Un età da sballo
Autres titres:
Real: Angelo Pannaccio
Année: 1983
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 88mn
Acteurs: Karina Hauser, Stefania Rossi, Gloria Bozzola, Antonio Bonifacio, Mauro Bosco, Mary Miller, Fabio Meyer, Walter Lucchini, Valentina Nicol, Domiziano Arcangeli...
Résumé: Giulia, 16 ans, fille d'une artiste peintre et d'un scénariste, passe ses vacances estivales à San Felice. Elle sort avec son petit ami mais pourtant Giulia s'ennuie. C'est alors qu'arrive à la villa de ses parents Paolo, le meilleur ami de son père. Giulia est immédiatement séduite par cet homme à qui elle fait croire qu'elle est majeure. La jeune fille quitte son petit ami et n'a plus qu'un désir, que Paolo la déflore. Elle ignore que sa mère a également des vues sur lui...
Qu'aurait-on pu attendre de Angelo Pannaccio, une des têtes de pont de la pornographie italienne qui de temps à autre, entre deux hardcore, s'amusait à réaliser quelques oeuvrettes toutes plus insignifiantes les unes que les autres à l'exception peut être de son sous Exorciste, Bacchanales infernales, qui reste à ce jour un de ses films le plus connu? Certainement pas un miracle comme le prouve une fois encore cette comédie de vacances, une des moins bonnes que l'Italie ait commise à ce jour.
Pannaccio s'inspire visiblement de l'énorme succès du film de Carlo Vanzina Sapore di mare, agréable comédie juvénile
sablonneuse qui relança alors le genre tout en engendra bon nombre de succédanés, tout en tentant de remettre à jour les comédies aigres-douces de Mario Imperoli et Silvio Amadio dans lesquelles brillait une toute jeune et déjà si audacieuse Gloria Guida. De Sapore di mare Pannaccio emprunte le lieu de l'action, une petite ville maritime, plus précisément San Felice, où la jeune protagoniste passe ses vacances d'été avec sa mère et son père. Une discothèque, un groupe d'amis, une jolie villa avec piscine et quelques mélodies estivales, les éléments de base auxquels Pannaccio y adjoint une adolescente de 16 ans qui, lasse de son petit ami, cherche à se faire déflorer par le meilleur ami de son beau-père, un
séduisant trentenaire à qui elle fait croire qu'elle est majeure. Elle ignore que sa mère est elle aussi intéressée par cet homme avec qui elle rêve de tromper son mari. On reconnait là le schéma classique des comédies d'hier, celles où d'affriolantes mineures cherchaient l'amour et le bonheur interdit dans les bras d'adultes pour échapper à un certain mal être, un mal de vivre auquel elles espéraient ainsi échapper. N'est pas Imperoli ou Amadio encore moins Gloria Guida qui veut, certainement pas Angelo Pannaccio et son oubliable actrice.
Dénué de toute véritable mise en scène cet hybride n'est malheureusement que vide et ennui du début à la fin. L'intrigue embryonnaire est d'une incroyable tristesse, d'une telle fadeur
qu'elle en deviendrait presque sublime. Totalement incapable de développer un scénario pourtant bien peu compliqué, Pannaccio s'étire en longueur, tente quelques diversions souvent sidérantes de bêtise, accumule sans imagination aucune les clichés les plus éculés, l'ensemble délayé dans des dialogues si puérils qu'ils en seraient presque drôles si on avait le coeur à rire ou même à sourire.
Dénué de tout rythme, Un età da sballo ne se rattrape pas même sur ses décors mal photographiés, ses costumes encore moins son interprétation. Tourné sous le soleil hivernal, un comble pour une comédie estivale, San Felice n'est pas vraiment à son avantage
et les jupes et maillots de bain des actrices ne font donc pas vraiment effet cette fois. On a plutôt froid pour elles. Un età da sballo peut cependant se vanter d'avoir à son palmarès le record des costumes les plus laids du genre. Rarement avait-on vu une telle garde robe pour un film dit juvénile à croire qu'une grève a du frapper l'équipe des costumières qui d'urgence s'est peut être rabattue sur la friperie la plus proche! Reconnaissons néanmoins que les costumes sont à l'image des acteurs, pseudo acteurs serait plus juste puisque la plupart sont des inconnus, les amis des amis et autres connaissances du réalisateur qui acceptèrent d'apparaitre par amitié espérons le sans être payés!! Parmi eux surnagent deux
noms, celui de la jeune protagoniste principale, Karina Hauser. Venue d'Allemagne, elle apparut un temps dans quelques romans-photos et n'a que pour seul atout un minois plutôt avenant qui correspond bien à son personnage qui nous offre tout de même un rapide plans de ses seins. Quant au réalisateur Antonio Bonifacio il s'essaie ici sans grande conviction au métier d'acteur en jouant le fiancé quadragénaire de notre lolita années 80. Bonifacio et Pannaccio s'était connus quelque temps auparavant en salle de doublage et s'étaient rapidement liés d'amitié. Bonifacio lui avait promis de jouer dans un des films. Promesse tenue. Bonifacio fut également assistant-réalisateur sur Un età da sballo. On préférera
passer sous silence les autres membres de la distribution, tant pour leur laideur que pour leur piètre prestation. On signalera tout de même pour les plus pointus d'entre nos lecteurs, amateurs de bel éphèbes et chasseurs de noms, la brève présence du blond Fabio Meyer, l'ange aux yeux vert compagnon de Sabrina Siani dans Due gocce d'acqua salata, ici dans le bref rôle du copain qui ramène l'héroïne ivre chez elle, et celle plus que furtive Walter Lucchini, le partenaire de Giovanni Lombardo Radice dans Cannibal ferox. Ceux qui ont l'oeil le reconnaitront anonyme, perdu parmi les danseurs de la boite notamment lors du slow d'ouverture. A signaler que si Danilo Mattei est parfois crédité selon certaines sources, il n'apparait en aucun cas dans le film au plus grand désespoir de ses admirateurs qui
l'auront attendu en vain et durent ainsi supporter l'insupportable.
A sa sortie en Italie le film fut un échec écrasant. Seule la bande sonore réussit à se faire une micro réputation notamment grâce au slow très américain qui sert de rengaine au film, Good bye my lover, et quelques autres titres signés Tulio De Pispoco, Kim and the cadillacs et un certain Phil Nichols, pseudonyme derrière lequel se cache un des membres du groupe italien Matia Bazar (l'illustrissime Sara perché ti amo) auquel on doit un des airs de cette comédie, Today. Ces quelques morceaux font oublier une bande originale d'une atrocité inégalable. A se demander qui sur cette planète pourrait écouter, danser et festoyer sur un
aussi abominable disco synthétique qu'on oserait pas même faire écouter à un malentendant. Est ce la raison pour laquelle les scènes tournées en boite de nuit sont d'une telle mollesse, réalisées sans ferveur, sans énergie, fades et visuellement hideuses? Elles ont au moins une utilité: elles remplissent le film lorsque Pannaccio est en manque d'idées.
Inesthétique, ennuyeux, vide, Un età da sballo est une des plus mauvaises comédies juvéniles que l'Italie ait commis nonobstant un titre bien trompeur (Un âge d'enfer). Ce qui est véritablement infernal ici, c'est l'ennui qu'elle génère et le temps perdu à espérer à se divertir ne serait ce que quelques instants. Si avec Un età da sballo on pouvait penser avoir toucher le fond, Pannaccio fera pourtant encore pire l'année suivante avec Stessa mare stessa spiaggia. Même mer même plage, un rendez-vous où il n'y aura sûrement personne!