Maniaco Deprebis

Avant toute chose, il est important de resituer le film dans la carrière de Paola Senatore. Sexy star du cinéma de genre italien dans les années 70, Paola n'a malheureusement pas survécu à la nouvelle vague de starlettes qui débarqua à la fin de la décennie d'autant plus que son addiction aux drogues saccagea encore plus une carrière en net déclin. Malheureuse dans sa vie professionnelle, malheureuse dans sa vie privée, Paola devait également élever son fils. Son besoin d'argent la mena à faire des photos osées pour quelques magazines de charme mais cela ne suffisait pas à payer la drogue dont ils avaient besoin, elle et son compagnon. Des photos au cinéma X il n'y a souvent qu'un pas que Paola franchit en 1985 après avoir tourné trois films érotiques Malombra, Penombra et Maladonna.

Ceci permit à Paola de refaire parler d'elle en Italie et voir un certain regain de popularité dont Paola aurait pu se passer. Non stop sempre sala in buio fut réalisé par Arduino Sacco, un des spécialistes du X transalpin. Il raconte l'histoire d'une femme, Paola, qui ne s'est jamais remise de sa séparation d'avec son jeune amant. Le film nous fait revivre cette histoire par flashes-back avant que Paola ne raconte cette passion à un ami avec qui elle finira par coucher alors que l'image de son amour passé se substitue à l'homme.
Voilà un X champêtre des plus ordinaires dont les deux principaux décors sont un magnifique jardin et l'intérieur d'une maison cossue dans lesquels s'ébattent les trois protagonistes sous les commentaires en voix off de Paola. Certes il y a un certain charme esthétique mais le minimalisme du scénario rend très vite le film ennuyant. Porté par une belle mais trop répétitive partition musicale tout au piano qu'on croirait signée par Richard Clayderman, Non stop... cherche surtout à mettre en valeur Paola Senatore, seul véritable intérêt au film. Mais ses admirateurs seront plus attristés que réjouis de la voir ainsi. Forcie, Paola n'est plus que le spectre de celle qu'elle fut jadis, l'oeil éteint, le regard reflétant toute la tristesse de sa vie. Si elle fait encore effet en tenue sexy, tout en dentelles et lingerie fine, mieux vaut oublier les séquences où elle déambule dans la campagne, engoncée dans des vêtements qui dissimulent mal sa prise de poids.

Par chance, toutes les scènes hardcore où apparait Paola sont jolies et jamais vulgaires. Ceci est sans nul doute dû au fait que son partenaire n'est autre que son compagnon de vie d'alors tandis que l'ami est interprété par un ami commun du couple. Toutes ces scènes reflètent une certaine tendresse, on sent l'amour qui unit Paola et Claudio caché sous l'étrange pseudonyme de Giulian Eroom. Cette tendresse, ce romantisme sauve le film de la catastrophe et désamorce quelque peu l'horreur de cette lente descente aux Enfers pour l'actrice. Ses scènes dit on n'auraient pas été tournées par Sacco mais par un autre réalisateur alors proche de Paola.
Le film pour des raisons uniquement commerciales se vit agrémenté de séquences hardcore additionnelles particulièrement vulgaires auxquelles participa Marina Lotar. Ses scènes s'intègrent notamment aux flashes-back que revit l'ami de Paola lorsqu'il lui conte les exploits sexuelles des domestiques. Il fut distribué sous le titre La sfida erotica.
Paola ne tourna donc qu'un seul et unique hardcore et ce fut là son bien triste chant du cygne puisque cette même année si l'actrice revint une fois de plus sous les feux des projecteurs c'est lorsqu'elle fut arrêtée et menottée en public pour possession de stupéfiants. De ce jour, elle n'est plus jamais réapparue et semble s'être évaporée dans le néant.
Devenu au fil du temps une sorte de curiosité malsaine, Non stop sempre sala in buio même s'il demeure un X d'honnête facture malgré son minimalisme inspirera plus de la pitié et beaucoup de tristesse aux nombreux admirateurs de l'ex-sexy star, sordide reflet d'une actrice déchue qui n'a pas su s'en sortir alors.