Perverse oltre le sbarre
Autres titres: Hell behind bars / Girls in hell / Condemned to hell
Real: Gianni Siragusa
Année: 1983
Origine: Italie
Genre: WIP
Durée: 90mn
Acteurs: Ajita Wilson, Rita Silva, Alex Freyberger, Linda Jones, Leda Simonetti, Lucia Rotolini, Leo Annibali, Helen Johansson, Clorinda Pucci, Paola Tenaglia, Aperio Bella Olivia, Enrica saltutti...
Résumé: Arrêtée par la police, Conception est incarcérée après avoir dérobé les diamants de son amant qu'il devait remettre à ses complices. En prison elle doit faire face aux tendances lesbiennes d'une de ses compagnes de cellule mais également aux instincts sadiques de la directrice. Conception ignore qu'une de ses compagne est une espionne envoyée en cellule pour récupérer les diamants. Ne se doutant de rien, Conception lui fait part de ses plans d'évasion. Mais qui sera la plus rusée?
Avant toute chose il faut préciser les véritables origines du film et de son jumeau Detenute violente, tourné simultanément en 1983. Si les deux films furent tournés par Gianni Siragusa, c'est Sergio Garrone, le scénariste, qui au départ devait les réaliser. Le jour où les contrats devaient être signés chez le producteur, Mario Alabiso, Garrone s'aperçut que Ajita Wilson serait l'actrice principale. Furieux, il quitta le bureau en refusant de réaliser son projet si le rôle principal était tenu par ce qu'il appelait un “homme”. C'est ainsi que Gianni Siragusa se retrouva à la tête des deux films.
Comme ce fut déjà le cas pour Horreurs nazies et SS camp 5 enfer de femmes, tous deux de Garrone, les deux films furent tournés à la suite avec la même équipe, les mêmes acteurs et dans les mêmes décors et souffrent des mêmes défauts. Perverse oltre le sbarre reste certainement avec Detenute violente un des WIP italiens les plus faibles, un des plus miséreux également. Un triste chant du cygne pour une branche du cinéma d'exploitation italien alors en fin de vie qui par le passé sut nous donner quelques jolis fleurons.
Même s'il est d'un niveau plus regardable que son soporifique jumeau Perverse oltre le sbarre est d'une pauvreté tout aussi affligeante et d'une laideur visuelle tout aussi excessive, trahissant la minceur d'un budget quasi inexistant. Tourné pour l'essentiel dans d'anciens box d'écuries le film pâtit des incohérences de scénario qu'accumule Siragusa . Cela en devient très vite hilarant. Voilà en effet une bien étrange prison où les portes des cellules ne sont jamais fermées à clé, les détenues se baladent à leur gré en talons hauts et mini-jupettes dans les couloirs sans pourtant jamais être vues tandis qu'on se permet toutes les fantaisies aux yeux et à la barbe des gardiennes bien peu présentes si ce n'est pour assister
aux tortures infligées par la directrice aux détenues. On passera sous silence une trame réduite à son strict minimum, sans aucune originalité, une simple histoire de diamants pour laquelle Ajita Wilson joliment appelée Conception pour l'occasion s'est faite incarcérée dans une cellule où une espionne est censée trouver où ils sont cachés.
Le seul véritable intérêt du film contrairement au bien trop sage Detenute violente est le sadisme dont il fait preuve qui réjouira les amateurs du genre. Afin d'honorer le titre du film, contrairement à son précédent, Gianni Siragusa nous offre quelques jolies scènes de perversion dont la plus inoubliable reste celle où la pauvre Antonella Ficcadenti cachée sous
le pseudonyme de Linda Jones se fait cruellement introduire l'anus par une cheville en acier en guise de fouille rectale, une séquence aujourd'hui culte qui nous ramène aux grands moments du Bis italien. La dernière moitié du film est la plus mouvementée et multiplie les scènes choc dont la mort d'une traitre noyée dans la fosse à excréments, l'exécution de la directrice, assez mal doublée lors de sa chute dans l'escalier, et celle d'Antonella Ficcadenti, lacérée, la peau déchirée par un tournevis. C'est bien là ce qui fera tenir le spectateur qui depuis longtemps aura abandonné l'idée de trouver une logique à tout cela.
Comme bien des WIP Perverse oltre le sbarre ressemble à ces vieilles bandes-dessinées
érotiques souvent mauvaises mais parfaitement sadiques donc jubilatoires. A la fois misérable, sordide, sale, la pellicule dont les dialogues souvent obscènes valent leur pesant d'or accumule comme il se doit les séquences de saphisme dans lesquelles excellent Rita Silva, Leda Simonetti, Antonella Ficcadenti et Ajita Wilson. Detenute violente ce sera pour Ajita son dernier véritable film. A cette même époque surprise puis poursuivie et humiliée pour s'être prostituée nue dans un wagon Ajita verra les portes du cinéma italien se fermer et ses espoirs de faire enfin une carrière décente s'envoler. A partir de ce moment elle n'apparaitra plus que dans de piètres films porno pour la plupart tournés en Grèce avant de
mourir prématurément de manière tragique en 1987.
Pour le reste Perverse oltre le sbarre contient tous les éléments du WIP traditionnel dont les inévitables cat's fights et scènes de douches communes. Le rebondissement final à la fois très drôle et cruel (surtout pour la pauvre Ajita enfermée dans son cercueil) n'est pas très original mais son cynisme est cependant assez savoureux. Rares sont les fois où le mal finit triomphant.
Comme pour Detenute violente, Rita Silva est un des atouts principaux du film, directrice kapo lesbienne et sadique, qui s'en donne à coeur joie. A ses cotés, outre Antonella
Ficcadenti dont on ignorera si le personnage, très mal défini, est méchant, perfide ou gentil, lesbienne ou non et Ajita Wilson toujours aussi statique et peu expressive, on reconnaitra la minuscule Leda Simonetti, le pauvre Alex Freyberger, devenu depuis producteur, en jeune maton franchement inutile dont le corps est l'objet du désir tant de la directrice que d'Ajita, et un lot d'actrices toutes plus ingrates les unes que les autres (les mêmes que Sévices à la prison de femmes) qui ne risquera guère de faire monter la libido du spectateur... ou tout simplement son membre!
Si Perverse oltre le sbarre est bien plus divertissant et surtout bien moins ennuyant que son frère jumeau il n'en demeure pas moins un des WIP transalpins les plus faiblards dont on retiendra et savourera surtout cette dose de sadisme fort bien venue disséminée au sein d'un décor aussi sordide que miséreux sans oublier la présence d'Ajita que ses nombreux admirateurs seront toujours ravis de voir et revoir.