Strike commando
Autres titres: Strike commando: section d'assaut / Kobra commando / Fuerza cobra / Cobra force
Réal: Bruno Mattei
Année: 1986
Origine: Italie
Genre: Guerre
Durée: 104mn
Acteurs: Reb Brown, Mike Monthy, Christopher Connelly, Alex Vitale, Luciano Pigozzi, Loes Kamsteeg, Jim Gaines, Edison Navarro, Karen Lopez, Juliet D. Lei, Rose De Guida, Philip Gordon, James McKenzie...
Résumé: Un commando d'élites est massacré lors d'une mission sur une base vietcong par la faute du colonel Radek. Le seul survivant de l'escadron est le sergent Ransom. Laissé pour mort il est recueilli et soigné par un vieux maquisard anticommuniste qui est à la tête d'une petite communauté pro-américaine. Lorsque la communauté est détruite par un agent soviétique nommé Jakoda, un allié de Radek, Ransom jure de se venger...
Alors que la folie Rambo (et Rambo 2) s'abat sur notre planète suivi d'autres blockbusters hollywoodiens comme Platoon, Portés disparus et autres Red scorpion l'Italie s'engouffre dans ce riche filon et signe ses propres versions, donnant naissance à tout un nouveau sous-filon du cinéma de genre judicieusement nommé Ramboxploitation. Le milieu et la fin des années 80 vont dés lors voir défiler tout une série de sous Rambo, sous Platoon, sous Porté disparus, parfois les trois ensemble, apportant tant que bien que mal un nouveau souffle au cinéma Bis transalpin depuis déjà bien longtemps à l'agonie. Bruno Mattei va
dés 1986 suivre la trace de Antonio Margheriti (pour le meilleur) et de bien d'autres confrères et réaliser en trois ans cinq Ramboxploitation. Strike commando est le premier de cette série.
En pleine guerre du Viet-Nam le sergent Michael Ransom représente l'élite des commandos spéciaux des forces américaines. Le but de sa dernière mission menée par le redoutable colonel Radek est de détruire une base vietcong. Lors de l'assaut du camp la quasi totalité du commando de Ransom est tuée faute aux directives de Radek qui n'a pas
su gérer la situation. Alors que tout le monde le pense mort le sergent Ransom, à l'agonie, est recueilli par un village pro-américains, des maquisards asiatiques dirigés par un vieil original anti-communiste français et alcoolique surnommé Le Duc. Ransom est soigné et remis sur pied. Il se lie d'amitié avec Lao, un enfant du village qui très vite est assassiné par Jakoda, un officier soviétique allié des Vietcongs. Jakoda ordonne ensuite le massacre du village. Rongé par la haine Ransom jure de se venger et de tuer Jakoda. Pour se faire il va se servir de sa mission comme couverture. Il doit en effet ramener à la CIA la preuve de la présence de soviétiques sur le territoire vietcong. Il est malheureusement capturé et torturé
par les hommes de Jakoda. Il parvient cependant à s'échapper. Après avoir réduit à néant l'équipe de Jakoda et Jakoda lui même, il ne lui reste plus qu'à affronter Radek
Comment est née l'idée de Strike commando? Au départ Mattei n'avait pas vraiment dans l'idée de faire un film de guerre. Il devait tourner un film aux Philippines mais impossible pour lui et le producteur Gianfranco Couyoumdjan (L'enfer des zombis) de trouver une histoire. Mattei appela un autre producteur, Franco Gaudenzi, qui lui suggéra un film exotico-érotique dans la lignée de L'ange bleu. Ils partent alors en repérage aux Philippines et c'est là que le destin met sur leur route l'acteur Luciano Pigozzi, l'inséparable ami de Antonio Margheriti
pour qui il avait déjà tourné quelques films de guerre. Pigozzi leur suggéra d'en faire autant, le genre ayant alors le vent en poupe. L'acteur connaissait les Philippines comme sa poche. Il leur trouva les lieux de tournage, l'équipe locale, demanda aux artificiers et techniciens avec qui Margheriti travaillait de s'investir auprès de Mattei. Très inspiré par Rambo 2 Claudio Fragasso se mit rapidement au scénario aidé par Mattei. Strike commando était né. Le tournage débuta quasi immédiatement avec Reb Brown (l'ex-Capitaine America version 1979 et futur Yor) en vedette principale, quelques vieux couteaux du Bis tel ce roublard de Mike Monthy et la population locale en guise de soldats et figurants. Les
conditions de tournage étaient particulièrement précaires, Mattei n'avait aucun maitre d'armes et chaque jour était une véritable aventure. Difficile de faire un bon film. Voilà très certainement pourquoi Strike commando comme le reconnaissait le célèbre cinéaste donne souvent l'impression de bâclage, d'improvisation, un sentiment aggravé par le jeu consternant de médiocrité de l'inexpressif Reb Brown qui passe la plupart de son temps à grimacer et hurler à tout va, une seule et unique expression figée sur son visage bovin. Difficile de croire en son personnage comme il est difficile d'adhérer à ce scénario écrit en quelques jours qui multiplie incohérences, improbabilités et bêtises, stupidités sur fond
d'effets pyrotechniques. C'est d'ailleurs très certainement ce qui sauve le film, son principal atout, sa pléthore d'explosions, de luttes furieuses, de rafales de mitraillette, d'assauts en tout genre et quelques effets gore bienvenus comme ce cadavre putride rongé par les vers émergeant d'une rivière. Au delà de l'aventure, de l'action omniprésente, aucun temps mort ici, Mattei enchaine péripéties sur péripéties de manière alerte, c'est surtout et avant tout l'hilarité qui l'emporte durant la majeure partie du métrage pour le peu qu'on visionne cette mission guerrière en compagnie de quelques collègues bons vivants qui se prendront forcément au jeu face à cette farce guerrière digne d'une cour de récré pour bourrins.
On reste en effet par moment pantois devant autant d'âneries accumulées en une heure trois-quart, un record pour ce film à ranger non pas dans la catégorie série B comme beaucoup d'autres Ramboxploitation mais dans celle des pures (pires,) séries Z. Et ce n'est certainement pas l'interprétation qui pourra cette fois bouleverser cette classification puisqu'on est ici en dessous du degré zéro. Outre l'anti charismatique et bovin Reb Brown qui beugle, bandana vissé au front, durant plus d'une heure et nous prouve son absence totale de talent, difficile de jouer plus que mal que ce Rambo d'opérette, (une prestation quasi surréaliste disons-le) on retiendra la présence du frère jumeau du Bonhomme
Michelin croisé avec Mr Propre, le stéroïdé Alex Vitale, un ex-culturiste qui le temps de quelques films (essentiellement des post-nukes) joua les acteurs. Il campe ici Jakoda, un des méchants les plus ridicules du 7ème art, une sorte de bull-dog sur jambes dont le rôle atteint des sommets de n'importe quoi lors de son face à face avec Ransom. Le vétéran Mike Monthy semble amidonné en sous Trautman. Luciano Pigozzi en bon copain fait une brève apparition puis meurt étranglé. Quant au pauvre Christopher Connelly, ex-star du petit écran qui finit sa carrière dans le Bis italien il endosse l'uniforme de Radek. Il mourra deux ans plus tard emporté par un cancer.
Parmi les Ramboxploitations et autres sous Platoon italiens Strike commando est très certainement un des plus mauvais, un des plus hilarants également. Voilà une sorte d'OVNI guerrier à voir au quarantième degré si toutefois on arrive à le visionner jusqu'au bout sans faire avance rapide ou sans arrêter son lecteur carrément, vaincu par tant de puérilité. Les amateurs de Z puissance cosmique seront ravis, ceux qui aiment rire à déployée entre amis un soir de convivialité seront aux anges. Les autres aussi indulgents soient-ils ne pourront que pousser des soupirs de désespoir. Etrangement le film connut un tel succès tant en Italie qu'à l'étranger que Mattei mit une pseudo séquelle en route l'année suivante, Trappola diabolica / Strike commando 2: mission suicide, bien plus carré, un brin plus sérieux (ce n'était pas difficile) et surtout sans Reb Brown. Hallelujah!