Calamo
Autres titres:
Real: Massimo Pirri
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 107mn
Acteurs: Lino Capolicchio, Valeria Moriconi, Raffaelle Curry, Paola Montenero, Lorenzo Piano, Aldo Reggiani, Paola Senatore, Rubina Rey, Jacques Stany, Dino Aria, Valentino Saint, Rita Live...
Résumé: Riccardo est un jeune séminariste issu d'une famille de la haute bourgeoisie italienne. Déchiré entre sa vocation pour Dieu, ses envies de liberté et ses désirs d'homme, il vit également une relation incestueuse avec sa demi-soeur. L'arrivée d'une communauté hippie va bouleverser sa vie et le mener lentement vers l'auto-destruction...
Massimo Pirri a longtemps été considéré comme un des réalisateurs les plus anticonformistes du cinéma italien et son oeuvre reste parmi les plus controversées de par la façon souvent crue et dérangeante qu'il avait d'aborder ses thèmes, à la limite parfois du cinéma-documentaire.
Càlamo, nom d'une plante dont la forme ressemble à celle d'un sexe féminin, ne fait pas exception.
Pamphlet hérétique, décapant et provocateur de l'importance du sexe dans une vie, de l'église et de la bourgeoisie mise ici en parallèle et du coté destructeur qu'elles peuvent toutes deux avoir sur l'Homme, Càlamo est le portrait corrosif et désespéré d'un jeune séminariste issu de la haute bourgeoise. Déchiré entre sa vocation pour Dieu, son éducation et ses envies d'homme, il vit également une relation interdite avec sa demi-soeur qui lentement vire à l'obsession. L'arrivée d'une bande de hippies aux idées libertaires va encore plus perturber le jeune homme.
A travers les doutes et les obsessions de Riccardo, Pirri brosse un tableau peu éloquent de l'église et de la bourgeoisie à travers ce conte existentialiste et surréaliste, cibles de tout un pan du cinéma transalpin d'alors. Source de frustrations et d'interdits, l'église est une sorte de carcan qui emprisonne l'homme et l'empêche de vivre ses désirs. Elle engendre alors le vice et le mal tant sous forme de fantasmes que d'actes véritables répréhensibles ou défendus.
Lorsque Riccardo habillé de cette soutane qu'il respecte pourtant se donne à sa demi-soeur, Pirri donne à ce geste sacrilège un triple sens: non seulement il bafoue Dieu mais il se laisse aller au péché de chair avec un membre de sa propre famille, un acte répréhensible aussi bien sur le plan religieux que social.
Pirri s'attarde peu sur les travers de cette bourgeoise. Il prend juste le temps de la fustiger l'espace de quelques séquences notamment celle du dîner familial où les envies se libèrent sous la table. Elle n'est qu'une belle façade dorée dont la morale et les principes en sont les briques derrière laquelle se tapissent vices et inceste.
L'arrivée d'une communauté hippie va bouleverser la vie de Riccardo. Ils représentent en effet la liberté tant désirée aussi bien sociale que sexuelle, libres de toute contrainte, libre d'aller et d'aimer. Càlamo est le reflet d'une époque marquée par la liberté des moeurs. On y retrouve donc ces fêtes sous acides aux accents psychédéliques, la communion avec la nature, la spiritualité qui témoignaient de cette ère peace and love.
Prisonnier de ses doutes, de ce qu'il est et voudrait être, incapable de choisir quel chemin prendre, coincé entre son amour pour sa demi-soeur et celui naissant pour la jolie Marina, Riccardo va lentement s'auto-détruire d'autant plus que sa demi-soeur le rejette désormais pour se fiancer à un avocat. Ce qui pour elle était un jeu pervers devient pour Riccardo une obsession et il fera l'impossible pour la reconquérir en vain. Il atteindra le point de non retour le jour où Marina lui avouera qu'elle ne renoncera jamais à la vie communautaire autrement dit à la liberté sexuelle. Sombrant dans la folie il la séquestre et la fera violer par un gang de motards signant sa propre condamnation à mort.
Même si Pirri confessa s'être inspiré de Bunuel pour écrire Càlamo, le film n'en demeure pas moins prétentieux et surtout brouillon monté comme un bric à brac d'images choc et provocantes voire dérangeantes dont l'impact est fortement amoindri par la mise en scène qui n'arrive pas à la hauteur des ambitions du réalisateur. Càlamo perd donc beaucoup de sa force et malgré l'interprétation fort convaincante d'un tout jeune Lino Capolicchio on reste un peu indifférent à cette déferlante de symboles et à l'auto-destruction de ce jeune homme.
Pirri accumule les plans de vomi, symbolisant ce que les personnages rejettent, il ose des séquences particulièrement dures comme la fausse couche de la jeune hippie perdant son sang avant que ses compagnons ne jettent le foetus dans un seau, il multiplie les références christiques d'où n'est pas exempt un certain onirisme ( la scène où Marina et Riccardo font l'amour devant la cage à oiseaux) ou la mort de Riccardo vêtu de sa soutane, allongé en croix au milieu de la route. Il est comme une sorte de nouveau Christ, incompris et rejeté des siens qui l'ont condamné à mort, lynché.
L'ensemble est souligné par la très belle partition de Claudio Tallino déjà responsable de celle de L'uomo la donna la bestia de Cavallone.
Aux cotés de Lino Capolicchio , on retrouvera avec grand plaisir une magnifique Paola Montenero , alors épouse du réalisateur, qui n'a jamais été aussi belle. dir a pour la première et unique fois sublimée son épouse à l'écran, mettant en valeur son corps et cette sensualité à fleur de peau, un peu comme s'il la dessinait. On restera admiratif face aux scène de yoga qu'effectue Paola, véritable élastique humain. Plus discrète, on reconnaîtra Paola Senatore en blonde platine et Valeria Moriconi qui n'a jamais autant ressemblé à Lisa Gastoni .