Nazies un jour mauvaises pour toujours: Paola D'Egidio, Ofelia Meyer, Almina de Sanzio, Patrizia Melega
Le temps d'un chapitre notre rubrique Visages d'un jour visage de toujours s'est transformée en "Nazies un jour mauvaises pour toujours" afin de vous présenter quatre comédiennes qui surent incarner durant l'espace de leur brève carrière la méchanceté, le sadisme, la perversion à l'état brut. Elles sont ainsi entrées dans la légende et resteront dans l'esprit du public, leur public, ses inoubliables vilaines qu'on adore détester tant elles nous. Voici quatre mégères, quatre véritables hyènes sur lesquelles il est parfois difficile de mettre un nom ou un visage, quatre actrices qui font partie de ces étoiles filantes du cinéma de genre transalpin qui malheureusement disparurent presque aussi vite qu'elles étaient apparues dans le ciel de l'exploitation pure. Le Maniaco va ce soir leur rendre hommage et tenter de mieux vous faire découvrir Paola D'Egidio, Almina De Sanzio, Ofelia Meyer et Patrizia Melega.
De nos quatre météorites, elle fut celle qui connut la plus longue carrière puisque la brune Paola D'Egidio fut en effet à l'affiche de pas moins onze films entre 1975 et 1978. C'est dans un genre fort à la mode en ce milieu d'années 70, la sexy comédie, que Paola fait ses débuts de comédienne. On la repère en effet en 1975 dans La commessa de Riccardo Garrone aux cotés entre autres de Sarah Crespi. La même année, toujours très à l'aise dans les scènes de nu, elle est à l'affiche de Lo stallone / L'étalon de Tiziano Longo et Amore, letti e tradimenti de Alfonso Brescia, trois comédies dans lesquelles elle joue inlassablement
soit une prostituée soit une fille aux moeurs légères, rôle dans lequel elle va se spécialiser. Elle est de nouveau une putain dans Il letto in piazza puis elle débauche Carlo De Mejo avec la bénédiction de son épouse Antinesca Nemour dans le ludique La sposina / Une petite femme si brûlante avant d'apparaitre au générique de Un Toro da monta de Roberto Mauri aux cotés de Femi Benussi. C'est alors que la carrière de Paola va changer de cap. Si jusqu'à présent elle s'était contentée de rôles de troisième voire de quatrième plan, de petites apparitions le temps d'un courte prestation, elle obtient en 1976 son premier vrai rôle et fait ainsi son entrée dans l'univers si prisé des inoubliables mégères, des véritables méchantes
de cinéma en incarnant la terrible Rhonda dans Mandinga de Mario Pinzauti. Raciste, vindicative, lubrique, perverse, elle est la jeune propriétaire d'une plantation sur laquelle elle fait régner la peur parmi ses esclaves noirs qu'elle aime torturer et humilier. Avec son regard de peste exécrable, si Paola, plutôt gauche, est loin d'être une grande actrice, elle possède néanmoins cette froideur indispensable à ce type de rôle et c'est toujours avec autant de facilité qu'elle s'y exhibe nue. Elle gagne ensuite du galon et embrasse un nouveau genre, le nazisploitation, en incarnant la même année la terrible kapo Trudy dans Les déportées de la section spéciale SS de Rino Di Silvestro, le rôle pour lequel beaucoup se souviennent d'elle
aujourd'hui. Lesbienne, perverse, insatiable, cruelle, très à l'aise dans son costume de hyène nazie qui manie la matraque avec agilité, Paola y forme avec Erna Schurer et Solvi Stubbing un impressionnant trio. C'est dans la peau d'une déportées cette fois qu'on la retrouve dans SS camp 5 enfer de femmes tourné simultanément avec Les déportées de la section spéciale SS. Elle y connaitra une fin atroce, brûlée vivante avec ses compagnes dans le conduit de cheminée d'un four crématoire.
Ce sera pour Paola son dernier véritable rôle puisque par la suite elle se contentera de simples apparitions dans Amore all'arrabbiata puis Black Emanuelle autour du monde et enfin Il letto in piazza, une sexy comédie avec Sherry Buchanan, trois films où elle endosse de nouveau la peau d'une prostituée ou d'une jeune épouse volage. Ce sera là son ultime film. Paola D'Egidio fera ses adieux au cinéma et disparaitra sans laisser de trace si ce n'est dans l'esprit du bissophile où son visage reste gravé à tout jamais.
C'est essentiellement dans le nazisploitation que notre deuxième sexy comète connut une brève carrière en interprétant à l'instar de Paola D'Egidio à la fois une déportée et une officier SS. Almina De Sanzio fait en effet ses débuts à l'écran en 1976 en incarnant une des malheureuses prisonnières de Horreurs nazies de Sergio Garrone. Elle y sera l'amante lesbienne de la terrible médecin nazi interprétée par Patrizia Melega. L'année suivante Almina est au générique des Nuits rouges de la gestapo de Fabio D'Agostini dans lequel
est cette fois Martha, l'auxiliaire SS masochiste qu'étranglera Corrado Gaipa. Par la suite, Almina fera une brève apparition dans L'italia in pigiama de Guido Guerasio à la limite de la figuration avant de disparaitre durant quasiment dix longues années puisqu'elle ne refera surface qu'en 1987 le temps d'un passage éclair dans Sotto il ristorante cinese de Bruno Bozetto et le joli drame Un acte d'amour de Pasquale Squitieri en 1990. Ce sera cette fois son ultime apparition au grand écran puisque Almina De Sanzio disparaitra à son tour sans laisser de trace.
Une seule et unique séquence a suffi pour faire d'elle non seulement un martyr pelliculaire mais également un personnage d'anthologie du cinéma de genre transalpin, celui de la jeune femme dont Lucio Fulci brûle le visage à la lampe à souder dans La guerre des gangs / Luca le contrebandier en 1980. De son véritable nom Anna Maria Meyer, la blonde Ofelia Meyer fit ses débuts à l'écran en 1976 dans Les déportées de la section spéciale SS de Rino Di Slivestro dans lequel elle interprète Inge, une des effroyables kapos du camp auprès de Paola D'Egidio qui entretiendra une relation saphique avec Sara Sperati. Ofelia ne connaitra pas par la suite une très grande carrière. La jeune comédienne se contentera de simples apparitions, à la limite là encore de la figuration, dans Les vierges damnées de
Pier Carpi et Hotel Locarno de Bernard Weber. C'est là que Fulci lui offre le rôle de Ingrid dans son polar Luca il contrabbandiere / Luca le contrebandier, le film qui lui offrira le temps d'une aussi insoutenable qu'inoubliable séquence son heure de gloire. Cette même année, Ofelia fait le bonheur des lecteurs de l'édition allemande de Penthouse en y posant nue. Ofelia fera une ultime apparition au grand écran en 1982 dans Liebeskonzil de l'allemand Werner Schroeter avant de disparaitre à son tour sans laisser de trace si ce ne sont celles des horribles brûlures qu'elle subit au visage pour le plus grand plaisir des amateurs d'effets gore choc.
Notre ultime étoile filante n'a jamais aussi bien méritée cette appellation. Elle fait en effet partie de ces comédiennes éphémères qui disparaissent aussi vite qu'elles étaient arrivées sans que l'on sache quelles étaient leurs origines mais en laissant derrière elle une odeur de souffre dont se délectera tout amateur de vénérables garces, de harpies impitoyables au regard de glace. La blonde Patrizia Melega dont on ne connait strictement rien, parfaite inconnue au bataillon des hyènes celluloïd, dont Sergio Garrone lui même avouait lui même
n'avoir guère de souvenirs, ne fut uniquement à l'affiche que de deux films, Horreurs nazies dans lequel elle incarne la terrible Dr Renke, une officier SS qui pratique d'horribles expériences sur ses pauvres patientes, et SS camp 5 enfer de femmes dans lequel cette fois elle est une redoutable kapo. Si elle s'évapora par la suite, Patrizia Melega restera cependant à travers ces deux nazisploitations fort réputés une des icônes du genre, une de ces incarnations du mal à l'état pur, l'image de la hyène SS telle qu'on les adore et vénère.