Voglia di rock
Autres titres:
Réal: Massimo Costa
Année: 1989
Origine: Italie
Genre: Musical
Durée: 80mn
Acteurs: Karl Zinny, Antonella Ponziani, Robert Egon, Prisca Dindo, Francesco Chiappinelli, David Bisetti, Paola Mariani, Mirko Ferrari, Maurizio Marchetti, Massimo Turra, Daniele Vecchi, Roveno Dall'Olio, Cristiana Baccigotti, Veronica Tinti, Maria Claudia Rossi, Lorenza Mazzetti...
Résumé: Deux groupes de rock s'apprêtent à participer au grand concours de rock annuel, la notte del rock. Le gagnant pourra signer sur un gros label et sortir son album. Il y a d'un coté les Sold out, un groupe de pop rock mélodique mené par Carlo, de l'autre les Leather boys un groupe de heavy metal avec à sa tête Sergio. Carlo et Sergio n'ont de cesse de se chamailler par rivalité bien sûr mais aussi parce que Sergio est amoureux de la petite amie de Carlo. Ils finissent d'ailleurs par coucher ensemble. Pour se venger la petite amie de Sergio séduit Carlo...
Le succès interplanétaire de La fièvre du samedi soir ne pouvait laisser indifférente l'Italie. C'est ainsi qu'un sous filon du cinéma d'exploitation va assez rapidement voir le jour, le film musical pour jeunes dans lequel les Travolta romains et autres rois des discothèques vont se déchaîner sur les pistes de danse. Le premier à voir le jour fut La febbre americana / American fever (1978) de Claudio De Molinis avec pour protagonistes le bellâtre Mircha Carven et une Zora Kerova en passe de devenir une star de l'horreur. Suivirent entre autres Brillantina rock, Baila guappa... et surtout John Travolto... da un insolito destino avec le
sosie criant de vérité de John Travolta et une Ilona Staler en DJ qui enflamme les dance floors. Parmi les derniers à avoir été tournés on trouve le Voglia di rock du regretté Massimo Costa, le fils de Mario Costa, tardivement réalisé en 1989.
Point de concours de danse cette fois, ni de battles sur les dance floors, pas de jeunesse qui s'étourdit sous les spot lights chaque fin de semaine et ne pense qu'à s'éclater sur le rythme endiablé d'airs disco. Voglia di rock (littéralement Envie de rock) risque donc de décevoir ceux qui en attendaient un énième Night fever. Le scénario est embryonnaire. Difficile de croire qu'il fut écrit à six (dont Michele Soavi et Marco Modugno). Voglia di rock
narre tout bêtement la rivalité et les chamailleries auxquelles se livrent Carlo, chanteur d'un groupe de rock mélodique très radiophonique, les Sold out, et Sergio, le guitariste et chanteur d'un groupe de hard rock, les Leather boys. Non seulement les deux groupes sont sélectionnés pour passer un important concours musical quelque part à Bologne, la notte del rock, dont le but est d'élire le jeune groupe rock de l'année qui signera alors sur un gros label mais Sergio est amoureux de Diana, la petite amie de Carlo. Tout deux finissent d'ailleurs au lit. Pour se venger Angela la chanteuse des Leather boys mais également petite amie de Sergio tombe dans les bras de Carlo. Durant quatre vingt minutes ils ne
cessent de se jouer de vilains tours entre deux répétitions avant le grand concours qui clôt le film. Et lorsqu'on parle de vilains tours on reste tout de même très potache (Sergio enferme Carlo dans sa loge afin qu'il rate ses répétitions est un bel exemple). On s'invective, on se prend par le col de chemise (ou plutôt par le T-shirt), on rivalise sur scène pour être meilleur que l'autre le tout sur fond de jalousie amoureuse adolescente. Tout cela ne vole pas bien haut et ce ne sont pas les parties musicales qui changeront la donne. On se croirait plus dans une sitcom façon Hélène et les garçons à l'italienne et leurs fameuses "répéts" que dans un vrai concours de rock. Si très souvent la bande originale de ce type de pellicules
donne envie de taper du pied, de bouger devant son écran ce n'est malheureusement pas le cas ici. Les chansons et mélodies sont assez fades, oubliables, peu entrainantes. On retiendra uniquement le morceau qu'interprètent les Leather boys lors du concours final, puissante et énergique, un vrai morceau de heavy chanté avec conviction par un Sergio déchainé.
En fait si Voglia di rock se laisse gentiment regarder c'est surtout et avant tout pour son coté très fin années 80 début années 90, cet esthétisme, ce look typique de cette époque, le concours final (soit les dix dernières minutes) et sa distribution. On appréciera les looks
"post new wave" (maquillage noir, cheveux décolorés ébouriffés...), les tenues métal des Leather boys tout en chaines, cuir noir, jeans déchirés, cheveux longs, l'attirail du parfait petit métalleux qui allume de temps à autre un joint et boit insolemment une bière. Mötley crue, Poison notamment semblent les avoir influencé. On se fera un plaisir de revoir le séduisant Karl Zinny dans le rôle du gentil Carlo, très sage niveau look ici. On se laissera étourdir par la présence de plus en plus androgyne du regretté Robert Egon (découvert aux cotés de Florence Guérin dans l'érotique Profumo de Giuliana Gamba puis revu dans le rôle du jeune nazi blond des Fantômes de Sodome et dans notamment Massacre de Bianchi) dans la
dégaine très branchée de Sergio le hair-metal guitarist. Simplement à tomber! Lors d'une interview qu'il donna Egon confia que parmi les quelques films qu'il avait tourné il n'en aimait aucun à l'exception de celui ci car il s'y était vraiment amusé. Les deux atouts féminins sont ici Antonella Ponziani et l'éphémère Prisca Dindo. Ajoutons à ces points positifs quelques moments involontairement drôles plus particulièrement celui où Antonella Ponziani entre dans la salle de bain où Karl Zinny prend sa douche et s'exclame: "mais tu es tout nu"? S'attendait-elle à ce qu'il prenne une douche tout habillé? La scène est rigolote (et se termine en bataille de mousse à raser) mais on regrettera surtout de voir Zinny simplement
torse nu! Frustrant.
Très coloré, Voglia di rock fut l'un des tout derniers musical italiens clôturant ainsi cette petite liste de films qui surfèrent sur la vague de Night fever en la mettant ici au gout du jour, passant du disco au rock. Le résultat est malheureusement peu convaincant car bien fade et mollasson. On était en droit d'espérer quelque chose de plus décoiffant, de plus énergique et d'un peu plus solide narrativement parlant. Le film de Costa reste cependant une petite
pièce de collection pour l'amateur puisqu'il est totalement inédit en DVD à ce jour. Il est devenu au fil du temps difficilement visionnable. Seuls une vieille VHS italienne médiocrissime quasi irregardable et un antique passage télévisé sur une chaine italienne tout aussi mauvais restent aujourd'hui l'unique moyen de découvrir cette pellicule musicale très discrète.
Massimo Costa décédera à l'hôpital à seulement 52 ans quelques temps plus tard lors d'une transplantation. Ce film restera donc une de ses rares réalisations.