Roma l'altra faccia della violenza
Autres titres: L'autre coté de la violence
Real: Marino Girolami
Année: 1976
Origine: Italie / France
Genre: Polizesco
Durée: 98mn
Acteurs: Marcel Bozzuffi, Anthony Steffen, Ennio Girolami, Franco Citti, Roberta Paladini, Enzo Andronico, Stefano Patrizi, Franco Diogene, Valerio Merola, Jean Favre, Massimo vanni, Marcello Monti, Franca Scagnetti, Valentino Simonei, Luciano Zanussi, Luca Raffa...
Résumé: Un gang de jeunes voyous issus de la haute bourgeoisie romaine sévit dans la capitale. Lors d'un vol à main armée durant une réception huppée la fille du Dr Alessi est tuée de sang froid par un des délinquants. Si la police recherche la bande de truands le Dr Alessi tout en collaborant avec le commissaire Carli chargé de l'enquête décide de se faire vengeance. Il retrouve un à un les voyous mais il ignore encore que l'un d'entre eux est son propre fils...
Besogneux artisan du cinéma de genre transalpin, Marino Girolami n'en était pas à son premier coup d'essai dans le polizesco puisqu'il avait déjà signé l'année précédente un efficace Roma violenta. Roma l'altra faccia della violenza confirme la maîtrise du metteur en scène puisqu'il réalise de nouveau un polar au rythme certes discret mais tout aussi radical qui n'est pas sans rappeler par certains aspects les polizeschi de Castellari. En témoignent les nombreuses scènes de mort filmées en d'interminables ralenti dans la plus pure tradition du cinéaste.
Si contrairement à Roma violenta Girolami délaisse quelque peu le spectaculaire et la violence gratuite, c'est pour donner au film, beaucoup mieux structuré que ce dernier, une dimension plus humaine. L'histoire n'est certes pas très originale et ne fait que reprendre deux des grands thèmes du genre: la délinquance issue des hauts milieux de la bourgeoisie romaine et l'auto-justice. Un gang de voyous sévit en effet dans la capitale. Après avoir dévalisé une banque et tué un policier ils commettent un vol à main armée durant une réception mondaine. Ils tuent de sang froid et sans aucune raison une jeune fille de 17 ans, la fille du Dr Alessi. Fou de chagrin, s'il collabore avec la police, le docteur décide également de faire justice lui même en ignorant que l'un des voyous n'est autre que son propre fils avec qui il est en froid depuis déjà quelques temps.
Nombreux furent les polizeschi qui mirent en avant la décadence de la haute bourgeoisie romaine engendrant non seulement vice et corruption mais surtout et avant tout une forme de délinquance juvénile particulièrement violente, en rébellion avec le milieu dont elle est issue. Les exemples fourmillent et l'amateur a encore en tête des oeuvres aussi féroces que I ragazzi della Roma violenta et le brutal I violenti di Roma bene, films sans concession qui déployaient une violence aussi inouïe que gratuite. Plus posée et réfléchie mais tout aussi violente était Jeunes désespérés et violents de Castellari. Roma l'altra faccia della violenza représente un juste milieu entres ces différents exemples. Si certains déploreront une absence d'effets sanglants et de scènes de violence, c'est au profit d'un scénario plus fouillé
qui privilégie le coté humain des divers protagonistes en tentant de les rendre plus attachants. Le Dr Alessi est un père meurtri qui vit mal les tensions qui existent entre lui et son fils qui de surcroit perd sa fille dans de tragiques circonstances. Par ailleurs, le commissaire est à des années lumière du personnage incarné régulièrement par l'impassible Maurizio Merli. Marcel Bozzuffi, excellent, donne une réelle dimension humaine à son rôle d'inspecteur, à la fois charismatique, incorruptible, pragmatique. La police est cette fois plus intuitive, plus réfléchie, beaucoup moins violente et implacable. Beaucoup plus travaillés sont également les rapports qui lient les différents personnages ce qui casse quelque peu la banalité et la routine du propos.
Le portrait de la jeunesse dorée romaine de Girolami incarnée par trois voyous bien distincts est quant à elle assez bien brossée. Le trio est composé du fils du Dr Alessi, un garçon rebelle, en froid avec sa famille, dangereusement armé, d'un fils d'aristocrate et un chef de bande sans états d'âme, fils de hauts notables. Le tableau ainsi dressé, les voir tomber un à un sous la main du père justicier se transforme donc en une forme de soulagement pour le spectateur pris à juste raison d'aversion envers cette bourgeoisie qui cette fois ne pourra pas se protéger derrière ce mur qu'est le pouvoir et l'argent face à cet ange vengeur qu'est devenu le père de la jeune victime. C'est d'ailleurs symboliquement dans la boue et la fange que mourra le chef de la bande.
Mélangeant avec adresse suspens et scènes d'action, Roma l'altra faccia della violenza se conclura sur un message social lors d'un final certes attendu, sans réelle surprise, mais tout en retenue et surtout lourd de sens. Bien des fois encore la police sera dans l'impossibilité de faire face au pouvoir que donne l'argent et ainsi juger en toute équité tant le petit délinquant de banlieue que le voyou issu des hautes couches de la société.
Habile mélange entre le polizesco inspiré ici du drame de Circeo de bien triste mémoire, le mélodrame et le film d'auto-justice, Roma l'altra faccia della violenza, rythmé par une solide partition musicale signée du trio Frizzi / Tempera / Bixio, bénéficie en outre d'une excellente interprétation de toute une brochette de comédiens experts en la matière, Marcel Bozzuffi en tête. A ses cotés on appréciera la prestation de Antonio De Teffé en père justicier, peut être un peu trop inexpressif malheureusement à l'image même du personnage qu'il interpréta dans ses nombreux westerns, le pasolinien Franco Citti et Enio Girolami. Les trois voyous sont joués avec conviction par un des spécialistes de ce type de rôle, le blond Stefano Prizzi, le français Jean Favre dont ce fut la seule apparition à l'écran et un tout jeune Valerio Merola ici à ses débuts qui par la suite deviendra une figure récurrente de la télévision italienne.
Sans être un chef d'oeuvre, Roma L'altra faccia della violenza sorti en salles sous le titre L'autre coté de la violence L'autre coté de la violence fait partie des polizeschi les plus intéressants qui ait été tourné, un film efficace et humain, nerveux, jamais excessif, n'en déplaisent à tout ceux qui n'attendent de ce type de cinéma qu'un déluge de violence gratuite.