La collegiale
Autres titres: Collégienne en vadrouille
Real: Gianni Martucci
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Sexy comédie
Durée: 90mn
Acteurs: Sofia Dionisio, Franco Diogene, Femi Benussi, Franco Merli, Martha Katherin, Nino Castelnuovo, Sergio Di Pinto...
Résumé: La jeune Marta sort du couvent. Après avoir été mise en garde contre la tentation charnelle par la Mère supérieure, elle part rejoindre sa famille qu'elle connait à peine. L'adolescente découvre la nouvelle épouse de son père, Daniela, une charmante jeune femme et très vite fait la connaissance des autres membres de la famille. Sa tante est une nymphomane quelque peu dérangée, son cousin un adolescent voyeur, sadique et maitre-chanteur tandis que son père aime courir jupons et semble avoir de bien étranges relations avec une bande de jeunes gitans. En outre Marta découvre que sa belle-mère a un amant et qu'elle est surtout intéressée par l'argent de la famille. Seul le jardinier semble être un homme équilibré. La prude adolescente est très attirée par cet homme fort et viril à qui elle aimerait donner sa virginité...
Auteur d'un giallo particulièrement soporifique, Thrauma / Démence, d'un illusoire film d'horreur tardif, Frati rossi, et de quelques sexy comédies dont La collegiale / Collégienne en vadrouille semble être la plus intéressante, le bien peu prolifique Gianni Martucci n'aura guère laissé de traces indélébiles dans l'histoire du cinéma de genre transalpin.
Malgré un titre français plutôt évocateur, point cependant de collégienne à l'horizon cette fois, encore moins en vadrouille, ni même de lycéenne et autre jeune étudiante mais une adolescente fraichement sortie du couvent qui retrouve une famille qu'elle connait tout juste. Il va de soi qu'avant son départ la mère supérieure aura mis en garde la jeune fille contre la tentation du péché de chair tant et si bien que la malheureuse va être victime d'affreuses visions où bien malgré elle subit les terribles assauts sexuels de nonnes lubriques. On est malheureusement loin des cauchemars d'une Gloria Guida encore mineure dans La minorenne dans lesquels elle était victime de religieuses en furie qui lui faisaient découvrir avec délice quelques menus plaisirs sadomasochistes. Cette fois ils prêtent plutôt à sourire. Martucci en effet n'est ni Mario Imperoli ni Silvio Amadio encore moins Salvatore Samperi. On est à des lieues de ces comédies aigres-douces à l'humour âpre que traversait avec autant de candeur que de perversité Gloria.
Rien ne distinguerait La collegiale d'une banale sexy comédie si ce n'était le caractère odieux des personnages tous plus méprisables les uns que les autres. Le père apparemment sans reproche récemment remarié à une jeune femme court pourtant jupons et complote avec une bande de petits larrons un brin bohêmes et surtout peu recommandables, Sa nouvelle épouse, une jeune et jolie jeune fille, a des vues sur son argent et le trompe allégrement avec son bel amant vénitien. La tante est folle et nymphomane tandis que son cousin est un adolescent voyeur, sadique et maitre-chanteur. C'est donc cette famille odieuse et délurée que découvre la pauvre et innocente adolescente vite troublée par le viril jardinier, seul personnage positif et honnête du film. Sans rien changer aux règles d'un genre établi, Martucci s'en donne donc à coeur joie tout en accentuant au possible le coté détestable des différents protagonistes par une volée de dialogues par moment assez crus. En marchant gentiment sur les traces de La minorenne, il tente de dresser comme très souvent alors dans ce type de cinéma un portrait assez corrosif de la bourgeoisie italienne. Si les protagonistes sont peints au vitriol, le message manque malheureusement en ce qui le concerne de cette acidité, cette noirceur qui faisait toute la force des oeuvres de Imperoli, Amadio et Samperi.
Le véritable atout du film reste essentiellement la présence au générique de Franco Diogene et Femi Benussi. Femi, superbe, est délicieuse dans la peau d'une sorte de Folle de Chaillot mutine, diablement sexy et vampirisante, qui finira à l'asile entourée de petits vieux devant lesquels elle urine joyeusement tout en gloussant. Franco, quant à lui, plus nature que jamais, ose jouer de ses rondeurs avec ironie et surtout un enthousiasme presque communicatif. On appréciera la beauté de Martha Katherin, de son véritable nom Martha Wukitsche dont ce fut le seul et unique film, et la torride scène d'amour qu'elle partage avec
son bel amant. Nino Castelnuovo, toujours aussi viril, après avoir débauché Gloria Guida fait perdre sa virginité à Sofia Dionisio, gros point faible en fait de cette comédie. Ronde et pulpeuse, la soeur cadette de Silvia Dionisio n'a plus rien d'une adolescente. Du haut de ses 22 ans on peine à croire à son personnage d'innocente adolescente affublée de couettes. C'est la larme à l'oeil qu'on regrette alors Gloria et ses jeunes consoeurs. On appréciera tout de même la visite de Venise qu'elle nous offre au bras de Nino Castelnuovo.
On notera la présence du jeune pasolinien Franco Merli qui aura à jamais marqué l'histoire du cinéma italien par sa prestation dans Salo et les 120 journées de sodome. Etrangement enlaidi par une décoloration bien malvenue, odieux et sadique, on retiendra surtout la scène où il fesse Martha katherin.
Bénéficiant d'une mise en scène rythmée et sans temps mort, La collegiale est une divertissante comédie produite par Bruno Mattei, un des films les plus intéressants et de loin de son metteur en scène. Si le message qu'il tente de faire passer est malheureusement trop effacé, le cynisme, la noirceur du récit et le jeu savoureux des comédiens feront oublier ses défauts.