La dolce casa degli orrori
Autres titres: The sweet house of horrors
Réal: Lucio Fulci
Année: 1989
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 83mn
Acteurs: Jean-Christophe Brétigniere, Cinzia Monreale, Lubka Lenzi, Lino Salemme, Franco Diogene, Vernon Dobtcheff, Giuliano Gensini, Ilary Blasi, Dante Fioretti, Pascal Persiano...
Résumé: Surpris dans leur maison un cambrioleur tuent violemment les parents des petits Marco et Sarah. Ils vont vivre désormais avec leur oncle Carlo et sa femme Marcia. Les enfants vivent très mal la mort de leurs parents d'autant plus que Carlo a mis en vente la demeure familiale. Une nuit les parents des enfants leur apparaissent sous forme de deux feux follets avant de reprendre leur apparence humaine. Ils vont tout faire pour empêcher la vente de la maison. A bout de nerf Carlo et Marcia font appel à un exorciseur...
Après avoir été un des maîtres de l'horreur à l'italienne, plus généralement un des metteurs en scène phare du cinéma de genre transalpin tout style confondu, Lucio Fulci va amorcer dès le milieu des années 80 un lent déclin avec pour commencer quelques faux pas dénués d'intérêt (2072) pour enchainer dés 1987 des films de plus en plus mauvais, une longue série débutée par Aenigma. Les fantômes de sodome, Quando Alice ruppe lo specchio, Un gatto nel cervello sont autant de titres qu'on regrette de voir apparaitre dans la filmographie du maestro même si de temps à autre émergent fort heureusement quelques
exceptions (Demonia). A cette époque Lucio Fulci va également travailler pour la télévision que ce soit comme producteur ou comme réalisateur. Sollicité en 1989 par la Reteitalia Fulci se voit confier la réalisation des deux premiers épisodes d'un projet nommé Case maledette, un cycle de quatre téléfilms d'horreur sur le thème des maisons hantées destiné à la RAI. C'est Umberto Lenzi qui est chargé de mettre en scène les autres volets. Après l'intéressant et prometteur La casa nel tempo Fulci réalise donc le second opus du projet La dolce casa degli orrori, qui reste à ce jour un des plus mauvais film de son auteur.
Alors qu'il rentre chez lui un couple est massacré par un cambrioleur. Il laisse derrière lui
deux enfants d'environ huit ans, Marco et Sarah. C'est leur oncle et leur tante, Carlo et Marcia, qui vont désormais s'occuper d'eux. Les enfants vivent très mal la mort de leurs parents et ne parviennent pas à accepter de ne plus les revoir. Ils ne s'entendent pas du tout avec leur tante et son mari d'autant plus qu'ils ont décidé de vendre la maison familiale. Dés leur installation dans la demeure d'étranges phénomènes terrifient Carlo et son épouse. Les enfants sont certains que c'est la manifestation de leurs parents. En effet une nuit ils leur apparaissent sous forme de deux petits flammèches avant de reprendre leur apparence humaine. Les enfants sont aux anges de les avoir retrouver. Les fantômes vont tout faire
pour empêcher Carlo et Marcia de vendre la demeure. Croyant la maison hantée par de mauvais esprits ils font finalement appel à un exorciste qui réussit à détruire les spectres au grand désespoir des enfants. Mais ont-ils réellement été détruits?
Mais qu'est-il donc arrivé à Fulci pour qu'il réalise un tel désastre? Au départ La dolce casa degli orrori devait être une fable pour enfants. Les éléments de base étaient là: deux petits orphelins qui pleurent leurs parents tués lors d'un cambriolage les voient revenir auprès d'eux sous forme de deux petits feux follets qui très vite reprennent apparence humaine. Le temps des rires et des jeux est revenu pendant que l'oncle et la tante, dépassés par les
événements, cherchent à vendre à tout prix la maison familiale. Le résultat à l'écran est purement catastrophique. Très mal mise en scène si de mise en scène on peut parler ici l'histoire n'a aucun sens et accumule invraisemblances et incohérences à outrance jusqu'à devenir franchement ridicule. Comédie, parodie, farce, gag pelliculaire on est en droit de se demander ce que Fulci avait en tête lors du tournage du moins s'il était présent car en plus de l'absurdité de l'ensemble le film tout entier semble être en roue libre, comédiens compris. Il est clair qu'il n'y a aucune direction d'acteurs. Tous font ce qu'ils peuvent pour jouer leur rôle jamais convaincants encore moins convaincus. Ils se demandent clairement
ce qu'ils sont venus faire dans un récit que personne ne contrôle, ne comprenant absolument rien ni à ce qui se passe ni aux dialogues improvisés qu'ils récitent. Qu'est donc venue faire Cinzia Monreale dans une telle catastrophe? Espérons qu'elle ait accepté d'y participer par simple amitié pour Fulci à qui elle était très liée. Hébétée la malheureuse passe son temps à hurler et très mal mimer la peur tandis que le français Jean-Christophe Bretignière (vu auparavant dans le porno soft de Jean Luret Le cul de Marilyne, et Les rats de Manhattan) est tout bonnement translucide. Le toujours girond Franco Diogene a longtemps dû se demander pourquoi il avait accepté d'apparaître dans un tel foutoir, réduit à
jouer un agent immobilier malchanceux martyrisé par les spectres taquins. Aux côtés de son gringalet de chauffeur on dirait Laurel et Hardy chez les ritals. Seul le visage austère du toujours excellent Vernon Dobtcheff en prêtre exorciseur réussit le temps d'une trop courte apparition en fin de métrage à apporter quelques minutes de crédibilité malheureusement brisées par l'ultime image.
Le plus insupportable demeure cependant les deux gamins. Rarement avait-on vu au cinéma gosses plus irritants, mettant notre patience à rude épreuve dès le début du film. Ils passent leur temps à rire bêtement, à pleurer, chuiner, renifler en appelant en boucle "Papa!
Maman!". Comme ils sont au centre du récit il n'y a pas une seule scène où ils sont absents, obligeant le spectateur à prendre un valium (deux?) pour qu'il garde son calme. Inutile de dire que dans un tel contexte l'émotion attendue ne fonctionne à aucun moment. On a simplement envie de leur donner à chacun une bonne fessée et les envoyer direct au lit. Bon débarras! C'est Ilary Blasy, future figure de la télévision italienne et épouse de l'acteur Francesco Totti, qui eut la disgrâce de jouer cette petite peste à couettes aux côtés du sosie de Renato Cestié grande époque (ce qui n'arrange rien), Giuliano Gensini.
Les deux garnements se sont visiblement bien amusés sur le plateau, une cour de
récréation pour eux vu la bêtise de bon nombre de séquences dont une qui résume très bien ce grand n'importe quoi horrifique. Alors que notre petite famille quitte en voiture la maison hantée le véhicule s'arrête soudainement et s'élève dans les airs. Les enfants sont morts de rire, l'oncle et la tante paniquent sans plus se poser de questions, se contentant de débiter des âneries. De nouveau sur le sol ils ne trouvent rien de mieux que de faire marche arrière et retourner à la maison, pas même choqués de cette voiture. Juste délirant à l'image même du final tourné en accéléré digne d'un sketch de Benny Hill, une conclusion qui restera dans les annales pour sa débilité. Faut il rire ou pleurer? Chacun trouvera la
réponse selon son humeur ou son degré de tolérance du jour.
L'unique véritable intérêt du film est sans nul doute ses effets sanglants et la violence de la scène d'ouverture complètement gratuite et incompréhensible dans ce contexte, un moment d'anthologie qui laissait augurer du meilleur. Rarement avait-on vu un tel déchaînement de cruauté surtout à une époque où l'Italie s'était depuis longtemps fortement assagie. On peut se demander à juste titre comment Fulci a pu un seul instant penser que ce déferlement de scènes gore pourrait être diffusé sur le petit écran, encore plus avoir sa place au cœur d'une fable enfantine. Reste que les amateurs de gore pur seront ravis d'autant plus que les effets spéciaux sont particulièrement réussis.
Aussi mal insérées soient-elles surnagent ça et là quelques bonnes idées (les feux follets), quelques jolis plans également (les scènes dans le grenier, les jouets...), le tout perdu au milieu d'un gigantesque ratage à aucun moment crédible.
La dolce casa degli orrori est sans nul doute le film le plus mauvais qu'ait jamais tourné Fulci, la cerise sur le gâteau d'une fin de carrière déjà marquée par la médiocrité. Après le plaisant La casa nel tempo pouvait-on imaginer que Fulci allait tomber si bas? Cette Douce maison des horreurs restera le vilain faux pas de cette quadrilogie que terminera avec bien plus de bonheur Umberto Lenzi.