Il conto è chiuso
Autres titres: The last round
Réal: Stelvio Massi
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Noir
Durée: 95mn
Acteurs: Carlos Monzón, Luc Merenda, Giampiero Albertini, Mario Brega, Leonora Fani, Mariangela Giordano, Gianni Dei, Susana Giménez, Luisa Maneri, Claudio Zucchet, Nello Pazzafini, Giovanni Cianfriglia, Claudio Ruffini, Renato Basso, Marcello Venditti, Franco Maria Salamon, Attilio Severini, Elio Bonadonna, Artemio Antonini, Fortunato Arena, Salvatore Biondo, Angelo Boscariol, Nazzareno Cardinali, Ottaviano Dell'Acqua, Giuseppe Mattei, Mimmo Poli, Sandro Scarchilli...
Résumé: Marco Russo débarque dans une petite ville du nord de l'Italie. Dés son arrivée il prend à parti le patron d'une usine qui veut licencier abusivement cinq de ses employés. Puis il apprend de la bouche d'un vieux pêcheur que la ville est sous la domination de deux clans mafieux, les Manzetti et les Belmondo. Malgré les sages conseils du pêcheur Russo décide de rester en ville et réussit à intégrer la bande de Manzetti. Il met un plan afin que les deux clans se fassent la guerre pour mieux les détruire. Mais pour quelles raisons fait-il cela?
Pilier d'un genre très à la mode dés le milieu des années 70, le polizesco (ou poliziottesco) autrement dit le polar à l'italienne, aux cotés de réalisateurs tels que Umberto Lenzi, Sergio Martino et Enzo G. Castellari Stelvio Massi réalisa une quinzaine de pellicules du genre entre 1974 et 1980, toutes ayant pour points communs leur nervosité, leurs scènes d'action et autres cascades souvent spectaculaires. Avec Il conto è chiuso, resté inédit en France, il touche à un style parallèle légèrement différent mais tout aussi violent ici, le film dit noir, le film mafieux.
Marco Russo, un jeune italien originaire du sud, débarque dans le nord du pays dans une petite ville touchée par le chômage pour y trouver du travail. Dés son arrivée il est témoin d'une scène qui le met hors de lui. Un industriel véreux peu soucieux des lois syndicales, Beni Manzetti, renvoie manu militari cinq de ses employés, prêts à user de la violence s'ils refusent de quitter son usine. Marco met hors d'état de nuire ses sbires. Il se rend ensuite chez un vieux pêcheur surnommé Sagesse qui vit seul avec sa jeune nièce aveugle. Il lui apprend que la ville est sous le contrôle de deux clans qui se la partagent en faisant toujours attention que personne ne marche sur les platebande de l'autre. Il y a d'un coté les
frères Belmondo spécialisés dans la prostitution, de l'autre les Manzetti spécialisés quant à eux dans la contrebande et dirigés de main de fer par l'impitoyable Rico Manzetti. Malgré les conseils de Sagesse de rester loin de tout ça et de tracer sa route Marco réussit à se faire embaucher par Rico. Il va alors jouer en douce sur les deux tableaux afin que les deux clans se déchirent et se fassent la guerre pour mieux les détruire. Son objectif secret: atteindre Rico Manzetti et le tuer de ses propres mains. Bien des années plus tôt il a en effet assassiné de sang froid sa femme et sa fille dont il garde la photo à l'intérieur d'une petite boite à musique.
Il ne faut donc pas se méprendre, Il conto è chiuso n'est pas du tout un polar, il s'agit bel et bien d'un film noir dont le scénario est tiré d'un roman "Les moissons rouges" écrit par le spécialiste du genre Dashiell Hammett. Mais c'est surtout le remake urbain (et contemporain) du film de Sergio Leone Pour une poignée de dollars sur lequel d'ailleurs il travailla. Massi n'a donc rien inventé. Ce n'est pas l'originalité qu'il faut chercher ici. L'intrigue de ce Conto è chiuso est d'une extrême simplicité. Mais aussi linéaire soit-il, par conséquent prévisible et bien peu dénué de suspens, ce noir s'avère parfaitement réussi et surtout captivant. C'est avec un intérêt certain et pas mal de plaisir qu'on suit le parcours
de cet homme énigmatique débarqué en ville (jamais nommée) pour d'aussi secrètes raisons, en fait une vengeance personnelle, qui très habilement va se faire s'affronter les deux clans mafieux qui règnent sur la ville afin qu'ils se détruisent. A ce niveau Il conto è chiuso est une pellicule plutôt sombre, assez violente et surtout fort efficace grâce à une mise en scène rigoureuse ne laissant place à aucun temps mort, l'ensemble saupoudré d'un zeste d'émotion distillé par le personnage de Sapienza (Sagesse), un vieux pêcheur désillusionné qui vit seul avec sa jeune nièce, une adolescente aveugle, dans une vieille bicoque perdue au milieu de nulle part quelque part aux abords de la ville.
Un des gros atouts de ce noir est son interprétation, plus précisément celle de ses deux principaux protagonistes, le boxeur Carlos Monzon (Marco) et Luc Merenda (Rico). Avoir eu l'idée de d'offrir le rôle de Marco au célèbre boxeur (il a combattu de 1970 à 1977) se révèle une excellente idée. Pour un non professionnel Monzon s'en tire très bien, même très bien. Il est surtout très crédible dans la peau de ce personnage taciturne et tourmenté, assoiffé de vengeance qui rappelle par bien des aspects y compris physiquement un Tomas Milian voire un Clint Eastwood. Quant à Luc Merenda, loin de ses rôles habituels de flics, il campe à la perfection un mafieux impitoyable, cruel, sanguinaire qui par instant parviendrait
presque à faire frissonner. Les seconds rôles sont aussi efficaces même si un peu plus en retrait, une mention spéciale à Giampiero Albertini (Sagesse) tout particulièrement touchant. Gianni Dei est égal à lui même. Mario Brega est le chef mafieux par excellence. Parmi les hommes de main on reconnaitra quelques "gueules" récurrentes du Bis italien, des visages familiers tous spécialisés dans les rôles de vilains dont Nello Pazzafini, Giovanni Cianfriglia et Ottaviano Dell'Acqua. Point de polar, de noir ou tout autre pellicules de genre sans atout charme représentée ici par Mariangela Giordano qui n'a au final que peu de scènes, la jeune Luisa Maneri (Lezioni private, La settima donna, Body count) avec qui Luc Merenda
entretient une relation trouble et l'ex-modèle argentin et ex-compagne de Monzon Susana Gimenez. Mais la présence qu'on retiendra le plus est celle de Leonora Fani dans la peau de la jeune aveugle, un personnage plutôt troublant qui dans ce contexte donne au film une aura quelque peu morbide, quasi fantastique. Comme d'habitude l'ex-lolitrash interprète une adolescente que Massi ne se gêne pas de déshabiller ni de faire violer lors d'une longue scène certes attendue mais assez dérangeante, malsaine, et totalement muette.
Plus qu'un simple film noir Il conto è chiuso peut-être vu comme un western urbain qui reprend bon nombre des codes du genre tout en s'inspirant des grands classiques à qui il
emprunte ça et là des éléments. Outre l'hommage ouvert à Leone on notera des références à Sergio Sollima pour Corri uomo corri / Saludos, hombre et La resa dei conti / Colorado quant au personnage de Cuchillo dont Marco se rapproche ainsi qu'au Django de Sergio Corbucci pour les blessures qui lui sont infligées aux mains. Même s'il n'est en rien innovateur, aussi prévisible soit-il Il conto è chiuso est un noir d'excellente facture, fort divertissant, prenant, une très bonne surprise pour les amateurs du genre et... les autres.