La settima donna
Autres titres: Terror
Réal: Franco Prosperi
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Rape and revenge
Durée: 85mn
Acteurs: Ray Lovelock, Florinda Bolkan, Sherry Buchanan, Laura Trotter, Flavio Andreini, Karine Vellier, Stefano Cedreti...
Résumé:Un groupe de jeunes étudiantes accompagnée d'une religieuse vont passer le week-end dans une villa au bord de la mer afin d'y répeter tranquillement leur pièce de théatre de fin d'année. C'est alors que trois dangrereux malfrats recherchés par la police suite à un hold-up raté décident de se cacher dans la villa, prenant les étudiantes en otages.Ils vont les humilier, les violer avant que ces dernières aient leur revanche...
Le film de Wes Craven Last house on the left aura engendré de nombreux ersatzs de tout acabit et donnée naissance à un genre gentillement appelé le Rape and revenge. Toujours friands des grands succès américains, l'Italie s'en donna à coeur joie. Entre un très drôle Hard sensations de Joe d'Amato, Le train de l'enfer de Aldo Lado ou House on the edge of the park de Ruggero Deodato, Franco Prosperi réalisa La settima donna en 1978.
La trame reste inchangée: on y retrouve quelques malfrats particulièrement odieux, quelques jeunes filles souvent innocentes, vous les mettez en confrontation et le reste se fait de lui même. Viols, exécutions puis vengeance extrême d'une ou des survivantes et le tour est joué.
Et extrême, le film de Franco Prosperi l'est. Ici, c'est un un groupe d'étudiantes qui sous la tutelle d'une nonne sont venues répéter leur pièce de théâtre de fin d'année dans une superbe villa isolée. A la suite d'un hold-up raté, trois gangsters se réfugient dans la maison et prennent en otages les pensionnaires. Le jeu du massacre peut commencer et Prosperi ne perd pas de temps. La violence s'installe dés les vingt premières minutes, une violence souvent gratuite et jamais justifiée qui n'a d'autre but que d'attiser les instincts les plus vils du spectateur. L'abominable meurtre de la cuisinière à coups de fer à repasser en est un parfait exemple. On est bel et bien dans le cadre d'un cinéma de pure exploitation
Prosperi installe trés vite un climat malsain, lourd. La settima donna se transforme alors un huis-clos souvent insoutenable où les trois individus vont donner libre cours à leurs fantasmes les plus sordides. Viols, humiliations jusqu''à l'hallucinante torture que subira Sherry Buchanan qui sera déflorée à l'aide d'un manche à balai, le réalisateur usant même du ralenti pour mieux marquer l'aspect ignoble de la souffrance et des sévices endurés. Chez Franco Prosperi, il n'y a ni régle ni morale, l'homme est une bête dénuée de toute humanité et il est bien décidé à le prouver.
L'humanité pourtant on pourrait en trouver trace dans le personnage d'Aldo, le chef de la bande, bellâtre qui derrière sa rudesse laisse entrevoir une ombre de sympathie et de douceur, se laissant même aller à une idylle avec une des étudiantes. Prosperi joue parfaitement sur cette ambiguité tout au long du film ce qui rend cet homme plutôt intéressant. Mais au bout du compte, tout n'est qu'apparence et les apparences, c'est connu, sont bien souvent trompeuses. Tout n'est que cynisme, hypocrisie et simulacre ce qui multipliera la force et la haine des pensionnaires lors de l'assaut final.
Un des atouts du film c'est aussi l'originalité de son personnage central, une nonne. Prosperi trouve là un bon moyen de bafouer la religion mais aussi de faire réagir encore pus le spectateur en lui imposant l'humiliation et le viol d'une Soeur. Cette fameuse septième femme du titre original, c'est elle, celle dont le courage et la force sauvera les étudiantes. Elle a entre ses mains leur destin, leur vie et devra renoncer à ses croyances et à Dieu pour les sauver, se transformant en bourreau exécuteur lors de l'époustouflante séquence finale où, stoïque, elle assistera à la mise à mort d'Aldo par les survivantes transformées en harpies, longue et sauvage bastonnade de nouveau filmée au ralenti. Scène quasi exutoire pour le spectateur qui se libère ainsi de la tension et la haine accumulée à l'instar de ces jeunes filles.
Au final, tous les protagonistes s'avèrent détestables mais Prosperi comme ses confrères n'a fait que mettre en exergue le coté bestial de l'Homme.
On retrouvera avec plaisir Florinda Bolkan dans le rôle de Soeur Cristina, fort convaincante en nonne résignée, aux prises avec Ray Lovelock toujours aussi bon dans la peau d'Aldo,son éternel air de bellâtre collant parfaitement ici à l'ambiguité de son personnage. A leur coté, outre la douce Sherry Buchanan on retrouvera Laura Trotter et la française karina Verlier.
La settima donna n'a rien à envier à ses petits frères américains, tout aussi bon et immoral. Il réjouira les amateurs du genre au même titre que le nettement plus surréaliste Le train de l'enfer de Aldo Lado.
Particulièrement éprouvant, il reste l' un des meilleurs films de ce genre que l'Italie ait produit et chacun y verra sa moral.