Il figlio della sepolta viva
Autres titres:
Real: Luciano Ercoli
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 82mn
Acteurs: Fred Robsahm, Eva Czemerys, Gabriella Lepori, Gianni Cavina, Pier Maria Rossi, Piero Lulli, Liliana Gerace, Anna Fadda, Salvatore Puntillo, Anna Fadda, Carla Mancini, Vittorio Fanfoni, Agostina Belli, Arturo Trina...
Résumé: Un étrange homme à qui on a coupé la langue arrive un soir dans une auberge. Il remet au patron une lettre dans lequel il révèle que la cruelle duchesse Giovanna de Cambise est une usurpatrice. Elle n'est pas la fille de la jeune Christine autrefois enfermée dans une tour par un impitoyable tyran qui lui vola ses terres. L'enfant qu'elle mit au monde lui fut volé et échangé par une mégère, Mamuia, devenue aujourd'hui la servante de Giovanna. Un enfant fut témoin de la scène. capturé, il eut la langue tranchée afin que jamais il ne révèle cette forfaiture. Adulte, il est bien décidé à faire éclater la vérité. Mise au courant, la duchesse aidée par son implacable amant tue Mamuia et va tenter de faire disparaitre tout ceux qui pourraient compromettre son règne dont son ennemi juré, François, en fait le fils de Christine, le véritable héritier des terres de Cambise...
Suite au succès remporté l'année précédente par le film de Aldo Lado, Sepolta viva / La tour du désespoir, une suite directe allait lui être donnée l'année suivante non plus dirigée par Lado qui cède cette fois la place à Luciano Ercoli, plus connu pour ses gialli. Si Lado refusa de tourner cette séquelle alors que Sepolta viva avait récolté quelques milliards de lires, c'est essentiellement pour des raisons économiques. Les producteurs avaient considérablement réduit le budget et exigeaient de Lado qu'il tourne le film dans ces conditions ce qui pour le cinéaste était une hérésie. C'est donc à Ercoli qu'échut le film pour le meilleur, Il figlio della sepolta viva se laisse regarder sans ennui, et pour le pire, ce fut un échec retentissant lors de sa sortie en salles.
La jeune duchesse Giovanna de Cambise règne de main de maitre sur ses terres jusqu'au jour où elle apprend qu'elle n'est pas l'héritière des Cambise. Elle n'est en fait que la fille d'une servante qui autrefois avait échangé les nouveaux-nés, celui de la duchesse Christine, alors retenue prisonnière dans une tour, et son propre enfant. Un jeune garçon avait été témoin de l'échange mais capturé, il avait eu la langue coupée. De retour sur le domaine de la duchesse, l'enfant devenu adulte met au courant François, un des ennemis juré de la souveraine. François est en réalité l'héritier des Cambise puisqu'il est le fils de la défunte Christine. L'implacable duchesse et son âme damnée vont tout mettre en oeuvre pour le tuer afin que la vérité n'éclate jamais au grand jour.
Sepolta viva était un beau roman photo, un joli feuilleton rocambolesque en costumes d'époque que n'aurait pas renié Alexandre Dumas dans lequel on y retrouvait tous les ingrédients indispensables au genre. Troubadours, chasse et promenades bucoliques, amours romanesques et sentimentalisme à l'eau de rose se mélangent allégrement aux éléments traditionnels du film de cape et d'épée dont les combats que se livraient une série de personnages corrompus, de traitres et traitresses, d'imposteurs, quelques tortures plus timides que stupéfiantes le tout arrosé d'un soupçon d'érotisme emprunté aux fumetti. Lado avait concocté un film populaire comme l'Italie aimait en produire durant les années 40, un style qui revint quelque peu à la mode à la fin des années 60 avec notamment la célèbre saga des Angélique et quelques temps plus tard Zenabel et Isabelle duchesse des Diables. Si Sepolta viva était on ne peut plus classique, se contentant
d'appliquer une recette bon marché, cette séquelle l'est certes tout autant mais malheureusement il lui manque cette fois le coté chevaleresque, romanesque, et ce sentimentalisme de si bon aloi qui sont l'essence même de ce type d'oeuvre. Il figlio della sepolta viva suit à la lettre une recette basique sans grande originalité mais surtout dépourvue de véritable âme. Ercoli, plus à l'aise dans le monde du thriller, se contente de reprendre les principaux éléments de la première histoire, la fameuse tour en moins, en y ajoutant un zeste de sorcellerie de pacotille et une dose de sadisme et de violence dont était exempt le film de Aldo Lado. Cruelle, perverse, la fausse duchesse de Cambise se délecte de la souffrance d'autrui. Elle torture avec une certaine cruauté ses prisonniers, voir un prêtre condamné au bucher lui donne des envies de faire l'amour, elle fait assassiner sans pitié sa vieille mère et s'apprête à immerger son ennemie, la jeune Elisabetta, dans un bain de chaux vive dans lequel son éminence grise et diabolique amant surnommé l'Italien a préalablement plongé un agneau vivant.
C'est bel et bien là le véritable intérêt de cette séquelle, ce vent de doux sadisme qui balaie l'ensemble et relève la fadeur d'une mise en scène sans véritable relief et la pauvreté des moyens dont a bénéficié Ercoli dissimulé sous le pseudonyme français André Colbert. Outre ce zeste de violence et de perfidie, on appréciera également les jolis décors naturels de la campagne romaine et ceux du château de Bracciano où fut tourné le film ainsi qu'une superbe partition musicale signée Franco Micalizzi. Outre ses décors, une des grandes forces de cette suite reste son interprétation. On retrouve ainsi au générique quelques noms toujours aussi plaisants à revoir, la troublante Eva Czemerys en tête dans le rôle de la cruelle duchesse toujours aussi parfaite. Le norvégien Fred Robsahm, déjà présent dans le film de Lado, endosse cette fois la peau du vindicatif François, l'ennemi juré de la duchesse et véritable enfant de la défunte souveraine.
A leurs cotés, on appréciera une fois de plus la prestation du christique Pier Maria Rossi qui abandonne cette fois ses rôles mystiques pour se glisser dans la peau de l'impitoyable amant de la duchesse et la présence de Piero Lulli et Gianni Cavina dans un rôle pour une fois d'action. Agostina Belli, la principale héroïne du premier film, est quant à elle présente par le biais de quelques séquences flash-back afin d'expliquer l'échange des nouveaux-nés.
Toute inutile soit elle, cette séquelle produite par Enzo Doria se laisse cependant voir sans déplaisir. En l'état, Il figlio della sepolta viva est une sympathique petite série d'aventures de cape et d'épée à qui il manque certes l'esprit feuilletonesque des grands romans de Dumas mais l'ensemble est fort divertissant. Cela suffit parfois. C'est le cas ici.
Ercoli dirigera la même année un autre film en costume, Lucrezia giovane, une excellente et violente adaptation de l'histoire de la célèbre famille des Borgia.