La bestia in calore
Autres titres: Holocauste nazi / Holocauste nazi: armes secrètes du 3ème reich / The beast in heat / SS hell camp / SS experiment Part 2
Real: Luigi Batzella
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Nazisploitation
Durée: 86 mn
Acteurs: Macha Magall, Brad Harris, Xiro Papas, Salvatore Baccaro, Kim Gatti, Alfredo Rizzo, Mauro Mannatrizio, John Brown, Brigitte Skay, Franco Castellano...
Résumé: La commandante en chef, le docteur Ellen Kratsch, se livre à d'affreuses expérimentations. Sa dernière création est un monstre simiesque qu'elle veut utiliser pour servir la cause allemande. Après avoir satisfait ses instincts pervers et assouvi ses fantasmes dépravés avec les prisonniers et prisonnières, elle les livre au monstre qui les massacre. Perndant ce temps, dans un petit village de montagne, les partisans tentent de combattre l'armée allemande...
Dans cette sous branche bien particulière du cinéma de genre érotique, souvent difficile d'accès, qu'est le nazisploitation Holocauste nazi s'avère être plutôt une agréable surprise aussi féroce soit elle malgré le coté grotesque qui la caractérise et la propulse vitesse grand V au sommet des meilleurs eros-svatiska, un monument incontournable de l'euro-trash, un must de ce riche filon communément appelé Sex'n'violence centré sur les atrocités commises dans les camps de la mort.
Tourné en 1977 par Paolo Solvay alias Luigi Batzella sous le pseudonyme de Ivan Katzanski, La bestia in calore est en fait un assemblage de deux films en un seul ce qui peut par moment étonner le spectateur quant à la ligne directrice du film lui même.
Batzella s'est en effet contenté de reprendre un de ses vieux films de guerre, lui même composé de nombreux stock-shots pris ça et là dans diverses oeuvres, Quando la campana suona / La dernière grenade (lui même formé de séquences provenant d'un autre film de Batzella, Tre franchi di pieta), réalisé en 1970, auquel il a rajouté de nouvelles scènes à savoir toute la partie avec le monstre et les expérimentations sadiques de cette kapo lubrique, le Dr Kratsch afin d'en faire une sorte de porno soft au goût tout spécialement nauséabond. Ceci donne à l'ensemble un coté chaotique parfois incompréhensible notamment dans la cohérence du scénario. La partie guerre à proprement parlé ainsi que celle qui concerne toutes les horreurs perpétuées par la kapo n'ont que peu de rapport entre elles. L'assemblage étant de surcroit plutôt aléatoire, Holocauste nazi risque donc de déstabiliser le néophyte.
Pourtant cet incroyable patchwork pelliculaire à l'atmosphère de dégradation absolue reste un agréable divertissement hallucinant aussi malsain que sadique qui bénéficie des décors naturels sauvages et séculaires de Montecelio empruntés à La dernière grenade qui donnent au film un semblant de véracité souvent absent de ce type d'oeuvres principalement tournées dans de vieux abattoirs et autres écuries abandonnées.
La majeure partie du film est consacrée à la chasse aux partisans cachés dans les montagnes, aux rafles effectuées dans le village où les troupes ennemies capturent les femmes pour les faire parler, tuant personnes âgées et nouveaux-nés sans aucun scrupule. A cette occasion Batzella nous offre entre autres deux séquences, celle où une jeune vierge est tuée d'une balle dans le vagin et celle d'un bébé jeté en l'air tel un ballon mitraillé alors qu'il retombe à terre sous les cris horrifiés et les pleurs de sa grand-mère.
Le plus intéressant dans cet Holocauste nazi n'est pas la partie guerre en elle même mais bien évidemment les atrocités commises par le Dr Kratsch et ses troupes SS dans sa salle de tortures installée au coeur d'un château. Afin d'illustrer les monstruosités commises par les nazis Batzella multiplie les plans horrifiques et s'amuse visiblement comme un petit fou à inventer les pires atrocités afin de satisfaire un spectateur voyeur friand d'effets gore. Au menu de cet holocauste le cinéaste nous propose notamment des rats (en fait, quelques cochons d'Inde) qui dévorent vivante une captive, une autre se fait arracher les ongles à la tenaille tandis que des électrodes sont enfoncées dans le vagin de sa compagne d'infortune. Des partisans sont castrés au couteau alors que d'autres sont tués d'une balle dans la tête. Ajoutons à ces réjouissances les viols et humiliations indispensables au genre et nous avons là un tour d'horzion assez complet de ce qui attend l'amateur. Impossible de passer sous silence cette scène magistrale aujourd'hui culte qui constitue le clou du spectacle, celle où le monstre arrache telle une bande scratch le sexe d'une femme avant de le dévorer à pleines dents devant des gardiennes particulièrement excitées, preuve une fois de plus que Holocauste nazi appartient à une époque où l'Italie aimait reculer de plus en plus loin les limites du mauvais goût et de l'infamie afin de contenter les instincts les plus vils de son public.
Il faut pourtant reconnaitre que la plupart des scènes d'horreur tombent dans l'excès et le grandiloquent ce qui malheureusement leur enlèvent une bonne part de crédibilité et les rendent le plus souvent inoffensives voire par moment hilarantes aggravé par le jeu des comédiens qui surjouent, renforçant ainsi l'aspect (in)volontairement comique de l'ensemble. La présence de la créature simiesque, la fameuse bête du titre (à moins que cette bête lubrique ne soit en fait le Dr Kratsch, femme cruelle totalement folle, lesbienne en chaleur qui s'abreuve de la souffarnce de ses cobayes humains), le monstre libidineux à qui la commandante chef jette ses putains en pâture, achève de donner un coté irrésistiblement drôle au film tant il est fort amusant de voir le simiesque et difforme Salvatore Baccaro, hystérique, déchainé, en transe, sautant entiérement nu telle une puce dans sa cage, le sexe à l'air, à grands renforts de grimaces atroces et d'atroces borborygmes. Baccaro, parfaite incarnation du "freak", trouve là son seul et unique véritable rôle au cinéma, une bien dégradante prestation pour celui que son physique ingrat a toujours cantonné dans des personnages monstrueux de troisième voire de quatrième plan lorsqu'il ne s'agissait pas de simples caméo.
Aux cotés de Salvatore Baccaro ici crédité sous le nom de Sal Boris, on reconnaitra Brad Harris dans le rôle du prêtre, l'helvète Brigitte Skay dont toutes les scènes sont empruntées à La dernière grenade et surtout l'atout majeur du film, la splendide Macha Magall qui tient le rôle de cette femme barbare qui derrière un visage angélique cache une cruauté sans borne. Habituée au genre puisque déjà à l'affiche du SS girls/Maison privée pour SS de Bruno Mattei, Macha qui si elle n'a pas héritée du talent et du professionnalisme de Franca Stoppi en possède le visage délicieusement cruel et l'art du sadisme. Outre l'inégalable Ilsa, elle restera définitivement une des kapo les plus inoubliables et marquantes du genre auprès notamment de Maristello Greco.
Holocauste nazi, incroyable nazisploitation (nazi puzzle devrions nous dire ici) qui doit quasiment tout au personnage de cette bête simiesque et de son interprète déjanté filmé la plupart du temps de manière effrénée à grands renforts de zooms, est un parfait exemple de ce que l'Italie pouvait alors offrir en matière d'euro-trash, une bande érotique sulfureuse, pestilentielle, une bande dessinée de bien mauvais goût pour adultes qui se voudrait comme la plupart des eros svatiska à la fois sérieuse et authentique dans la dénonciation du génocide et les atrocités d'une douloureuse partie de notre Histoire. Son coté bricolé, rafistolé, son manque évident de budget qui lui donne un aspect fauché, le peu de sérieux dont font preuve les comédiens, la pauvreté de la mise en scène et l'exagération des scènes gore font très vite basculer le film vers la comédie grand guignolesque et désamorcent cette authenticité recherchée. Holocauste nazi déclenchera donc plus de gros fous rires qu'une profonde réflexion mais est-on là pour réflechir? Cette seconde tentative de nazisploitation de Batzella reste un titre indispensable pour tout amateur d'eros svastika dont il est un élément unique tant il est incroyable, un moment inoubliable pour tout amoureux de cinéma trash transalpin qui s'élève au rang astronomique de n'imporque quoi de l'infâme, un similacre érotico-porno poussé à son paroxysme comico-horrifique. De quoi placer Holocauste nazi au panthéon du ridicule grand-guignolesque, de l'hallucination pelliculaire.
Luigi Batzella avait déjà oeuvré dans le genre en 1976 avec son bien médiocre Kaput lager: gli ultimi giorni delle SS/ Bourreaux SS 2 : Erica tigresse SS / Les tigres du désert.