L'occhio dietro la parete
Autres titres: Voyeurs pervers / Regard intime / Eyes behind the wall / The crystal man
Real: Giuliano Petrelli
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Drame / Erotique
Durée: 74mn
Acteurs: Fernando Rey, Olga Bisera, John Phillip Law, Jose Quaglio, Jho Jhenkins, Roberto Posse, John P. Dulaney, Monica Zanchi...
Résumé: Depuis l'accident qui lui coûta ses jambes et le rendit impuissant, Ivano et sa fille Olga avec qui il entretient une relation interdite trouvent leur plaisir en espionnant les jeunes locataires qui occupent une partie de leur immense demeure. Ils les espionnent à l'aide de caméras bien dissimulées. Quand arrive Arturo, serial killer en cavale et prostitué occasionnel, Ivano pousse Olga dans ses bras afin d'augmenter son plaisir d'observation. Une étrange relation coupable commence alors. Arturo ignore tout du passé incestueux d'Olga qui couta la vie à son frère dont elle était aussi amoureuse. Cette relation fut responsable de l'accident d'Ivano le soir où il découvrit la vérité. Il ignore également tout de la jalousie macabre qui anime Ottavio, le valet, amoureux d'Olga qui s'est toujours refusé à lui. Plus le temps passe, plus un drame inéluctable se prépare...
Seul et unique film de l'acteur-metteur en scène Giuliano Petrelli, L'occhio dietro la parete connu en France sous les alléchants titres Voyeur pervers et Regard intime tente d'explorer les dangers et les plaisirs du voyeurisme, un des thèmes récurrents du cinéma d'exploitation dont il est un curieux exemple puisqu'il y mêle perversion, misogynie et sadisme dans un univers de souffrance aussi bien physique que morale.
Initialement inspirée des écrits de Jacques Lacan, si du moins on en croit les dires de Petrelli, avant que les producteurs ne décident de totalement transformer le scénario qu'il avait concocté,
l'intrigue de L'occhio dietro la parete tourne autour d'un couple de bourgeois dépravés: Ivano, un ex-professeur d'âge mûr devenu impuissant suite à un dramatique accident de voiture qui l'a cloué sur une chaise roulante, et Olga, sa jeune et jolie fille avec qui il entretient une relation incestueuse. Vivant reclus dans leur manoir dont ils louent une des ailes à de jeunes locataires ils passent leur temps à observer leurs pensionnaires grâce à tout un système de caméras et de micros, satisfaisant ainsi les sombres désirs voyeurs d'Ivano. C'est alors qu'arrive Arturo, psychopathe en cavale et homosexuel refoulé, à qui ils vont louer une chambre. Fasciné par le garçon Ivano toujours prêt à repousser les limites de la perversion
afin d'augmenter son plaisir demande à sa fille de séduire Arturo, un jeu dangereux qui va déboucher sur une relation triolique aussi étrange que malsaine. Si au cours de leurs observations coupables le couple a découvert l'homosexualité latente du jeune homme, Arturo est quant à lui loin de se douter du passé incestueux de Olga qui jadis couta la vie à son frère avec lequel elle entretenait aussi une relation incestueuse encore moins de la jalousie morbide du valet de chambre secrètement amoureux de la jeune femme. Alors que les pièces du puzzle se mettent doucement en place, un drame effroyable se prépare durant lequel voleront en éclat les secrets les plus inattendus.
Bénéficiant d'une mise en scène soignée et d'un joli décor, une vaste demeure bourgeoise
perdue au milieu de la campagne verdoyante romaine puisqu'il s'agit de la célèbre villa a Monte Mario où furent tournés bon nombre de films, Voyeurs pervers s'il s'inspire bien évidemment du Voyeur / The peeping tom semble surtout faire référence au cinéma de Bunuel que Petrelli admirait, un hommage accentué par la présence de Fernando Rey, un habitué des productions surréalistes espagnoles.
N'est cependant pas Bunuel qui veut, L'occhio dietro la parete se contente simplement d'être une sorte de drame érotique atmosphérique certes étrange mais plutôt inconsistant, prétexte à multiplier platement les perversions sexuelles par le biais de personnages tous plus torturés et dépravés les uns que les autres.
Hanté par le souvenir de la tragique nuit où il découvrit que sa bien aimée fille entretenait une relation incestueuse avec son frère, Ivano, paralysé et impuissant, ne peut désormais trouver un certain plaisir sexuel qu'à travers l'observation de ses locataires à qui il offre cette fille indigne, une manière également de pouvoir rester dans une certaine forme de réalité. Sa blessure est d'autant plus forte qu'il doit son infirmité à son fils suite à l'accident qu'il provoqua durant cette terrible nuit.
Olga, quant à elle, est encore jeune, belle, désirable mais elle ne peut plus assouvir sa libido. Si jadis elle satisfaisait ses désirs sexuels avec son propre frère, elle est aujourd'hui
seule avec ce père incestueux et c'est avec les jeunes locataires de la maison qu'elle apaise désormais son appétit sexuel sous l'oeil indiscret du viel homme qui, insatiable, satisfait ainsi sa soif de voyeurisme et de perversion.
Petrelli développe aussi une sous intrigue en donnant au personnage d'Ottavio, le fidèle valet misogyne et fétichiste depuis longtemps amoureux d'Olga, un rôle décisif. Il ne se contente pas seulement de l'épier par les trous de serrure et de se donner du plaisir devant son portrait, il va jusqu'à recueillir ses poils pubiens dans la baignoire et vole ses sous-vêtements qu'il met en lambeaux. Jadis, témoin des ébats incestueux d'Olga il avoua
leur coupable liaison à son père, rongé par la jalousie et une haine destructrice qui l'ont transformé en un être misogyne. Cette misogynie le pousse à maltraiter et séquestrer des jeunes filles dont il abuse ensuite dans un cabanon.
Quant à Arturo, prostitué occasionnel aux tendances suicidaires et serial killer en cavale qui vient tout juste de violer et assassiner un femme dans un train, Olga va vite en tomber amoureuse. Poussée par son père qui voit en lui un sujet au potentiel sexuel non négligeable, elle se jette dans ses bras et se donne passionnément à lui. Nait alors une relation morbide où se mêlent souffrance et jouissance, honte et plaisir, qui conduira les
divers protagonistes vers un drame inéluctable, fatidique, accéléré par le désespoir suicidaire d'Arturo et la jalousie maladive d'Ottavio.
Il y avait là matière à donner vie à une histoire trouble particulièrement malsaine et complexe. Force est de constater que Petrelli échoue faute à une mise en scène translucide et à l'évident manque d'épaisseur de personnages psychologiquement mal définis. Vu la durée du film, (74 petites minutes) Petrelli aurait pu largement se permettre de beaucoup mieux développer l'aspect psychologique de ces voyeurs pervers qu'on se contente donc d'observer à notre tour afin d'assouvir notre soif inextinguible de perversion et autres déviances
sexuelles. C'est là l'objectif principal semble t-il de L'occhio dietro la parete qui n'est en fait qu'un simple petit film d'exploitation pure. Superficiel, Petrelli tente d'entrainer le spectateur au coeur de la souffrance et de désespoir, dans l'univers du voyeurisme et des plaisirs malsains qu'il procure avant l'inévitable perte de contrôle qui mènera à la tragédie finale. Il se limite donc à se faire se succéder scènes de déviances et d'observations intimes, de séquences sexuelles souvent osées et quelques nus frontaux impudiques, faisant de son public des voyeurs en force à leur tour.
Cela nous vaut quelques très agréables passages justifiant à eux seuls la vision du film telle
l'ouverture totalement gratuite durant laquelle la malheureuse passagère d'un train se fait violenter puis tuer par notre psychopathe suicidaire. Mentionnons aussi les deux grands moments qui donnèrent au film sa réputation, celui où Arturo se met nu sous l'objectif espion des caméras et entame une série de pompes, Petrelli filmant complaisamment son sexe et ses testicules qui bougent au rythme de l'exercice. Ou la définition même du voyeurisme dans toute sa splendeur. De quoi faire frissonner le spectateur de bonheur. Tout autant mémorable est celle où suite à une virée nocturne Arturo ramène dans sa chambre un homme de couleur particulièrement musclé qui, sûr de lui, n'a qu'une envie, le sodomiser
malgré ses réticences. Il se déshabille, exposant aux caméras un corps et un fessier impressionnants, les lumières s'éteignent tandis que résonnent dans l'obscurité les hurlements d'Arturo. Ou cette fois la puissance fantasmatique de l'imagination. On retiendra également les passages où apparait l'inquiétant valet, ses obsessions et sinistres agissements dont la collecte des poils pubiens ainsi que la dernière partie qui lorgne vers le thriller.
Cela ne suffit malheureusement pas à faire de Voyeur pervers un film réussi encore moins passionnant. Petrelli malgré toutes ses bonnes intentions rate donc son essai. Cela ne
signifie en aucun cas que L'occhio dietro la parete rythmé par une très belle partition musicale signée Pippo Caruso soit un mauvais film. Loin de là. Ne boudons donc pas notre plaisir. Il faut simplement prendre le film pour ce qu'il est, une véritable oeuvre d'exploitation, étrange, une tentative atmosphérique morbide suffisamment distrayante d'une part et suffisamment outrageante d'autre part, pour la rendre attachante et surtout intéressante aux yeux des amateurs férus d'érotisme mortifère. De quoi devenir doucement de bons petits voyeurs pervers... ce que nous sommes déjà tous ici. On n'ose imaginer ce que Voyeurs pervers, mieux travaillé, aurait pu donner dans des mains plus expérimentées.
Aux cotés de Fernando Rey, toujours aussi excellent, on aura le plaisir de retrouver la blonde et opulente Olga Bisera qui nous gratifie de jolis nus, John Philip Law alors en pleine période italienne qui après avoir campé Michel Strogoff dans Strogoff endosse de façon trop insipide la peau d'Arturo, John dont on aura jamais autant détaillé l'appareil génital, et José Quaglio, le sinistre valet. On y repérera également dans un court rôle, celui de la jeune fille² séquestrée, Monica Zanchi.