Franco Diogene: Les rondeurs de l'amour
Sa bonhomie et ses rondeurs généreuses en firent une des figures les plus populaires du cinéma de genre italien qu'il illumina de toute sa jovialité dans plus de quatre-vingt dix films dont nombre de sexy comédies. S'il savait faire rire et aimait courir jupon, n'ayant jamais eu peur de dévoiler au grand jour ses formes, il fut aussi à l'affiche de divers autres films allant du sexy-giallo au polar en passant par le thriller. C'est pourtant dans la plus totale indifférence et surtout ignorance qu'il nous a quitté prématurément en mai 2005 prouvant à quel point l'univers du cinéma peut être cruel. A travers cette nouvelle biographie, Le Maniaco rend donc hommage à sa façon à ce truculent acteur qu'était Franco Diogene.
Né à Catania en Sicile le 20 octobre 1947, Franco Diogene parfois crédité sous le nom de Francesco Diogene va se lancer assez tôt dans le cinéma puisqu'il décroche son premier rôle à 21 ans en faisant une courte apparition en 1966 dans une comédie de Giorgio Simonelli Due mafiosi contro Al capone dont les deux vedettes ne sont que les incontournables Franco Franchi et Ciccio Ingrassi. Il part alors pour Genes qui devient sa terre d'attache. Il ne retrouvera les feux de la rampe que six ans plus tard et ne cessera plus de tourner jusqu'à son dernier souffle, côtoyant les plus grands noms du cinéma italien.
Il apparait dans Teresa la ladra de Carlo Di Palma ou Colonello Buttiglione diventa generale de Mino Guerrini.
C'est en 1974 que débute véritablement sa carrière avec Fatevi vivi: la polizia non interverra de Giovanni Fago mais surtout La liceale / A nous les lycéennes de Michele Massimo Tarantini aux cotés de Gloria Guida.
Franco va devenir alors une des figures récurrentes de la sexy comédie italienne, personnage toujours jovial et haut en couleur, insatiable coureur de jupons à l'image de l'homme qu'il était dans la vie. En bon sicilien, Franco aimait la vie, la bonne cuisine et les femmes. Il avait cette verve si caractéristique du sud de l'Italie, cette gouaille si plaisante et attachante qui faisait de Franco un véritable personnage qu'il ne faisait que transposer à l'écran. Mais par delà sa truculence et cette éternelle adolescence qu'il semblait detenir, Franco était un homme d'esprit, un être spirituel et philosophe. Malheureusement, le cinéma ne retiendra de lui que son coté jovial le condamnant bien souvent à des rôles de fripons. Le handicap de sa forte corpulence et de ses rondeurs le cantonna trop souvent dans la peau du "bon vivant rondouillard de service".
Il apparait donc dans La Collegiale / Collégienne en vadrouille de Gianni Martucci avec Sofia Dionisio et Femi Benussi où il ose même apparaitre nu. Malgré ses rondeurs affichées, Franco n'a jamais eu honte de montrer son corps et il le prouvait une fois de plus. Il accumule alors les comédies. On le voit dans Cuginetta... amore mio de Bruno Mattei, Le sexycon de Sergio Martino, L'insegnante al mare con tutta la classe / La prof à la plage sous la griffe une fois encore de Martucci. Il y partage l'affiche avec Anna Maria Rizzoli. Suivent la mauvaise gaudriole Il viziaccio du peu inspiré Mario Landi, Il giustiziere di mezzogiorno de Mario Amendola toujours avec Francho Franchi ou encore Delitto a porta romano de Bruno Corbucci avec Tomas Milian.
Franco va également apparaitre dans un petit nombre de polars ou de sexy-gialli. Il est ainsi à l'affiche de Nude per l'assassino de Andrea Bianchi dans lequel, impuissant, uniquement vêtu d'un slip, il versera toutes les larmes de son corps en serrant contre lui une poupée gonflable après avoir tenté d'abuser de Erna Schurer, le très mauvais Démence / Trhauma et La fleur qui tue / Milano.. difendersi o morire tout deux de Gianni Martucci, Les contrebandiers de Santa Lucia de Alfonso Brescia, L'autre coté de la violence de Marino Girolami ou Poliziotta della squadra del buon costume de Michele MassimoTarantini avec Edwige Fenech et Alvaro Vitali.
En 1977, on peut l'apercevoir dans Tentacules de Ovidio Assonitis emporté par un poulpe géant au fond des mers. Il est ensuite à l'affiche de la très belle satire politique de Luigi Commencini Signore signori.. Buonanotte. Il clôt la décennie avec Gardenia il giustiziere della mala où il joue le sympathique et attachant associé et ami d'enfance de Franco Califano.
Dans les années 80 et 90, s'il continue à figurer au générique de quelques comédies, il va diversifier ses rôles et apparaitre dans des différentes productions internationales ne serait-ce qu'en simple invité. C'est ainsi qu'on le voit dans Midnight express d'Alan Parker dans le rôle de Yesil, l'avocat de Brad Davis, Le grand Bleu de Besson, il est l'envoyé du pape dans Le nom de la rose. Il apparait dans Le fou de Guerre de Dino Risi avec Coluche sans oublier sa brève apparition dans Le syndrome de Stendhal de Dario Argento.
En 1980, il crée aussi avec un ami une des premières radios libres de Gènes.
Malgré ces infidélités pelliculaires, Franco continue d'aligner les comédies. Il est dans la version de Terence Hill de Don Camillo en 1983. Il est aussi au générique de plusieurs comédies de Tarantini dont Le fichissime et Amiche mie toutes deux avec Nadia Cassini. Il retrouve Bruno Corbucci pour La casa stregata / La lycéenne épouse un dingue aux cotés de l'incontournable reine du genre Gloria Guida. Il tourne Grand hotel excelsior pour Angelo Pannaccio avec son ami Adriano Celentano et Stesso mara stessa spiaggia. Il est également au générique d'une dizaine d'autres comédies dont Au bonheur des chiens de Duccio Tessari.
Comme beaucoup d'autres comédiens Franco tournera également pour la télévision avant de retourner dés les années 2000 dans sa chère Sicile où il apparait dans un court-métrage pour Robin J. Brown L'addoralata. Franco aura la chance de tourner à Catania, sa ville natale son ultime film Il bell'Antonio en 2005.
C'est alors que Franco nous joue son plus vilain rôle et son plus triste surtout. Il nous quitte le 28 mai 2005 à 58 ans dans l'indifférence la plus totale. Pas un mot sur son décès ni dans les journaux italiens ni même aux informations télévisées ou sur le web. Franco est parti comme oublié de tous devant l'indignation de sa fille chérie Giusy, ses proches et amis. Franco était un homme toujours prêt à aider ses amis, toujours prêt à s'engager pour des causes artistiques, un homme simple loin du star system qui aimait le contact du public. C'est ainsi qu'il fut remercié par le métier mais ses amis et son cher public eux ne l'ont pas oublié. Franco est et sera toujours parmi nous à travers les facéties qui firent sa gloire et notre bonheur à tous.