au début du siècle. Sous couvert documentaire ce film comme la plupart des mondo, une des branches les plus controversées de l'exploitation italienne, est un des plus bel exemple de ce cinéma très particulier qui mettait en avant de manière souvent très complaisante l'aspect primitif et barbare du peuple noir afin de flatter les vils instincts d'un spectateur aussi voyeur que pervers. En mariant le genre avec un autre grand succès du box d'office d'alors, Emmanuelle, le peu prolifique Mario Pinzauti donna
ainsi naissance en 1976 à un épisode apocryphe de la longue série des Black Emanuelle, Emanuelle blanca e nera, tourné simultanément avec Mandinga dans les mêmes décors, la même équipe et quasiment la même distribution.
Si Emanuelle blanca e nera appuyait les aspects les plus bas d'une histoire bien trop simple, prétexte à aligner les séquences de sexe et de violence sur fond de racisme exacerbé, Mandinga suit exactement le même chemin à la petite différence que le scénario est cette fois un brin plus consistant. Remake de l'hollywoodien Mandingo de Richard Fleischer, Mandinga nous entraine une fois de plus
dans les plantations de coton de Louisiane au début du siècle dernier, plus exactement celle de Richard Hunter. Sa jeune cousine, l'infâme Rhonda, femme raciste et perverse, entretient une relation consanguine avec le fils de son oncle, Clarence, qui en réalité aime la belle Mary qu'il finit par épouser. Il découvre alors qu'elle est sa soeur, son père ayant jadis violé une esclave, une mandinga, qui s'est enfuit avec le nouveau-né.
Comme pour Emanuelle blanca e nera, Pinzauti met l'accent sur les scènes d'humiliation, de sévices et de viols mais en pimentant cette fois le tout d'inceste, d'infanticide et
d'illégitimité. La recette est appétissante, l'ensemble d'un mauvais goût évident aussi pervers que nauséabond. Si Emanuelle blanca e nera prévalait pour son personnage principal, Emanuelle elle même, femme plutôt bien dessinée qui cachait ses frustrations et ses attirances interdites derrière un racisme exacerbé, les personnages de Mandinga plus précisément celui de Rhonda, calque de l'Emanuelle du premier volet, sont quant à eux moins étudiés, ne dépassant jamais le stade de simples stéréotypes. Comme pour le premier volet le coté tant dramatique que psychologique s'en trouve donc forcément amoindri.
Pinzauti multiplie une fois encore les scènes de sexe et de brutalités de toutes sortes. Plus encore que dans le premier chapitre on ne compte plus les séquences où les esclaves sont fouettés et humiliés en prenant soin de bien rappeler au spectateur que l'homme noir n'est qu'un animal et doit être traité comme tel. Il enchaine les scènes de sexe comme s'il enfilait des perles. Deux d'entre elles donnèrent d'ailleurs au film sa sulfureuse réputation: celle où Rhonda fait sauvagement l'amour à un esclave ligoté à une poutre, le corps lacéré par les coups de fouet, et celle particulièrement osée et odieuse où, cynique et plus perverse que
jamais, elle fait l'amour à Clarence devant un couple d'esclaves enchaîné et crucifié.
Comme Emanuelle bianca e nera ce mélange pestilentiel d'érotisme osé et de mélo sur fond de racisme paroxysmique et de western spaghetti du pauvre tentait de soulever quelques questions autant éthiques qu'ethniques mais présenté ainsi il ne reste qu'un film de pure exploitation qui s'il révoltera les puritains réjouira les amateurs de ce genre de pellicules jouissivement nauséeuses qui usent et abusent du triptyque sexe, violence et racisme. A l'instar du premier numéro Mandinga, plus efficacement réalisé, se rapproche
des WIP, nunsploitation et des eros-svatisca dont il reprend les grandes lignes de base. Les champs de coton remplacent simplement les prisons, les couvents et les camps de la mort, les noirs font office de déportés, torturés, violés non pas par des officiers et kapos mais par les maîtres et les gardiens des plantations tandis qu'une histoire d'amour nait entre deux protagonistes que tout oppose dans un climat érotique souvent malsain. C'est vers une tuerie générale que les protagonistes vont lentement mais surement aller. Le mal sera détruit et la morale sauvée. Hallejuah!
Tourné à Fogliano, Mandinga rassemble la même brochette d'acteurs que Emanuelle blanca e nera à la différence prés que Malisa Longo est ici remplacée par la brune Paola D'Egidio un peu plus expressive que sa consoeur mais moins attrayante également. On se souvient de Paola dans SS camp 5 enfer de femmes et surtout Les déportées de la section spéciale SS dans le rôle de Trudy, la kapo lesbienne et sadique. A ses cotés, on retrouve le séduisant bellâtre Antonio Gismondo qui ici nous offre un rapide plan de nu frontal lors d'une torride scène de douche tropicale, les rouflaquettes de Serafino Profumo,
figure récurrente du nazisploitation, et l'éclectique Maria Rosaria Riuzzi dont on citera entre autre les prestations dans Salon Kitty, Roma a mano armato, Emanuelle e Francoise et Rome violente.
Après deux obscurs westerns et un polar à demi raté, Due magnum 38 per un citta di carogne, ce fut pour Pinzauti ses deux dernières incursions dans l'univers du septième art. Ecoeuré par la façon dont les producteurs italiens menaient alors l'industrie du cinéma, ne voyant guère de différence entre vendre de la viande et faire un film, il prit sa retraite et quitta cet univers pour devenir un professionnel de la balistique. Il faut dire que Pinzauti dut payer
de sa poche les acteurs de couleur d'Emanuelle blanca e nera puisque le producteur Mario Alabiso refusa de le faire à l'exception de sa fiancée d'alors, Rita Manna (SS camp 5 enfer de femmes). Ou quand le cinéma rejoint la réalité!
Autre temps autre moeurs, visionné à la suite d'Emanuelle blanca e nera avec lequel il forme un beau diptyque exotico-érotique malsain, Mandinga est un spectacle plaisamment nauséabond, un film aujourd'hui inconcevable qui témoigne des excès en tout genre d'une Italie alors sans limite et fera encore aujourd'hui pleinement le bonheur d'un public voyeur et pervers. Un must absolu dont on espère un jour une édition numérique qui saura flatter nos plus bas instincts!