Lucrezia Borgia - Le castellane
Autres titres: Le castellane / Borgia
Réal: Lorenzo Onorati
Année: 1990
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 82mn
Acteurs: Lucia Prato, Carmen Di Pietro, Gala Orlova, Gianluca Magni, Fabio Saccani, Renato Pusiol, Paul Muller, Francesco M. Fiasco, Antonio Evangelisti, Paolo De Manincor, Giovanna Chicco, Daniele Cannetti, Marcello Rubino, Massimo Mattia, Giuseppe Faraglia, Lori Ghidini, Francesca Viale, Stefano Tani...
Résumé: A la mort de son époux, Lucrèce Borgia, la plus grosse putain d'alors, veut désormais régner sur tout le royaume. Pour cela elle couche avec tous les hommes les plus influents d'Italie afin de les soudoyer et les rallier à sa cause.
Lorenzo Onorati! Voilà un nom qui fait peur puisqu'il fait référence à un des plus gros tâcherons du cinéma d'exploitation que l'Italie ait connu. Officiant le plus souvent sous le pseudonyme Lawrence Webber Onorati a fait ses premières armes dans la production avant de se lancer à la réalisation, le plus souvent dans l'ombre de son ami et compère Bruno Gaburro qui en fait signa une bonne partie de ses films. De mémoire de ceux qui travaillèrent avec lui Onorati était incapable de se servir d'une caméra encore moins de diriger une troupe. Après une première comédie érotique en 1980, Cameriera... senza malicia, il met en
scène le très mauvais Dolce gola / Que peut on faire avec une femme, seul et unique hardcore que tournera une Paola Montenero en pleine déchéance puis réalise l'année suivante deux pornos avec Catherine Ringer, Lea et Perversions très spéciales pour jeunes filles de bonnes famille. Il devient ainsi un des pionniers du cinéma hardcore italien pour lequel il tournera en tout et pour tout une petite dizaine de pellicules jusqu'à l'aube des années 90. Onorati s'octroie de temps à autre une petite pause pour nous offrir quelques perles de la série Z dont les deux plus connues sont deux néo-péplums érotiques soft, les pitoyables Les orgies de Caligula (1984) et Flavia (1987), tout deux tournés en fait par Bruno
Gaburro, son "ami de l'ombre". En 1990 Onorati décide de donner sa version historique de la célèbre saga des Borgia que le cinéma italien avait déjà à plusieurs reprises tenter de mettre en scène. On ne peut guère dire que les Borgia ont eu beaucoup de chance lors des différentes adaptations cinématographiques qui retracèrent leur vie. On se souvient du sympathique mais mollasson Il figlio della sepolta viva, du trop fade croisement entre Robin des Bois et les Borgia du Lucrezia fille des Borgia de Osvaldo Civirani, de médiocrissimme Le notti segrete di Lucrezia Borgia de Montero Bianchi et surtout de l'excellent (enfin!)
Lucrezia giovane de Luciano Ercoli, une ode au vice et à la dépravation. Mais se rappellera t-on de la version de Onorati? La réponse semble évidente: non!
"Voici une histoire d'amour et de cruauté comme seules les femmes peuvent en être les instigatrices". C'est par ce déroulant "très historique" que débute le film mais personne n'est dupe puisque dés les premières images, dés le générique plutôt, on devine l'ampleur des dégâts. Lucrezia Borgia est tourné en vidéo dans le plus pur style d'un téléfilm pour chaine régionale! Une horreur qui sent l'absence de tout budget que traduisent des décors hideux et des costumes achetés au rabais dans une boutique locale. Quant la cruauté promise par le
déroulant on la cherchera vainement durant tout le métrage... tout comme d'ailleurs l'histoire d'amour! En fait il n'y a pas de véritable histoire, aucune intrigue ou même scénario digne de ce nom. Lucrezia Borgia prend simplement comme point de départ la mort de l'époux de Lucrèce Borgia, la plus grosse putain du 16ème siècle. Désormais veuve elle souhaite régner sur tout le royaume et pour y arriver elle met à ses pieds tous les hommes influents du pays en couchant avec, aidée par son cercle d'amis proches pendant que sa rivale la cruelle Béatrice D'Este, soeur de Vilfredo D'Este, ennemi juré des Borgia, met en place un droit de cuissage dans tout le pays. Voilà le film résumé en trois lignes bien étirées. Il n'y a
rien d'autre à dire hormis que ce micro scénario n'est qu'un prétexte à aligner des scènes de coucherie et de sexe lesbien et hétéro durant quasiment tout le métrage. Tout est flou, souvent incompréhensible et brouillon mais est-ce important? On a décroché au bout d'un quart d'heure, emporté par un ennui astronomique, la misère de la mise en scène et l'amateurisme de la distribution.
Les scènes de sexe? On reste désespérément dans le softcore. Les hommes font l'amour habillés et les femmes, toutes complaisamment nues, leur intimité très souvent filmée en gros plan, surjouent jusqu'à parfois être ridicules. Il faut voir Gala Orlova(la nièce Borgia) à
califourchon sur son amant du jour secouer ses cheveux comme prise d'hystérie! Mentionnons une fessée sur fesses flasques particulièrement rigolote tant elle est stupide et si mal administrée et la scène du radeau et son sandwich triolique, surement la plus hot du film.
En tête d'affiche on retrouve Lucia Prato alors à ses débuts dans le rôle titre, ni bonne ni mauvaise juste belle mais c'est bien autrement qu'on imaginait la terrible Lucrezia! La très pulmonée Carmen di Pietro a une aura sulfureuse certes mais elle joue très mal les garces sadiques, jamais un seul instant crédible. Autour d'elles quelques comètes de l'érotisme de ce début de décennie (Giovanna Chicco et Gala Orlova) et quelques comédiens totalement
inconnus dont ce fut le seul et unique film. On comprend pourquoi! Signalons juste la présence du pauvre Paul Müller venu cachetonner dans le rôle du Maitre.
Si parfois on crédite la future star du petit écran et de la publicité Sabrina Ferilli, récemment nommée personnalité préférée des italiens, comme étant une des putains compromises dans certaines des scènes pornosoft il n'y a cependant aucune trace de sa présence dans le film, du moins dans l'édition qu'on connait. La rumeur de sa participation alors qu'elle désespérait de pouvoir un jour percer n'a jamais été prouvée à ce jour.
Rythmé par une horrible musique techno primaire de supermarché, totalement
anachronique, (il est sûr qu'au 16ème siècle on écoutait et dansait sur de la techno) Lucrezia Borgia est un véritable trou noir, un film si on peut appeler cela un film d'une totale inutilité qui n'a bien sur absolument rien d'historique. Rien ne peut le sauver du ridicule et de l'ennui si ce n'est cet étalage de chair... et encore faut-il être véritablement frustré! Tourné en vidéo dans la grande tradition des films érotiques et porno typique de la fin des années 80 et des années 90 Lucrezia Borgia est le nec plus ultra du vide cinématographique absolu.
Selon les éditions vidéo le film fut édité sous plusieurs titres dont Le castellane et Borgia. Etrangement un DVD est disponible en langue française, une version bleu blanc rouge à l'image même de la pellicule (la scène du radeau en ce sens est culte!).