Trhauma
Autres titres: Démence
Real: Gianni Martucci
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 78mn
Acteurs: Gaetano Russo, Domitilla Cavazza, Roberto Posse, Timothy Wood, Franco Diogene, Per Holger, Silvia Mauri, Gina Mancinelli...
Résumé: Andrea, un adepte du jeu, criblé de dettes, invite un groupe d'amis à passer quelques jours dans la maison de campagne familiale qu'il a reçu en héritage. Son épouse menace de le quitter fatiguée d'être contrainte de lui donner de l'argent afin qu'il puisse rembourser ce qu'il doit. Très vite le séjour tourne à l'angoisse. Après qu'une des invitées ait disparu, un mystérieux tueur décime le petit groupe isolé dans cette demeure perdue en pleine forêt...
Bien peu prolifique réalisateur à qui on doit en tout et pour tout cinq films dont une petite sexy comédie La collégienne en vadrouille et un sympathique petit film d'horreur satanique réalisé sur le tard Frati rossi, Gianni Martucci tenta en 1980 une incursion dans le giallo horrifique avec Trhauma, de bien piètre réputation malheureusement.
Outre son titre à l'orthographe surprenante qui restera inexpliquée, c'est avant tout sa médiocrité qui offrit au film un semblant de popularité. Si Martucci s'inspire des Dix petits nègres, un groupe de personnes recluses dans une maison isolée se font assassinées tour
à tour par un meurtrier qui se trouve être l'une d'entre elles, il est à des années lumière du roman de Agatha Christie. Après un prologue quelque peu intrigant, un enfant oblige un camarade borgne à grimper à un arbre dont il chutera lourdement, Trhauma s'intéresse essentiellement à un groupe d'individus venu passer du bon temps dans la maison de campagne d'un de leurs amis, Andrea. A partir de cet instant, le film semble s'arrêter puisque plus rien ne se passe réellement. Les protagonistes passent leur temps à bavarder, nager, bronzer tandis que l'assassin tue régulièrement une victime afin de casser le rythme soporifique qui caractérise le film. Pour corser un peu une intrigue dénuée de tout suspens,
Martucci fait d'Andrea un homme dépensier, adepte aux jeux d'argent, qui pour rembourser ses dettes fait chanter sa femme, Lilly, qui menace de le quitter. Il agrémente le tout d'une sombre histoire d'héritage et de machination pour mieux embrouiller le spectateur qui malgré tout aura compris dés les premières minutes les tenants et aboutissant d'un scénario téléphoné microscopique aussi clair que de l'eau de roche.
Le fait de dévoiler l'identité de l'assassin dés le premier meurtre gâche le peu d'intérêt que pouvait avoir ce pauvre thriller d'une durée étonnamment courte, preuve que les idées devaient gravement faire défaut aux scénaristes. Il n'est guère étonnant de découvrir que le
meurtrier n'est autre que l'enfant tombé de l'arbre que son camarade insulta et laissa inconscient sur le sol. C'est le traumatisme infantile basique, indispensable à tout giallo, qui servira à expliquer le comportement du meurtrier. C'est bel et bien là la seule explication que fournira Martucci puisque aucune autre information ne sera révélée pas même la relation étrange qui unissait les deux enfants, le coeur même de l'énigme. Il aurait pourtant été intéressant de plus approfondir le personnage du tueur qui visiblement vit reclus dans une cave dans laquelle il passe son temps à jouer au Lego comme il aurait été utile de mieux cerner ses déviances macabres notamment ses tendances nécrophiles (il fait l'amour au
cadavre d'une de ses victimes). Malheureusement tout restera au stade foetal, aucune réponse ne sera donnée. Au lieu de travailler son scénario, Martucci va de futilités en futilités, s'éternise sur des séances de photos de charme en pleine forêt et autres parties campagnardes sans intérêt qui rappellent un pique-nique en famille.
Invraisemblable, Trhauma plus connu en France sous le titre Démence flirte avec le Z grand cru, s'enlise très rapidement jusqu'au final raté emmené de manière ridicule. C'est sans surprise qu'on découvre que Gaetano n'est autre que le garçon qui abandonna son camarade inconscient. Il s'est servi de lui pour orchestrer ce massacre. Cette conclusion
ouverte aussi abrupte que frustrante n'en est pas une. Elle finit d'achever un film que ni son décor ultra minimaliste mais visuellement plaisant, ni ses dialogues d'une incroyable stupidité ni une interprétation à la limite de l'amateurisme ne viennent rehausser. Avare en effets gore, Trhauma ne se rattrape pas même sur ses scènes de meurtres perpétrés au hachoir, pour la plupart filmées hors champ, très peu sanglantes et imaginatives.
Mis en scène sans enthousiasme, privé de rythme, aussi peu efficace qu'une allumette mouillée, Trhauma, film hybride entre le giallo et le slasher dont les quinze dernières minutes se réclament, échoue sur toute la ligne et ne parvient qu'à générer un ennui soporifère que même les quelques plans de nudité, indispensables à tout film d'exploitation
digne de ce nom, ne peut effacer.
Restent au crédit du film quelques passages joliment atmosphériques, malsains, notamment ceux qui touchent à l'environnement du maniaque (bizarrement appelé l'Etre) noyés dans la médiocrité de l'ensemble. Voilà qui est bien trop peu pour réellement retenir l'attention de l'amateur aussi féru soit il de thrillers de ce type. Trhauma est un échec sur toute la ligne, un pseudo film approximatif, brouillon, souvent absurde, interprété sans aucune conviction dont le véritable mystère est de savoir le pourquoi de son existence!
En tête de distribution on retrouve Gaetano Russo, un récurrent des séries Z italiennes des
années 80 (Le porte de l'inferno, Quartier haute sécurité, Frati rossi, Fraulein SS, Vizi morbosi di una governante...) qui connaitra par la suite une longue carrière à la télévision italienne. A ses cotés se débattent Roberto Posse, autre figure récurrente du Bis transalpin (Fraulein SS, Le massacre des morts vivants, Voyeurs pervers, Caresses bourgeoises... ), le toujours girond et jovial Franco Diogene, qui très vite disparait lors d'une des scènes de meurtre les plus risibles du film, victime d'une crise cardiaque, et une brochette d'acteurs inconnus dont la comédie n'étaient visiblement pas le point fort.