Lezioni private
Real: Vittorio De Sisti
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Drame / Erotique
Durée: 89mn
Acteurs: Carroll Baker, Rosalino Cellamare, Leonora Fani, Emilio Locurcio, Costantina Petkova, Carlo Giufrè, Leopoldo Trieste, Renzo Montagnani, Femi Benussi, Rossano jacenti, Eugene Walter...
Résumé: Les années 50. Laura Formenti, une ravissante professeur de piano quadragénaire, vient enseigner dans une petite ville. Alessandrino, 17 ans, puceau, tombe sous son charme. Il commence à prendre des leçons particulières, troublé par sa beauté. Son meilleur ami, le frère de sa petite amie avec qui il vit une relation platonique, remarque son attirance pour l'enseignante. Jaloux, il va mettre en place un terrible chantage. Il prend des photos compromettantes de la pianiste et la fait chanter. Elle devra obéir à tous ses désirs, réaliser ses fantasmes les plus abjects si elle ne veut pas voir sa réputation et sa carrière brisées...
S'il a essentiellement travaillé pour la télévision Vittorio De Sisti a débuté sa carrière de metteur en scène dés la fin des années 60 avec notamment un sexy mondo L'Angleterre nue. C'est en 1972 qu'il signe son premier vrai grand succès avec une excellente décamérotique Fiorina la vache suivi d'un drame érotique morbide comme l'Italie savait si bien en fabriquer en ce début de décennie, Quando l'amore è sensualità. Pour son film suivant, Lezioni private, De Sisti comme beaucoup d'autres de ses confrères à cette époque va ouvertement s'inspirer de Malizia de Salvatore Samperi puisqu'il va mettre en scène les premiers émois sexuels d'un adolescent de 17 ans encore puceau, Alessandrino, tombé amoureux de Laura Formenti, sa professeur de piano, une jolie et très raffinée quadragénaire venue lui donner des cours particuliers sous le toit familial. Sur cette base d'intrigue somme toute classique De Sisti va y ajouter un affreux chantage qu'un des camarades d'Alessandrino, Gabriele, va mettre en place. Jaloux de cette relation naissante il va réussir à se procurer l'adresse de la professeur, la photographier en secret alors qu'elle se donne du plaisir, lascive, seule dans sa chambre et l'obliger ainsi à faire tout ce qu'il veut pour assouvir ses instincts pervers. Jamais en manque d'imagination, il va mettre tout en oeuvre pour l'avilir, l'humilier, la forcer à se comporter comme une putain et la jeter dans les bras d'Alessandrino. Le sort aidant la professeur va finalement se libérer de son emprise et retourner la situation contre lui mettant à jour ses réelles motivations. Il est en fait homosexuel. Epris d'Alessandrino il ne pouvait accepter leur relation. La fin d'année approchant la professeur quitte la ville vers d'autres aventures après avoir tout de même déniaisé le garçon qui trouvera enfin l'amour auprès de son amie Emanuela.
La sexualité, les fantasmes et les turpitudes de l'adolescence, les troubles qu'ils génèrent parfois, la découverte de son corps, les attirances particulières et les amours interdites intergénérationnelles ont été dans les années 70 au coeur de bien de comédies juvéniles teintées d'une bonne dose d'érotisme morbide, d'un soupçon plus ou moins important de perversion. Lezioni private ne fait pas exception à la règle et se noie aisément dans la production d'alors. De Sisti ne fait que réutiliser les éléments du genre à savoir un adolescent de bonne famille toujours puceau qui rêve de perdre sa virginité, quelques amis beaucoup plus dévergondés et quelques jeunes filles en fleur, une mère poule, une domestique peu farouche et très attirante, un oncle bon vivant et l'élément déclencheur, source de tous les troubles, l'arrivée d'une splendide professeur de piano quadragénaire sur laquelle tous les étudiants vont fantasmer. Et dire que l'Italie s'est faite spécialiste des professeurs affriolantes n'est qu'un doux euphémisme tant la liste des films est conséquente.
Lezioni private diffère cependant quelque peu des sexy comédies traditionnelles non pas parce que l'histoire se situe dans les années 50 mais par le ton employé d'une part, l'atmosphère vénéneuse que le metteur en scène tente d'instaurer d'autre part, seul véritable intérêt du film à vrai dire. il démarre réellement avec la mise en place du chantage orchestré par l'ami d'Alessandrino, pervers, cruel basé sur l'avilissement et l'humiliation. Femme respectueuse qui a du travailler dur pour accéder à son poste d'enseignante, Laura pour ne pas tomber en disgrâce et perdre tout ce qu'elle acquis va devoir se soumettre aux fantasmes les plus abjects de l'adolescent qui la transforme en putain. Elle devient sa marionnette, un simple objet de haine qu'il manipule sous les yeux d'Alessandrino qui participe contre son gré à ces jeux odieux dont on retiendra deux moments forts. Impossible en effet d'oublier le décroisé de jambes de Laura, nue sous jupe, forcée de les écarter face à la classe lorsqu'elle donne ses cours, preuve qu'il n'a pas fallu attendre Sharon Stone pour observer l'intimité d'une blonde pulpeuse.
Plus surprenante est l'épilation contrainte et collective de Laura, vertement réprimandée pour avoir les aisselles négligées. Le deux amis vont donc s'occuper chacun d'un bras avant de la déshabiller entièrement, l'occasion rêvée pour De Sisti de jouer avec quelques allumettes sur son derrière puis détailler l'intimité de l'enseignante dont le sexe n'aura plus aucun secret pour le spectateur voyeur, une scène morbide, quelque peu troublante, tournée dans une semi pénombre moite qui devrait étourdir tous les amateurs d'érotisme aussi cru que vicieux.
Cette séquence est d'autant plus étonnante qu'elle tranche avec le coté plutôt sage du film qui se contente de dénuder gentiment ses protagonistes dans une ambiance souvent fleur bleue.
Lorsqu'elle reprendra les choses en main et retournera la situation contre son instigateur qu'elle aura pris soin d'humilier à son tour en le jetant à demi nu sur son lit avant d'expliquer à Alessandrino son comportement, on ne sera guère surpris d'apprendre l'homosexualité de Gabriele maladivement jaloux de cette intruse qui risquait de lui voler son bel oiseau. Les plus malins auront flairé depuis longtemps cette révélation finale amusante. Qu'on se rassure. Même chez De Sisti la morale est sauve et la vie belle. Si la pianiste dépucellera le garçon c'est bel et bien dans les bras d'Emanuela, sa petite amie, qu'il trouvera le vrai amour. Tout rentre dans l'ordre, chaque chose à sa place, une conclusion qu'on pourra trouver un peu trop mièvre pour un tel sujet.
Outre la perversité du chantage en lui même, les autres grandes forces de Lezioni private sont sa très jolie photographie, presque solaire, qui met en valeur les divers protagonistes, la beauté de ses décors raffinés et les musiques suaves de Franco Micalizzi. La grande attraction du film reste cependant son héroïne principale, Laura, interprétée par Carroll Baker, ex-lolita des années 60 et actrice fétiche des sexy gialli de Lenzi, qui à 44 ans osa accepter un tel rôle. Certes mature mais encore très jolie pour son âge, Carroll se soumet sans mot dire aux exigences de son jeune maitre chanteur, toujours très professionnelle, très digne. Rien que pour cette sidérante performance le film vaut d'être vu, une curiosité tout à fait malsaine qui toutefois génère quelques questions. Comment Carroll a t-elle pu ainsi se laisser aller? Sa carrière italienne alors sur le déclin elle dut en effet comme d'autres de ses consoeurs vieillissantes apparaitre dans des bandes érotiques plus ou moins scabreuses afin de rester dans la lumière. On sait que Carroll déteste sa période transalpine et n'aime guère l'évoquer. Ce n'est certainement pas Lezioni private qui la fera changer d'avis. Il faut tout de même avouer qu'aussi radieuse soit elle, aussi lumineuse, quelque soit la réussite de sa prestation, elle n'est pas forcément l'actrice requise pour ce rôle. Carroll a peut être une beauté trop américaine, trop lisse, trop froide comparée à certaines comédiennes italiennes spécialisées dans ce type de films qui auraient sûrement donné à Lezioni private une autre dimension, plus chaude, plus trouble. Il est important de préciser que pour les plans les plus intimes notamment la visite du sexe de Laura il s'agit d'une doublure ou non pas de Carroll qui ne serait pas tombée aussi bas... espérons le!
Aux cotés de l'ex-baby doll de Kazan on retrouvera une distribution de choix dont l'indispensable Femi Benussi dans le tablier de la soubrette, un court rôle où elle a cependant le temps de se mettre nue et de faire une fellation à notre jeune puceau, Renzo Montagnani, la toujours aussi candide Leonora Fani en jeune fille en fleur Hamiltonienne, ravissante, l'extravagant Carlo Giuffré et l'apparition de Leopoldo Trieste en exhibitionniste ouvrant son imperméable devant des enfants, une séquence aujourd'hui totalement impensable.
C'est un tout jeune et encore imberbe Rosalino Cellamare qui interprète Alessandrino, plus connu aujourd'hui en Italie sous le pseudonyme de Ron. Peu actif au cinéma, Rosalino s'est très vite orienté vers d'autres branches artistiques plus exactement la chanson. Il est un chanteur de variété très populaire aujourd'hui encore en Italie. Rosalino/Ron qui nous offre quelques plans de nu intégral frontal avec Leonora lors d'un final champêtre, fleuri, particulièrement romantique, renierait ce film qu'il tenterait dit-on de faire retirer de sa filmographie. Son ami est quant à lui joué par Jossano Jacenti, figure générique entraperçue dans quelques films dont Cuore di mamma, Au nom du père et Le messie de Roberto Rosselini.
Comédie douce amère saupoudrée de quelques pointes d'audace, mise en scène de manière élégante, soignée, Lezioni private est un agréable divertissement coquin dont la noirceur de certaines scènes ravira un certain public qui plus est toujours fébrile de retrouver quelques grands noms du cinéma de genre dont Femi Benussi et Renzo Montagnani. Les autres la trouveront simplement anodine... si on peut toutefois qualifier d'anodine Carroll Baker, grand attrait du film. Et voir Carroll se faire ainsi humiliée est un plaisir coupable source de bien des excitations!
Pour apprécier pleinement le film mieux vaut se procurer le DVD uncut qui intègre la totalité des scènes érotiques et les plans de nu intégral exemptes des versions télévisées et des vidéos qui circulent ordinairement.