Maniaco Deprebis

Ovidio Assonitis ne s'en cache pas, l'idée de Tentacoli est née du succès des Dents de la mer à une époque où l'Italie aimait reprendre les films qui caracolaient en tête du box office international. Assonitis était aux USA lorsque lui germa l'envie de plagier le film de Spielberg en remplaçant simplement le requin monstrueux par une pieuvre géante qui sévit le long des côtes de l'océan pacifique. Pourquoi une pieuvre? Tout simplement car Assonitis n'aimait guère les requins et écrire une telle histoire était pour lui un moyen de faire la nique aux fameux squales qui sévissaient alors sur les écrans.

Rien de vraiment très original ni même de particulièrement effrayant cette fois, Assonitis ne fait que reprendre quasi intégralement la trame de Jaws même si le réalisateur est très fier du scénario qu'il écrivit pratiquement seul aidé ça et là par Tito Carpi. Co-produit par le Japon, les USA, le Moyen-Orient et l'Italie, Tentacules ressemble plus à une jolie carte postale ensoleillée qu'à un véritable film d'horreur. Tentacules est essentiellement composé de longues scènes de bavardages souvent inutiles le long de plages sablonneuses de San Diego où fut entièrement tourné le film, de scènes de piscines et autres excursions en mer entrecoupées de temps à autre par les attaques du poulpe géant dont on n'entrapercevra malheureusement que quelques tentacules lorsqu'elles ne sont pas purement et simplement suggérées. Voilà qui est sans grand intérêt et plutôt frustrant pour celui qui s'attendait à un film choc au suspens haletant dans la grande tradition du film animalier!

Malgré cela Tentacules réserve tout de même quelques beaux moments d'angoisse notamment lors de la très belle scène d'ouverture devenue aujourd'hui quasiment culte. Un bébé laissé seul sur la plage dans son landau est menacé par le monstre. Si grâce à de splendides mouvements de caméra subjective le réalisateur parvient à créer un climat de terreur assez surprenant, si bien évidemment on s'attend au pire c'est en fait un landau vide qu'on découvrira finalement alors que la mère, horrifiée, hurle de terreur. L'effet est efficace et particulièrement prenant. On regrettera que de tels moments de pur suspens ne se reproduisent plus par la suite comme on regrettera un final interminablement long où durant plus de quinze minutes Assonitis plonge ses caméras sous l'océan pour y filmer une bande d'orques et sa fameuse pieuvre tueuse entrain d'affronter l'équipe chargée de la détruire noyée dans un gigantesque nuage de bulles et d'enchevêtrement de tentacules. S'il faut bien avouer qu'on aperçoit plus les bulles que l'animal lui même, ceci afin de mieux cacher des effets spéciaux assez précaires, on appréciera tout de même les quelques rares plans du céphalopode que nous offre au compte-goutte le réalisateur. Outre des poulpes mécaniques, Assonitis avoue avoir eu recours à plus de dix pieuvres pour tourner ces séquences sous-marines.

Quant à l'interprétation on se réjouira de retrouver une affiche internationale composée de quelques grands noms du cinéma hollywoodien, en tête Henry Fonda, John Huston, un proche de Assonitis qui accepta le rôle par amitié, Shelley Winters qui causa bien des soucis au réalisateur de par son caractère infernal et Bo Hopkins. A leurs cotés, on reconnaitra quelques figures récurrentes du Bis italien tels que l'affriolante et gracile Sherry Buchanan dans la peau d'une top-model trop vite croquée par notre pieuvre et le toujours jovial et girond Franco Diogene.
Rythmé par une partition musicale essentiellement disco Tentacules même s'il ne se passe pas grand chose durant une heure et demi fait cependant partie de ces petits plaisirs coupables qu'on regarde certes distraitement mais toujours avec un certain bonheur, de ces petits films dénués de tout réel intérêt mais qui possèdent cependant le charme typique de ce cher cinéma Bis transalpin.