Detenute violente
Autres titres: Sévices à la prison de femmes / Inferno dietro le sbarre / Captive women 8: Hell penitentiary / Captive Hell women: Hell penitentiary / Hell penitentiary
Réal: Gianni Siragusa
Année: 1985
Origine: Italie
Genre: WIP
Durée: 89mn
Acteurs: Ajita Wilson, Rita Silva, Leda Simonetti, Alex Freyberger, Adriana Giuffré, Linda Jones, Cesare Di Vito, Leo Anibali, Helen Johansson, Aperio Bella Olivia, Giorgio Cerioni, Lucia Rotolini, Laura Di San Luca, Enrica Saltuti...
Résumé: Julia, une physicienne, s'infiltre dans une prison de femmes afin de découvrir qui a tué sa soeur cadette. Elle se fait donc passer pour une détenue. Elle est très vite la victime de la directrice sadique et lesbienne et de ses gardiennes...
Dans l'univers fort prisé du WIP italien le film de Gianni Siragusa fait malheureusement bien pâle figure et s'inscrit certainement dans ce que le genre a connu de pire. Avant toute chose il faut éclaircir un point quant à la genèse de Sévices à la prison de femmes. Au départ le film et son jumeau réalisé simultanément, Perverse oltre le sbarre, devaient être tournés par Sergio Garrone. Au moment où les contrats étaient sur le point d'être signés chez le producteur Mario Alabiso, Garrone rencontra Ajita Wilson. C'est à cet instant qu'il comprit qu'elle serait l'actrice principale. Il refusa obstinément qu'un "homme" soit la protagoniste principale de ses deux films et quitta le projet qui revint alors à Sirugusa.
Après des débuts prometteurs dans le polar noir (Quatre milliards en quatre minutes) Gianni Siragusa signe un WIP miséreux, très certainement un des plus pauvres si ce n'est le plus pauvre du genre que bien peu de choses parviennent à sauver. Sur la trame archi-usée de la jeune fille pure et innocente jetée en prison sous un fallacieux prétexte, Sévices à la prison de femmes ne brille guère par son sujet vu et revu qu'une mise en scène bâclée et sans originalité ne vient guère rehausser. Tourné en grande partie dans les box d'une ancienne écurie faisant office de prison, Sévices à la prison de femmes est une sorte de bande-dessinée pour adultes très bas de gamme agrémentée d'un zeste de sadisme bien trop léger faire mouche. Les fameux sévices annoncés par le titre français brillent en effet par leur absence tout comme la violence du titre original. Quelques coups de bâton le plus souvent hors champ, un torse brûlé au fer rouge, quelques coups de poings et empoignades, voilà ce que nous réserve Siragusa au grand désespoir d'un spectateur particulièrement frustré. L'ensemble est peu aidé par des décors et une photographie hideuse. Il est en outre affublé de dialogues d'une rare indigence qui frisent le plus souvent le ridicule renforçant ainsi le manque total de crédibilité du scénario.
L'interprétation est du même niveau, tout simplement catastrophique. Seules Ajita Wilson et l'étonnante Rita Silva dans le rôle de la directrice lesbienne et sadique arrivent à donner quelque peu de relief à leur personnage respectif même si cela ne réussit pas à sauver le film de la catastrophe. On aurait aimé que Gianni Siragusa se rattrape sur le reste de la distribution mais que nenni! Il semble en effet avoir rassemblé les actrices les plus antipathiques et physiquement ingrates que le genre ait connu à l'exception de Antonella Ficcadenti cachée sous le pseudonyme Linda Jones au regard hypnotique. Il va même jusqu'à enlaidir Rita Silva en lui donnant des airs de travesti décrépi cachée sous un affreux maquillage. Et c'est malheureusement à elle ainsi grimée que reviennent la plupart des scènes lesbiennes qu'elle partage avec la minuscule Leda Simonetti (dont le personnage se nomme Mae West, quelle référence!) transformant alors ce W.I.P en un film d'horreur au véritable sens propre du terme.
Le reste des scènes érotiques parfumé d'un soupçon de violence bien peu spectaculaire sont interprétées par quelques actrices très peu excitantes qui malgré leurs maigres efforts auront bien du mal à réveiller la libido du pauvre spectateur. Même les séquences coquines particulièrement soft et d'une absolue banalité où apparait Ajita Wilson sont filmées sans imagination, un comble! C'est presque soulagé qu'on arrive en fin de métrage où tout rentrera bien sûr dans l'ordre... sauf pour le pauvre amateur de W.I.P, décomposé face à une telle déception.
En guise de WIP italiens on préférera donc revoir les deux opus de Bruno Mattei, celui de Rino de Silvestro (Condamnées à l'enfer) ou mieux encore celui très réussi de Bruno Rondelli (Quartier disciplinaire pour femmes perverses) à moins de lorgner également vers les productions américaines hautement plus réjouissantes que ces malheureux sévices à la prison de femmes qui n'étourdiront personne!
Avec son frère jumeau Perverse oltre le sbarre ce sera pour Ajita son dernier véritable film. Surprise puis humiliée et arrêtée pour s'être prostituée nue dans un train elle verra dés lors les portes du cinéma italien se fermer et son espoir de commencer enfin une carrière décente s'envoler définitivement. Après ce scandale elle ne tournera plus que dans de piètres films pornos tournés en Grèce avant sa dramatique disparition en 1987.