Katell Laennec: Les mystères bleu, blanc, rouge N°3
Dans notre rubrique Visages d'un jour Visages de toujours nous avions il y a quelques temps ouvert une nouvelle section qui s'intéressait uniquement aux acteurs bleu blanc rouge, aux acteurs français qui ont fait carrière en France bien sûr mais également en Italie ou ailleurs mais qui sont demeurés de véritables mystères, des visages qui chacun à leur manière ont su marquer les esprits (ciné)bissophiles sans pour autant révéler leurs secrets. Pour le troisième volet de ces énigmes tricolores nous allons nous intéresser à une jeune comédienne qui durant quasiment cinquante ans est restée un véritable mystère.
Elle n'eut qu'un seul film à son actif mais tous les amateurs de sexploitation et de films de possession démoniaque se souviennent d'elle tant elle a su laisser une empreinte indélébile dans nos mémoires de jeunes gueux lubriques. Personne n'avait jusqu'à il y a peu réussit à trouver la moindre petite information, le moindre petit détail sur elle pas même auprès de ceux encore en vie qui avaient travaillé avec elle. Le néant total à l'image du néant duquel elle avait un jour surgi avant de s'y évaporer à nouveau dés le tournage terminé. Chaque chose en son temps dit-on, tout arrive à qui sait attendre. Le miracle ou plutôt un demi miracle s'est produit il y a quelques mois maintenant. Avec la rage et la détermination
qu'on leur connait les équipes de Nocturno, Alessio Di Rocco en tête, ont finalement réussit à identifier cette jeune fille, une jeune fille dénommée Katell Laennec, l'inoubliable héroïne de Malabimba de Mario Bianchi.
Katell Laennec! Quel étrange pseudonyme puisqu'il s'agit bel et bien d'un nom d'emprunt derrière lequel se cachait une jeune française du nom de Pascale Sylvie Cornely (un tel prénom laisserait supposer des origines bourgeoises) née le 16 avril 1960 non pas à Paris comme on l'eut cru au départ (et comme l'indique l'imdb encore aujourd'hui) mais à Charcé-St-Ellier / Aubance dans le Maine-et-Loire, une commune située dans la région des Pays de
Loire. C'est en fait la date de son décès qui a permis de vérifier l'information, Pascale Sylvie étant morte très jeune, le 4 mai 2007 à tout juste 47 ans, à Charcé-St-Ellier / Aubance. De Pascale Sylvie c'est tout ce qu'on sait. C'est bien peu mais c'est déjà un pas de géant. Comment est-elle arrivée sur le tournage de Malabimba? Mystère. Comment fut-elle approchée? Mystère! Ce qu'on sait c'est que Pascale Sylvie n'était pas le premier choix de Bianchi. Le rôle devait au départ revenir à Maria Pia Marsala, la fillette rousse de L'Au delà qui finalement refusa de jouer le personnage. Ainsi déboula Pascale qui avait donc 19 ans au début du tournage le 7 mai 1979 alors que Bimba, son personnage, était censée en avoir tout juste 16.
Il existe un autre mystère, celui qui entoure son étrange et inattendu pseudonyme. Pourquoi un tel choix? La réponse la plus probable repose peut être sur les origines bretonnes de Pascale reliées au thème même de Malabimba: la possession diabolique. Jugez en part vous même. Ce pseudonyme serait une référence à une vieille légende bretonne qui raconterait comment une très belle jeune fille de 17 ans nommée Katell Kollet vivant dans un château en Bretagne, à La Roche-Maurice aurait été emportée par le Diable lui même aux portes de l'Enfer. Katell menait une vie dissolue et aimait par dessus tout festoyer et danser. Son oncle avec qui elle vivait voulait la marier mais Katell ne pouvait imaginer une telle situation tant elle adorait danser. Seul un homme pouvant la faire danser une journée entière aurait pu lui passer la bague au doigt. Furieux son oncle l'enferma dans la tour du château mais Katell s'échappa. Elle revint cependant demander pardon accompagné d'un homme qui mourut finalement d'épuisement à force de danser. Katell continua de danser et danser encore et encore. Ivre de musique, en pleine transe, elle invoqua les puissances de l'Enfer et le Diable lui apparut. Satan l'emporta avec lui la faire danser jusqu'aux portes des Enfers. Katell serait donc un clin d'oeil à ce personnage fabuleux, Laennec serait quant à lui un nom typiquement breton. Le pseudonyme en somme parfait mais seule Pascale Sylvie connait réellement le secret de son origine qu'elle a emporté avec elle dans la tombe.
Plus jamais on n'entendra parler de Pascale/Katell par la suite. Ne restera de son passage éclair au grand écran que Malabimba, l'image d'une jeune fille totalement désinhibée qui 90 minutes durant s'exhiba, audacieuse, effrontée, insolente et coquine sous l'emprise du Démon.