Le notti segrete di Lucrezia Borgia
Autres titres: Les nuits perverses de Lucretia Borgia / Secret nights / Las noches secretas de Lucrezia Borgia / La noche segreta de Lucrezia Borgia / The secrets nights of Lucrezia Borgia / Lucrezia Borgia
Real: Roberto Bianchi Montero
Année: 1982
Origine: Italie / Espagne
Genre: Erotique
Durée: 80mn
Acteurs: Sirpa Lane, George Hilton, Françoise Perrot, Wiley Reynolds, Marino Masé, Maria Salerno, Tito Garcia, Mario Novelli, Bruno Di Luca, Franco Daddi, Erigo Palombini, Kieran Canter...
Résumé: En l'an 1506 Cesare, le frère de Lucretia Borgia, une noble catin machiavélique, s'inquiète car le roi d'Espagne a envoyé le duc De Fuentes à Rome afin qu'il donne au pape le titre de Défenseur suprême de la couronne. En retour, le roi se verra remettre un traité d'alliance avec les états papaux. Cesare a malheureusement promis la même chose au roi de France. Lucretia suggère alors d'empoisonner le duc mais cela est trop risqué. Cesare lui propose alors de se servir de ses charmes et d'entraîner le Duc dans sa couche. Mais le complot est découvert par la propre femme de Cesare. Elle va alors faire chanter Lucretia. Mais on ne trompe pas Lucretia si facilement...
Que pouvions nous donc attendre de Roberto Bianchi Montero, artisan d'un certain cinéma populaire italien qui avec ce film signait son avant dernière toile avant de terminer son parcours artistique dans le hardcore avec quelques classiques du X transalpin tels que Albergo a ore et surtout du X zoophile L'amore e la bestia son ultime film? Bien peu de choses au vu d'une carrière certes hétéroclite mais peu éblouissante. Avec Le notti segrete di Lucrezia Borgia coproduit avec l'Espagne, il semble avoir voulu retourner vers un genre qu'il connait bien, la sexy comédie érotique, en se rappelant au bon vieux temps des décameronneries.
A première vue, le film se voudrait une sorte d'hommage aux films en costumes des années
70 tout en oscillant sans cesse entre la sexy comédie, la gaudriole et la décamérotique. Cela donne vite un film bâtard assez indigeste d'autant plus irritant qu'il n'est jamais ni drôle, ni réellement érotique encore moins audacieux même si le scénario s'y prêtait fort bien. Un seul mot peut résumer parfaitement le film: ennui.
C'est une irrésistible envie de faire avance rapide qui saisit le spectateur face à cette polissonnerie historique où même les acteurs donnent l'impression de s'ennuyer ferme. Le sujet aurait pu pourtant offrir quelque chose d'intéressant. En effet chaque personnage possède une double identité. Reste à découvrir qui est qui derrière ces masques et ces
loups qui cachent le véritable visage des différents protagonistes. Cela donne au film un faux air de comédie shakespearienne où tous les personnages sont cocus. On retrouve les grandes lignes de la comédie populaire tandis que certaines situations, le coté historique et l'aspect grivois des séquences érotiques tiennent des fameux ersatz du Décameron. Malheureusement un budget de misère qui se traduit par la laideur des costumes et des décors maigrichons, la pauvreté de la mise en scène, le manque d'énergie qui caractérise le film et l'indolence de l'ensemble gâche le potentiel de ce qui aurait pu être un agréable jeu. Et ce ne sont pas les masques de carnaval en carton qui rehaussent le niveau général. Qu'y a
t-il de plus insupportable qu'un film qui se veut amusant mais ne l'est vraiment jamais?
Bien peu innovateur, utilisant toutes les ficelles du genre sans réelle imagination Montero s'enlise dans son histoire qu'il réalise sans conviction. Plus énervant encore est ce coté désespérément soft de l'ensemble. Ceux qui attendent de ces Nuits secrètes un érotisme salace seront fortement frustrés. A peine dévoile t-on un sein et soulève t-on une jupe si ce n'est lors de brèves séquences trop répétitives. Si on compte tout de même quelques nus intégraux ils sont d'une telle sagesse, si pudiques qu'ils en deviennent totalement inoffensifs. Ce sont les larmes aux yeux qu'on se souviendra donc d'un certain cinéma coquin qui dans les années 70 fit le bonheur des amateurs du genre.
Il n'y a donc rien auquel le pauvre spectateur pourra ici se raccrocher pas même la présence d'une Sirpa Lane bouffie dans le rôle titre. Montero n'a su profiter ni de ses (prétendus) charmes ni de cette aura sulfureuse qui la suivait depuis La bête de Borowczyk. Un comble! Ecrasée sous une abominable perruque, Sirpa, actrice d'un seul film qui la vampirisa, prouve une fois de plus que hormis son aisance à se déshabiller, elle est une bien piètre actrice. Transparente, peu mise en valeur, sans aucun charisme, elle semble faire partie du décor. On ne pourra même pas profiter de sa nudité puisque Montero n'a pas cru bon de la dévêtir si ce n'est lors de deux courtes scènes. Censée incarner un personnage machiavélique mais surtout la plus grande putain de tous les temps, voilà qui laisse pantois!
Et ce ne sont pas les jeux de débauche qu'elle organise lors de nobles parties qui illustreront ce glorieux titre. On les évoque, on les esquisse mais on ne montre rien.
Aux cotés de Sirpa Lane dont ce fut le dernier véritable rôle à l'écran avant le désolant Giochi carnali qui flirtait avec le hardcore, George Hilton dans le rôle du Duc en fait des tonnes et passe son temps à grimacer et s'agiter. Dans la peau de la fidèle servante de Sirpa Lane on reconnaitra sous sa perruque brune l'ex-pornocrate française Françoise Perrot alors en tentative de reconversion mais malheureusement pas une seule fois nue. Non crédité au générique l'amateur reconnaitra Kieran Canter, l'ex-taxidermiste de Blue holocaust, dans le
rôle du jeune chevalier à qui Sirpa Lane demande d'aller chercher (tout en suggéré bien sûr) l'anneau qu'a dissimulé une courtisane dans son vagin.
Accompagné de dialogues souvent niais malgré un certain anachronisme historique plutôt sympathique dans l'utilisation de certains termes, un joyeux décalage qui tombe simplement à l'eau car noyé dans un océan de paroles, ces fameuses Nuits perverses de Lucrèce Borgia, une des plus mauvaises et insipides adaptations de la vie de la fameuse putain, ne tiendront donc guère éveillé le pauvre spectateur qui partira très vite de son coté faire sa nuit. Et ça, ce n'est pas un secret mais une certitude!