Nude per l'assassino
Autres titres: Nue pour l'assassin / Strip nude for your killer
Real: Andrea Bianchi
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 94mn
Acteurs: Nino Castelnuovo, Edwige Fenech, Femi Benussi, Solvi Stubing, Franco Diogene, Amanda, Lucio Como, Erna Schürer, Gianni Airò, Silvana Depreto, Achille Grioni, Giuseppa Meschella, Filippo La Neve, Claudio Pellegrini, Wainer Verri, Rodolfo Zola...
Résumé: Une jeune top model meurt alors qu'elle se fait clandestinement avorter. Son médecin déguise sa mort en suicide. Très vite un mystérieux assassin dissimulé sous un casque et une combinaison noire de motard apparait et décime les mannequins de l'agence où elle travaillait. Massimo, le photographe, et sa compagne Magda, vont tenter d'élucider l'énigme et découvrir le lien qui existe entre cet avortement et les meurtres sadiques...
N'est pas Massimo Dallamano qui veut d'une part et d'autre part tenter de refaire Mais qu'avez vous fait à Solange n'est pas à la portée de tout le monde puisque le point de départ de ce sexy giallo est un avortement clandestin. A partir de là, Andrea Bianchi nous livre un des thrillers érotiques les plus farfelus et surtout stupides que le genre ait connu tant et si bien que par instant on reste bouche bée.
Bianchi a bien retenu la recette et nous livre donc un cocktail qui se voudrait explosif de polar, d'horreur et d'érotisme, surtout d'érotisme puisque apparemment c'est ce qui l'intéresse le plus au détriment de toute cohérence ou crédibilité. Il est clair dés les premières minutes que les motivations du tueur sont liées à l'avortement qui ouvre le film exempt de tout réel suspens. La seule véritable énigme est donc de découvrir qui se cache sous cette combinaison de cuir noir et le casque de moto, une tenue qui rappelle La lame infernale toujours de Dallamano. Exit toute originalité donc et le seul véritable intérêt de Nue pour l'assassin reste ses innombrables scènes de nu souvent très osées et surtout gratuites qui
offrent ainsi au spectateur un brin pervers, c'est à dire vous tous, une dose alléchante de voyeurisme. Le fait que Nude per l'assassino se déroule principalement dans une agence de modèles aide énormément à multiplier les plans de nudité et les accouplements entre photographes et jeunes mannequins qui dés que l'occasion se présente se déshabillent ou s'ébattent. Ne reculant devant rien, Bianchi ose même l'impensable en appliquant le fameux dicton qui voudrait que le ridicule ne tue pas. Ainsi sans aucune raison valable, il fait se promener nue Femi Benussi dans l'appartement après qu'elle se soit faite vertement réprimander par sa dominatrice, la directrice de l'agence, sur ses capacités à la satisfaire. C'est sans véritable motif qu'elle se fera tuer presque aussitôt.
Si finalement le ridicule tue cela ajoute surtout un meurtre de plus au scénario et les amateurs d'effets sanglants sont donc heureux. La palme du ridicule revient sans doute au malheureux Franco Diogene, le pauvre mari impuissant de la directrice. Contre toute logique, il kidnappe une modèle et l'emmène chez lui pour qu'elle lui fasse l'amour. Outrée mais finalement consentante, elle accepte mais bien évidemment il sera incapable de la satisfaire. En larmes, en slip et chaussettes, il se rabat sur une poupée gonflable dégonflée qu'il serre contre lui. C'est lors de cet instant de honte que le tueur l'assassinera. Voir le girond et si sympathique Franco Diogene ainsi traité a quelque chose de pathétique. Ni drôle ni émouvante, cette séquence résume à elle seule le film: pitoyable.
Hormis les séquences d'une stupidité bêtifiante, Nue pour l'assassin accumule également tous les éléments propre au giallo que Bianchi mélange sans vergogne un peu comme on fait une énorme bouillabaisse. Autour de l'énigmatique et sadique tueur tout de noir vêtu dont on devine facilement le sexe au vu de sa silhouette, on trouvera pêle-mêle une ribambelle de bimbos toutes plus stupides les unes que les autres, un bon nombre de suspects et de fausses pistes grossières, le couple d'investigateurs et une série de meurtres pratiqués à l'arme blanche tous plus sanglants les uns que les autres notamment un pénis tranché et une poitrine joyeusement tailladée. C'est peut être avec l'érotisme le seul atout du film. Particulièrement graphiques et plutôt bien amenés, ils devraient en tout point réjouir les
amateurs de gore. Cela ne sauve malheureusement pas le film de la catastrophe. A force de trop vouloir miser sur le sexe et l'horreur, Bianchi en a oublié le plus important: concevoir d'une part un film autour d'une histoire logique et cohérente et d'autre part créer une certaine ambiance, mettre en place ne serait ce qu'un zeste de tension. Au lieu de cela, il préfère saupoudrer l'ensemble d'une volée d'humour souvent lourd et débile qui pourrait peut être faire mouche lors de quelques allusions mais qui dans ce contexte précis énerve ou désespère selon l'humeur du moment. Et ce n'est pas la révélation de l'identité du tueur qui relèvera le niveau. Bianchi ne nous réserve aucune surprise mais une morale assez audacieuse qui à elle seule mériterait qu'on l'applaudisse. Il faut en effet voir le héros obliger sa compagne à se faire sodomiser, le meilleur moyen de contraception selon lui. Et vu la tête de la jeune femme, elle semble être ravie.
L'affiche du film est des plus alléchantes puisqu'elle réunit deux des plus grandes sexy stars d'alors, Edwige Fenech, coiffée à la garçonne, et Femi Benussi qui passe plus de temps nue qu'habillée. Autour d'elles, on retrouvera avec plaisir les deux blondes Solvi Stubing et Erna Schurer. On s'étonnera du choix de Giuliana Cecchini plus connue sous le pseudonyme Amanda sous lequel elle tournera une poignée de petits pornos de bas étage. Vulgaire au possible, elle endosse ici la peau de la directrice lesbienne. Plus étonnante est la prestation de Nino Castelnuovo qui n'hésite pas à tomber le slip et jouer nu quelques scènes égrillardes encore moins à réciter des dialogues parfois obscènes dont un "Joui comme si tu avais une bite entre les cuisses!"
Malgré une mise en scène correcte, une scène d'ouverture particulièrement glauque qui laissait augurer du meilleur tout en montrant les détails de l'avortement que Dallamano cachait, et des meurtres réussis, Nude per l'assassino, proche du porno soft, est un joyeux ratage. Il reste un des pires sexy gialli jamais tournés. Pourtant aux yeux des amateurs d'exploitation, il trouvera peut être grâce car il est avant tout une forme de témoignage d'un certain cinéma transalpin d'alors, prêt à toutes les audaces et autres immoralités pour choquer et satisfaire un public voyeur et avide de sensations coupables. Le plaisir pris en visionnant Nude per l'assassino est peut être tout simplement l'expression même de cette perversité, cette perversion qui vous et nous habite.