Gardenia il giustiziere della mala
Autres titres: Le justicier au gardenia / Gardenia
Real: Domenico Paolella
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Polar / Noir
Durée: 96mn
Acteurs: Franco Califano, Martin Balsam, Robert Webber, Eleonora Vallone, Maria Baxa, Lorraine De Selle, Licinia Lentini, Franco Diogene, Lory Del Santo, Venantino Venantini, Roberto Della Casa, Claudia Rocchi, Melissa Chimenti...
Résumé: Gardenia est à la tête d'un réseau de crimes organisés et gère une maison de jeu clandestine. Il tient aussi un restaurant. Lorsque Don Salluzzo lui propose de rejoindre son organisation principalement axée sur la prostitution il refuse. Ce refus offense Salluzzo qui le fait passer à tabac, tue son cuisinier et brule son restaurant. Gardenia se transforme alors en justicier vengeur...
Spécialiste de la comédie musicale à l'italienne dans les années 40 et 50 puis du péplum et du film d'aventures dans les années 60 Domenico Paollela s'est tourné dans les années 70 vers l'exploitation avec du plus ou moins du succès, période de laquelle on retiendra essentiellement ses deux nunsploitation La religieuse du saint Archange et sa suite Storia di una monaca di clausura. Commence alors un lent déclin sonné par ses tentatives ratées de comédies populaires confirmé par ce polar noir insignifiant inédit en France, Gardenia il giustiziere della mala.
Le toujours élégant Gardenia est le propriétaire d'un restaurant à Rome. Il est également à la tête d'une maison de jeu clandestine et d'un petit réseau de crimes organisés. A la différence de bien des mafiosi Gardenia a toujours géré ses affaires avec tact et humanité. Il est un jour contacté par Don Salluzzo, un boss spécialisé dans la prostitution, qui aimerait faire affaire avec lui. Gardenia refuse catégoriquement, une décision qui le plait guère à Salluzzo qui décide de lui envoyer ses hommes afin de lui donner une bonne leçon. Ils tuent son cuisinier, une bombe cachée dans un plat de tagliatelles, puis Gardenia est passé à tabac. Aidé de quelques amis d'enfance Gardenia va faire lui même justice et tuer un à un les responsables
de la mort de son cuisinier et remonter jusqu'à Don Salluzzo. Chaque meurtre sera signé d'une fleur de gardenia déposée sur les lieux du crime.
Film hybride Gardenia il giustiziere della mala n'est pas un polar à proprement parlé. C'est en fait un mélange de genres qui mêle le polar mafieux, le polar traditionnel, la comédie et la parodie. Malheureusement la sauce ne prend pas, le film ne parvenant jamais à trouver un véritable équilibre. Difficile donc de classer Gardenia tant il mange à tous les râteliers comme il est difficile d'accrocher à cette intrigue faiblarde dont la seule originalité est son principal protagoniste, Gardenia, un petit mafieux romain élégant, humain mais efficace qui
se transforme en justicier vengeur une fleur de gardenia bien évidemment portée à la boutonnière mais également au fusil, flanqué de ses inséparables associés et amis d'enfance. Malgré cette originalité le personnage, une sorte de anti héros play-boy mélancolique et philosophe qui parle aux animaux (son chat), ne fonctionne pas ne sachant justement jamais sur quel terrain joué, un défaut accentué par le jeu totalement transparent de Franco Califano qui s'avère un choix plutôt curieux. Essentiellement connu en Italie comme chanteur compositeur parolier ce fut pour Califano un de ses rares rôles au cinéma et une erreur pour Paollela. Califano semble droit sorti d'un roman-photo comme l'écrivirent
les critiques italiennes d'alors comme il semble avoir orienté le scénariste vers une version gangster et romancée de sa propre vie. Les dialogues eux mêmes reflètent, traduisent cette incontournable entité italienne surnommée Il califfo. Gardenia il giustiziere della mala est un film écrit et calibré pour Califano, fait pour plaire à ses admirateurs qui de surcroit se réjouiront d'entendre sa véritable voix, Califano s'étant lui même doublé. Malheureusement l'insipidité de son interprétation, la fadeur de son jeu de comédien, l'absence de profondeur de son personnage font s'effondrer le film peu aidé par une réalisation particulièrement molle et impersonnelle, un dénominateur commun aux derniers films que tourna le metteur
en scène.
Domenico Paollela signe un noir statique sans réelle ambiance ni atmosphère, un film qui ronronne d'où suinte assez rapidement l'ennui. Emergent ça et là quelques bonnes scènes (voir une Lory del Santo toute jeune dans un de ses tout premiers rôles se faire gifler au sang est assez jouissif) et quelques effets comiques assez drôles (les faux bras de Gardenia) mais cela ne suffit pas à sortir le spectateur de sa douce léthargie. Le plus intéressant reste les comédiens qui entourent Califano notamment Martin Balsam en boss mafieux implacable et Robert Webber son associé, le toujours jovial Franco Diogene dont
les rondeurs rendent son personnage encore plus sympathique ici et Roberto Della Casa. Venantino Venantini ne fait qu'une fugace apparition, très vite tué lors de l'ouverture. Ils sont entourés d'une pléiade de sexy starlettes qui tristement ne se dévêtissent pas. Hormis Lory Del Santo on reconnaitra Claudia Rocchi, Maria Baxa, Eleonora Vallone, Licinia Lentini, Melissa Chimenti (future Papaya dei Caraibi) et surtout Lorraine De Selle, la seule à avoir une rapide scène de lit et de nu.
Gardenia il giustiziere della mala plaira avant tout aux inconditionnels de Franco Califano que certains rapprocheront d'Adriano Celentano, cela signifie avant tout à un public italien,
pas sur qu'en France le personnage soit correctement saisi, ravis de retrouver leur idole non pas sur scène mais devant une caméra. Mais quelque soit l'amour qu'on peut lui porter reconnaissons que ce petit noir à l'eau rose au ton très personnel est loin d'être une réussite, trop lent, trop mou même dans ses scènes d'action, trop ennuyeux. Le sauvent de l'insipidité son coté mélancolique, désenchanté et quelques notes d'humour plutôt plaisantes.
Après le plutôt réussi La polizia è sconfitta / Equipe spéciale, un polar violent rondement mené, Domenico Paollela entame une fin de carrière mitigée qu'il conclura la même année avec la consternante comédie Tre sotto il lenzuolo dont il signe le second segment.