Il fantasma di Sodoma
Autres titres: Les fantômes de Sodome / Sodoma's ghosts / The ghosts of Sodom
Real: Lucio Fulci
Année: 1988
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 84mn
Acteurs: Jessica Moore, Sebastian Harrison, Robert Egon, Claudio Aliotti, Maria Concetta Salieri, Teresa Razzaudi, Zora Kerowa, Joseph Allan Johnson...
Résumé: Alors qu'ils reviennent de la plage, cinq jeunes surfers s'égarent dans la campagne. Ils découvrent une vieille maison abandonnée dans laquelle ils décident de passer la nuit. Très vite, des phénomènes inexpliqués se produisent. Elle est en fait hantée par des officiers nazis qui furent tués quarante ans plus tôt après une nuit d'orgie qu'un d'entre eux a filmé. Les spectres vont lentement prendre possession des jeunes surfers...
Lucio Fulci considérait lui même Les fantômes de Sodome comme étant son pire film. A sa vision oserions nous contredire le Maître? Les fantômes de Sodome tout comme Soupçons de mort et Un gatto nel cervello mais à un degré moindre représentent les ultimes flammes, les braises d'un génie en pleine chute libre dont il ne subsiste que de rares instants noyés dans un océan de n'importe quoi.
Sur une intrigue maintes et maintes fois vue qui rappelle quelque peu Evil dead, Fulci signe un film sans aucune originalité, d'une incohérence et d'une insipidité effarante qui très vite sombre dans le ridicule absolu. On suit tout simplement un groupe de jeunes touristes qui, égarés en pleine campagne, se réfugient dans une vieille maison abandonnée hantée par un groupe de spectres nazis qui vont s'emparer de leur esprit. Sur ce scénario microscopique, Fulci tente vainement de créer un semblant d'atmosphère dans un film qui mêle érotisme softcore et horreur pure. Malheureusement l'indigence de la réalisation, l'interprétation calamiteuse et les dialogues d'une lénifiante bêtise qui par instant atteignent des sommets d'hilarité brisent en quelques minutes seulement les rares bonnes idées et jolies intentions du départ.
L'ouverture du film se veut un hommage au cinéma d'exploitation des années 70 en faisant référence aux fameux nazisploitations et leur érotisme aussi débridé que pervers. Embués d'alcool, un groupe d'officiers SS se livrent en effet à une orgie à laquelle participent quelques putains tandis que l'un d'entre eux filme la bacchanale. Ce long prologue est peut être ce que le film compte de plus réussi même si on regrettera que Fulci demeure si superficiel dans sa peinture de la décadence et de la perversion. Surnagent ça et là quelques plans qui nous ramènent à une époque où ce type de films nous délectaient de scènes audacieuses que Fulci reprend ici sans réelle conviction (la putain allongée sur une table de billard dont le sexe sert de réceptacle).
Par la suite, la banalité va très rapidement prendre le dessus. Les cinq jeunes protagonistes se retrouvent enfermés dans la maison maudite et vont passer leur temps à réciter des dialogues niais tout en agissant contre toute logique. Si la folie les gagne peu à peu, c'est l'ennui qui quant à lui envahit progressivement le spectateur, ahuri face à un spectacle aussi consternant.
Reconnaissons tout de même aux Fantômes de Sodome de trop rares instants qui parviennent à faire illusion. Quelques plans plutôt inspirés et l'utilisation des miroirs à bon escient, la tentative de créer par moment une certaine atmosphère de terreur diffuse (la scène des escaliers), les apparitions de la putain spectrale à demi décomposée et quelques plans gore plutôt répugnants qui font nous souvenir que Fulci fut jadis le spécialiste de la putréfaction.
On retiendra également la présence inquiétante du jeune acteur allemand Robert Egon qui incarne Willy le nazi. Il émerge sans mal d'une affiche particulièrement fade pour ne pas dire mauvaise. Sadique, pervers, il joue beaucoup sur le coté angélique de sa perfide beauté créant un indicible malaise à chacune de ses fantomatiques apparitions. On retiendra notamment une partie de roulette russe face au bovin Joseph Allan Johnson, et surtout la scène d'inspiration très sadienne où après avoir giflé jusqu'au sang une jeune fille, il lèche son sang. Regrettons une fois de plus que la force de ces heureux passages soit fortement amoindrie par une mise en scène paresseuse et insipide.
On évitera de parler du final brutal, abrupt, comme si en manque d'inspiration les auteurs avaient décidé de couper court à l'histoire. Le film maudit (on ne saura jamais pourquoi soit dit en passant) a pour effet de réveiller les zombis SS qui, furieux, tentent alors de décimer les survivants lorsque la maison explose. Les protagonistes se réveillent, hébétés, dans le pré où se dresse les ruines fumantes de la bâtisse alors que le mot Fin apparait. Cette conclusion bâclée et définitivement frustrante prouve à elle seule l'étendue des dégâts. Il est certain que ces fantômes ne risquent de hanter nos nuits.
On sera tout de même heureux de retrouver le temps de quelques rapides scènes la spectrale Zora Kerowa dans le rôle de la putain fantomatique et un Al Cliver grimaçant dans la peau d'un des officiers nazi. A leurs cotés, notons la présence du toujours aussi séduisant Sebastian Harrison, le fils de Richard Harrison , fraichement sorti de Bianco apache, un des jeunes princes du roman-photo, Claudio Aliotti et Jessica Moore vouée une fois de plus aux rôles déshabillés depuis ses exactions dans le fameux 11 jours 11 nuits de D'Amato.