Sensi caldi
Autres titres:
Réal: Arduino Sacco
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 61mn
Acteurs: Rita Silva, Guido Sagliocca, Giovanna Petocchi, Fabio Maraschi, Saverio Ferragina, Nando Venditti, Enzo Giannelli, Roberto Santi...
Résumé:Une femme en pleine ascension sociale apprend de la bouche de son mari qu'il souhaite divorcer, las de sa frigidité. Cela ne semble guère la préoccuper. Elle enchaine alors les relations sans lendemain avec de jeunes gigolos avec qui elle ne prend aucun plaisir non plus. Elle demande alors à sa meilleure amie de coucher avec son mari. Elle observera leurs ébats grâce à une caméra placée dans la chambre et pourra voir comment se comporte son époux dans les bras d'une autre femme...
C'est en qualité d'acteur que le nom de Arduino Sacco apparait pour la première fois à l'écran, très exactement en 1968 au générique du film d'Oscar Brazzi, Diario segreto di una minorenne. A tout juste 18 ans il y joue le jeune amant d'une lesbienne. Passionné de cinéma il poursuit son petit bonhomme de chemin comme assistant-réalisateur avant de tenter sa chance derrière la caméra en 1978 en réalisant son premier film Rand rover puis un second en 1980, Sensi caldi avant de définitivement plonger dans l'univers de la pornographie sous le pseudonyme de Dudy Steel. Entre 1982 et 1989 il mettra en scène
une trentaine de X dont ces classiques du hardcore zoophile que sont Marina e la sua bestia et La bionda e la bestia ainsi que quelques incontournables du genre tels que Bocca bianca bocca nera avec Ajita Wilson et Non stop sempre buio in sala, le X d'une Paola Senatore en pleine déchéance. Le coté érotique de Sensi caldi pourrait justement annoncer la période hardcore de Sacco.
Sonia est une femme d'affaires en pleine ascension sociale qui travaille dans le milieu de la publicité. Son mari, Alberto, lui annonce qu'il souhaite divorcer. Il ne prend plus de plaisir au lit avec elle. Il l'accuse d'être frigide ce qu'elle réfute. Pour elle le problème vient des
hommes. De son coté Sonia ne se préoccupe guère du ressenti de son époux et prend l'habitude de s'envoyer en l'air avec de jeunes gigolos avec qui là encore elle ne prend aucun plaisir. Elle finit par demander à sa meilleure amie Sandra de draguer Alberto et de coucher avec afin de voir comment il réagit sexuellement avec une autre femme. Elle placera une caméra dans la chambre afin de les observer. Au départ étonnée Sandra finit par accepter de jouer le jeu. Elle drague Alberto qui se laisse faire après lui avoir annoncé que coucher avec elle ne le dérange pas puisqu'il compte divorcer prochainement. Alberto et Sonia couchent ensemble. Alberto prend beaucoup de plaisir. Derrière son écran Sonia ne
supporte pas ce qu'elle découvre.
A la limite de l'amateurisme, tourné fin 1979 pour quelques lires avec les moyens du bord Rand rover était une pellicule étonnamment brutale indescriptible, irracontable, un film délirant à prétention auteuriale qui entre deux divagations pseudo philosophiques prenait pour thème problèmes conjugaux et crise existentielle. Sensi caldi suit les traces de ce premier essai. Cette fois Sacco toujours aussi prétentieux et sans aucun sou en poche signe un second film tendance auteuriale qui traite cette fois de notre société de consommation et de sa démonisation, de l'impact des stratégies publicitaires dans nos
comportements au quotidien, de féminisme ou du moins ce qu'il en reste à l'aube des années 80 et de crise conjugale, celle que traverse un couple de bourgeois dont le mari accuse sa femme d'être frigide. Voilà un beau point de départ qui fait très vite flop! En fait Sensi caldi souffre exactement des mêmes défauts que son prédécesseur. A aucun moment Sacco ne développe ses thèmes qui restent à l'état foetal. Il faut dire qu'il aurait été difficile de traiter de tels sujets en seulement 61 petites minutes. Tourné dans des décors souvent laids qui témoignent de la pauvreté des moyens (un salon, une chambre et quelques extérieurs lambda) ce drame social érotique pseudo intellectuel se contente
d'enchainer justement une série de scènes érotiques noyées dans des dialogues faussement philosophiques souvent stupides ou hilarants ("une femme n'a aucun problème, le problème ce sont les hommes") tant ils sont basiques et des slogans publicitaires tout aussi drôles que délirants lorsque toutefois ils veulent dire quelque chose ("L'idéologie d'une nation se définit à travers la publicité qu'elle diffuse", "Une fois publicisée la publicité publicise le produit à publiciser"). Quant au féminisme pour Sacco il se réduit à une suite de rencontres entre Sonia et des gigolos décérébrés que la mort fait rire et à prêter son mari à sa meilleure amie. Il y a des idées ça et là, Sacco essaie mais il échoue
lamentablement. Tout se mélange, tout est brouillon. Les personnages sont quant à eux sans épaisseur aucune, totalement transparents. Le final lorgne fortement vers Voyeur pervers / L'occhio dietro il parete avec l'installation d'une caméra destinée à épier les ébats du mari mais on est à des lieues et des lieues du film de Giuliano Petrelli. La conclusion, abrupte, surprendra par sa rapidité. C'est fini nous demanderons nous, stupéfaits? La seule chose qui nous vient en tête est: Sacco n'avait-il plus d'idée? Plus un sou vaillant en poche? En un mot frustrant d'autant plus que l'histoire semblait prendre une tournure enfin plus intéressante.
Qu'on ne pense pas se raccrocher à l'érotisme tant on reste dans le soft ultra soft. Il n'y a absolument rien de croustillant à se mettre sous la dent. Pour un titre aussi brulant le film reste d'une tiédeur extrême. Quelques poitrines dénudées, une ou deux petites culottes, quelques enlacements, pour le sexe on pourra donc repasser! Quant à la distribution elle reflète le film: morne! L'ex-miss Italie Rita Silva n'a jamais été ni une grande actrice ni vraiment possédé un énorme pouvoir de séduction. Son choix en tant que protagoniste principale ne convainc mais elle nous offre tout de même un très bref nu intégral sous la douche. Ce sera d'ailleurs le début de la fin pour elle puisque par la suite on la reverra dans
deux des plus mauvais WIP italiens en gardienne lesbienne sadique, Sévices à la prison de femmes et Perverse oltre le sbarre, le sous Conan Gunan le guerrier et les péplums érotiques Les nuits chaudes de Cléopâtre et Flavia avant que la maladie ne mette un terme à sa carrière. Le reste du casting (Giovanna Pettocchi, Guido Sagliocca...) est anonyme et tout aussi peu attractif et ne parvient pas à rehausser une mise en scène aussi fade que lente.
Reste au crédit de Sensi caldi outre sa rareté (il n'existe qu'une vieille édition vidéo et un
passage télé fort médiocre amputé des plans de nu) qui en fait une petite curiosité pour l'amateur de ce type de films et le collectionneur la très jolie chanson qui sert de thème au film interprétée par Edda Dell'Orso, son étrange générique, quelques plans disséminés ça et là, quelques idées et un ou deux moments trash (le strip de Sonia au son du 33t qui raconte "L'enterré vivant" de Poe, les ultimes images...) mais c'est insuffisant pour que Sensi caldi marque les esprits et l'histoire du drame érotique pseudo intello à l'italienne.