Un ponte per l'inferno
Autres titres: Trésor de guerre / Commando Panther / Bridge to hell / Sendiero al infierno / O pelotao do massacre
Réal: Umberto Lenzi
Année: 1986
Origine: Italie / Yougoslavie
Genre: Guerre
Durée: 88mn
Acteurs: Andy J. Forest, Francesca Ferre, Carlo Mucari, Paki Valente, Vuc Mannic, Zdenko Jelcic, Drago Pavlic, Branko Djuric, Zlatko Martincevic, Ranko Gucevac...
Résumé: Trois officiers évadés d'un camp allemand tentent de rejoindre le front américain situé au delà du pont de Kociak bien gardé par les nazis. Ils sont rejoints par un groupe de résistants dont la belle Vanya. Au cours de leur fuite ils entendent parler d'un trésor que les nazis aimeraient posséder. Ils sont bien décidés à le trouver avant eux et s'en emparer...
En ce milieu d'années 80 le cinéma de genre italien est depuis déjà quelques temps en pleine agonie. L'imagination semble s'être tarie, les metteurs en scène ont de plus en plus mal à tourner. Certains tentent pourtant de subsister et continuent tant bien que mal à pondre quelques oeuvrettes pour le meilleur et souvent le pire en collaboration le plus souvent avec des pays étrangers. C'est le cas entre autres de Umberto Lenzi qui dés 1985 va planter sa caméra en Yougoslavie, s'octroyer les services de quelques acteurs locaux et réaliser ainsi coup sur coup trois petits films de guerre, un genre remis à la mode depuis le
succès de films tels que Platoon, Rambo et Delta force. Déboulent donc entre 1985 et 1987 I cinque del Condor, Tempi di guerra et Un ponte per l'inferno.
Au cours de la seconde guerre mondiale trois prisonniers, un américain le lieutenant Rogers, un italien le sergent Esposito et Blitz un déserteur allemand, s'échappent d'un camp nazi avec pour intention de rejoindre le front américain. Alors qu'ils traversent les terres occupées ils rencontrent un groupe de résistants qui essaie de détruire les lignes d'approvisionnement ennemies. Esposito tombe sous le charme de Vanya, une résistante. Lors d'une attaque allemande la majeure partie des résistants sont tués. Rogers, Esposito,
Blitz et Vanya poursuivent leur chemin. Ils entendent alors parler d'un fabuleux trésor de guerre que chercheraient les nazis. Nos valeureux résistants sont bien décidés à mettre la main dessus avant les allemands. Ils finissent par le trouver bien caché dans la crypte d'un couvent. Ils parviennent à convaincre la Mère Supérieure de leur laisser. Ils le dissimulent dans un camion et n'ont plus désormais qu'à rejoindre le front américain. Pour cela ils vont devoir franchir un pont où les nazis les attendent de pied ferme. Ils finissent par le faire exploser mais une fois la mission terminée ils découvrent que la caisse qui contenait le trésor est remplie de pierres. Vanya les a trahi pour une simple raison: les forcer à faire
marche arrière et ainsi rester combattre auprès d'elle et des siens.
Septième film de guerre réalisé par Lenzi après Chiens verts du désert, La légion des damnés, La grande bataille, De l'enfer à la gloire et second d'une trilogie réalisée entre 1985 et 1987 (I cinque del Condor, Un ponte per l'inferno, Tempo di guerra) Un ponte per l'inferno n'est pas vraiment le meilleur qu'ait tourné le metteur en scène. Celui ci, sorti uniquement en vidéo sous le titre Trésor de guerre, s'inscrit sans la lignée des productions alors à la mode en ce milieu d'années 80, ces petits films de guerre remis à la mode depuis Platoon et autre Retour en enfer auxquels se greffe une incontournable chasse au trésor,
l'élément quasi indispensable depuis Indiana Jones. Son principal défaut, la mollesse de sa réalisation à laquelle on pourrait ajouter un manque évident de budget. L'histoire cousue de fil blanc ne recèle aucune surprise et c'est d'un oeil par moment distrait qu'on suit les aventures de ces trois soldats évadés d'un camp allemand dont le but est de rejoindre le front américain. Les vingt premières minutes, poussives au possible, sont d'une étonnante lenteur. Il ne se passe quasiment rien et l'attaque allemande qui est censée l'égayer est d'une sidérante paresse. C'est à peine si on ne se mettrait pas à ronfler comme le moteur des avions qui survolent les prairies verdoyantes des plaintes yougoslaves (peu crédibles
dans ce contexte) où a été tourné le film. Encore moins crédible est cette armée composée de quelques figurants et de deux ou trois avions qui trahit la pauvreté des moyens mis à disposition de notre bon Lenzi qui masque comme il peut. Et la meilleure solution est d'utiliser un maximum de stock-shots empruntés malhonnêtement à divers petits films de guerre yougoslaves (Sutjeska, Partizanska eskadrila). On les repérera facilement au vu du grain de l'image et des différences de couleur. Scènes de battues, de combats aériens, de paysages austères... sont ainsi collées ça et là mais avouons le de manière assez convaincante. Du moins le stratagème fait illusion mais il fait aussi sourire. Le peu d'argent
dont Lenzi disposait a servi essentiellement aux quelques effets pyrotechniques, la construction d'une ou deux maquettes et à donner au film un certain relief dés les vingt premières minutes passées.
C'est à partir de ce moment que Trésor de guerre prend sa vitesse de croisière et se laisse finalement regarder avec un certain plaisir. On suit les péripéties de nos quatre résistants jonchées d'attaques aériennes et terrestres plutôt bien menées, de traquenards divers. Les scènes d'action comme pour tempo di guerra sont assez réussies, Lenzi fait comme la plupart du temps preuve de professionnalisme avec le peu dont il dispose et parvient à
rendre agréable l'ensemble jusqu'au final sur le fameux pont du titre. On ne croit pas vraiment à cette escapade ni même à cette chasse au trésor d'une telle simplicité mais l'important est de se divertir. A ce niveau cette petite pellicule remplit son objectif. On ne lui demande que ça.
On regrettera simplement le choix d'interprètes peu convaincants et trop transparents. Andy J. Forest, la découverte de Tinto Brass (Miranda, Vices et caprices), est loin d'avoir l'étoffe d'un militaire ni même d'un héros de guerre. Il balade simplement son immense silhouette tout au long du film sans grande conviction vite effacé par ses deux compagnons plus
solides et crédibles Carlo Mucari et Paki Valente. Une autre erreur de casting est celle de l'insipide et éphémère Francesca Ferre qui se devait être l'atout féminin du film. Non seulement Francesca n'a rien d'envoutant mais elle semble surtout se demander ce qu'elle est venue faire dans cette guerre, bien peu crédible en résistante fusil en main. Point de séquence de nu cette fois, Lenzi a plutôt été avare en matière d'érotisme et ne déshabille qu'à moitié sa guerrière lors d'une séquence de bain dans un lac. Elle garde en effet sa lingerie pour se baigner, un magnifique ensemble noir en dentelles bien anachronique qu'on peine à imaginer sous sa tenue de combattante.
Passées les vingt premières minutes Un ponte per l'inferno se révèle être un petit film de guerre bricolé discret, peu spectaculaire, certes oubliable mais ni meilleur ni plus mauvais que la plupart des pellicules de ce type tournées dans les années 80. Lenzi avec les moyens du bord et pas mal de recyclage à confectionner une série B pas très énergique il est vrai mais cependant divertissante, vite vue vite oubliée. Lui en demandait-on plus ici?