Natura contro
Autres titres: L'enfer vert / Cannibal holocaust 2 / Yellow paradise / Paradiso infernale
Réal: Antonio Climati
Année: 1988
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 90mn
Acteurs: Antonio Merlo, Fabrizio Merlo, May Deseligny, Pio Maria Federici, Bruno Corazzari, Roberto Ricci, Sasha D'Arc, Sal Borgese, Jessica Quintero, David Maunsell, Roberto Alessandri...
Résumé: Quatre amis dont un anthropologue partent en pleine jungle afin de retrouver un professeur américain qui a disparu mystérieusement. Ils tombent alors sur une bande de malfrats, chasseurs de trésor, dont un des passe-temps est de tuer les indigènes. Les quatre amis sont alors fait prisonniers. Ils tentent de s'échapper mais ils sont poursuivis par les mercenaires. Dans cette jungle qui des malfrats ou des indigènes sont les plus dangereux?
Contrairement à ce que son titre pourrait laisser supposer, L'enfer vert n'a rien avoir avec celui décrit dans Cannibal Holocaust dont il est un des lointains cousins. Tourné plus de dix ans après la déferlante de films de cannibales, Natura contro n'en garde seulement que le titre et quelques éléments épars.
Le film de Antonio Climati, réalisateur surtout connu pour ses redoutables mondos africains dans les années 70 aux cotés de son complice Antonio Morra (Africa addio, Addio Zio Tom, Derniers cris de la savane ou Mondo violence),
est en effet une petite série d'aventures exotiques, un voyage
anthropologique bon enfant dans lequel l'amateur d'atrocités graphiques
sera lourdement déçu tout comme le novice qui se laisserait tenter par
le plus que mensonger et risible titre publicitaire Cannibal Holocaust 2. Natura contro n'est en effet en rien une séquelle au célèbre film de Deodato.
Malgré la présence de quelques indigènes, quelques indiens maquillés et grimés, L'enfer vert
reste plutôt discret quant aux séquences sanguinolentes, d'horreur et
surtout de cannibalisme dont il est strictement dépourvu. En fait, le
film est un joli périple non dénué d'humour au coeur de la forêt
amazonienne durant lequel on suit quelque peu distrait l'expédition
organisée par un groupe d'étudiants qui vont aller de péripéties en
péripéties. L'humour est malheureusement un peu trop présent même lors
des séquences supposées
être les plus virulentes brisant encore un peu
plus l'atmosphère moite et étouffante que Climati tente
de créer plus ou moins en vain. Volontaire ou non, on devine un certain
parti-pris du cinéaste pour le non sérieux. La scène où les
redoutables mercenaires au faciès patibulaire dont un arborant une
dentition particulièrement cariée demande aux étudiants de baisser leur
pantalon, c'est pour que ceux ci, après un compte à rebours soigneux,
fonce tous ensemble sur les malfrats, le pantalon aux chevilles, pour
mieux les désarmer à grands renforts de répliques lénifiantes de
stupidité. On aura du mal à ne pas pouffer de rire mais
cette séquence
résume malheureusement à elle seule L'enfert vert.
Le film entier est à cette image, une pantalonnade tropicale (dépantalonnade?),
une gentille série B de jungle dans laquelle on s'accorde l'espace de
quelques rares instants quelques doux frissons.
On devine que les
acteurs dont le jeu est souvent assez quelconque ont dû beaucoup
s'amuser durant le tournage. C'est au moins ça! Parmi eux on reconnaitra
les frères Fabrizio et Antonio Merlo, le vétéran Sal Borgese et le maitre d'arme du cinéma Bis italien, Sasha D'Arc.
Premier film de fiction que réalisa Climati après avoir dédié sa carrière au mondo, L'enfer vert n'est jamais que le reflet d'un cinéma de genre transalpin moribond. Certes, Climati sait
filmer la jungle, il a des années de métier derrière lui, comme il sait
filmer les animaux avec lesquels il s'amuse en les maltraitant de façon
assez sage cette fois, époque oblige. Araignées, serpents, fourmis,
singes, crocodiles sont ainsi au rendez-vous afin de donner un peu de
fil à retordre à nos aventuriers en herbe. On saupoudre le tout d'un
zeste de nudité tout aussi sage et de quelques trop douces tortures (on
aime surtout déculotter les victimes
pour qu'un serpent leur morde le
sexe). On y ajoutera un zeste d'euro-trash, ici une sangsue qu'on retire
de l'anus d'un indigène et le tour est joué. Exempt de violence
graphique, d'atrocités en tout genre et autre débordement sanglant le
film de Climati se résume simplement à une
course-poursuite houleuse à travers une forêt amazonienne moite et dense peuplée
d'indigènes trop peu sauvages, au demeurant très belle, entre une bande
de jeunes aventuriers et une poignée de mercenaires sales et mal rasés
qui suent sang et eau.
Tout est bien qui finit bien et le film se
terminera par un superbe lâché de ballons des plus allègres dans un
magnifique ciel bleu au retour de nos jeunes protagonistes. Cette image
traduit bien ce qu'est cet Enfer vert: un bel amusement exotique.
Si beaucoup seront déçus à sa vision, trop habitués aux excès d'un cinéma qui n'est plus, L'enfer vert qui se range facilement auprès de L'esclave blonde de Mario Gariazzo
auquel il ressemble par bien des points doit être simplement vu comme
un petit film de vacances fort mouvementées, une sorte de soirée diapos
entre amis tendance écolo sans aucune autre prétention que de
distraire. A ce niveau, le réalisateur a gagné son pari même si on
attendait autre chose de sa part.