La noche del Walpurgis
Autres titres: La furie des vampires / Le messe nere della contessa Dracula / Werewolf shadow / The werewolf vs the werewolf women
Réal: Leon Klimovsky
Année: 1971
Origine: Espagne
Genre: Horreur
Durée: 91mn
Acteurs: Paul Naschy, Patty Shepard, Gaby Fuchs, Barbara Capell, Andres Resino, José Marco, Yelena Samarina, Betsabé Ruiz, Barta Barri, Julio Pena, Carlos Aured, Eduardo Chappa, Maria Luisa Tovar, Luis Gaspar, Ruperto Ares...
Résumé: Deux étudiantes partent à la recherche du tombeau de la comtesse Wanesa, une terrible sorcière vampire qui sévissait au 16ème siècle. Tombées en panne au milieu de la campagne elles sont hébergées par un hôte mystérieux, Waldemar Daninski, qui leur propose son aide pour trouver la fameuse sépulture. Ils parviennent à découvrir la tombe, l'ouvrent mais une des étudiantes se blesse. Quelques gouttes de son sang tombent sur la dépouille. Très vite la comtesse revient à la vie, bien déterminée à se venger de ceux qui l'ont jadis condamnée. Elle vampirise une des étudiantes. Waldemar et la seconde étudiante doivent détruire au plus vite la comtesse car ses forces décupleront la nuit de Walpurgis. La jeune fille ignore cependant que Waldemar est en fait un loup-garou...
Avec à son actif presque une centaine de films répartis sur quasiment quarante ans de carrière l'argentin Leon Klimovsky est très certainement un des réalisateurs les plus prolifiques d'Espagne. Tout au long de ces quatre décennies le metteur en scène s'est un peu intéressé à tous les genres, du western à l'aventure en passant par le polar, le giallo, la romance et le film de guerre sans oublier l'horreur, ce pour quoi on le connait surtout en France. La furie des vampires est justement le premier film horrifique qu'il tourna et sa première collaboration avec Paul Naschy et certainement sa meilleure.
Emmené à la morgue après qu'il ait été abattu de deux balles d'argent dans le corps Waldemar Daninski, un homme maudit qui à chaque pleine lune se transformait en loup-garou, revient à la vie après que les deux projectiles lui aient été enlevés. Il prend la fuit dans les bois et attaque sans plus tarder une pauvre femme. Parallèlement Elvira et Geneviève, deux étudiantes en sciences occultes, partent à la recherche du tombeau de la célèbre Comtesse Wandesa, une sorcière vampire tuée au 16ème siècle qui se baignait dit-on dans le sang de ses victimes pour garder sa jeunesse éternelle. Malheureusement elles tombent en panne d'essence après s'être égarées dans la campagne. Un homme se présente à
elles et leur propose l'hospitalité pour la nuit. Il s'agit de Daninski. Il vit seul avec Elisabeth sa soeur dérangée mentale dans une maison isolée sans électricité ni téléphone. Avec son aide elles réussissent à trouver le tombeau de Wandesa. Ne croyant pas aux superstitions populaires Geneviève ouvre le cercueil et retire le crucifix en argent planté dans le corps. Geneviève se coupe par maladresse avec le crucifix. Quelques gouttes de son sang tombent sur la comtesse Wandesa. Il n'en faut pas plus pour qu'elle ressuscite et vienne hanter les jours et les nuits des deux jeunes femmes et de Waldemar qui semble leur cacher un lourd secret. Geneviève est la première victime de la comtesse qui en fait une des siennes.
Waldemar qui entre temps est tombé amoureux de Elvira doit désormais agir au plus vite pour détruire Wandesa car lors de la prochaine nuit de Walpurgis elle deviendra encore plus puissante. Après qu'elle ait fait prisonniers Elvira et son fiancé venu la rejoindre Waldemar va l'affronter dans la crypte où elle se terre. Un loup-garou contre une vampire.
Si La furie des vampires était le premier film d'horreur de son auteur c'était pour Paul Naschy le quatrième film de la série où il interprétait Waldemar Daninski. Après Les vampires du Dr Dracula réalisé en 1968, Las noches del hombre lobo et Dracula contre Frankenstein voici donc La furie des vampires / La noche del Walpurgis qui se veut une
séquelle du premier film. Ce nouvel opus débute en effet directement après la mort de Daninski dans Les vampires du Dr Dracula. Il suffit donc à Klimovsky de le ressusciter à la morgue pour démarrer ce quatrième volet des aventures du plus célèbre lycanthrope du cinéma de genre espagnol. Hormis l'ouverture il n'y a cependant aucun lien réel entre les deux films et chacun peut se voir indépendamment l'un de l'autre à l'instar de tous les autres films de la série. Il y a par contre un point commun entre toutes ces pellicules, le même qui définit de manière générale une bonne partie de la filmographie de Naschy. On y retrouve en effet mélanger de façon iconoclaste bon nombre de mythes du cinéma fantastique. Dracula y
côtoie sans mal Frankenstein, vampires, zombies, loups-garou s'y croisent et s'y recroisent en toute invraisemblance. La furie des vampires ne fait pas exception à la règle. On part sur un film de lycanthropes pour très vite s'orienter sur un film de vampires où on va même croiser un moine zombie dans un récit où on fait également référence à la comtesse Bathory. Pour finir c'est à une confrontation loup-garou / vampire auquel on va avoir droit. Il ne faut pas chercher de vraisemblance dans ce melting-pot encore moins de logique. La furie des vampires est truffé d'incohérences mais il est aussi bourré de clins d'oeil. En grand fan d'horreur et de fantastique Paul Naschy qui co-signe le scénario, se fait plaisir comme
d'accoutumée tout en tentant de faire le bonheur du spectateur. Parfois il rate son but et livre des oeuvres franchement ratées mais qui ne perdent rien de leur naïveté. Parfois en ressortent des oeuvres sympathiques, ludiques fort agréables. La furie des vampires fait partie de celles ci.
Klimovsky signe un film d'horreur dont l'intrigue est surtout une charmante excuse pour multiplier les scènes sanglantes mais au delà de ses aberrations ce quatrième volet des aventures de Daninski est un des plus attachants tant il déploie un imaginaire étonnant dans un univers visuel de toute beauté. Ce dont on retiendra en priorité c'est la superbe esthétique
du film toute empreinte d'une poésie, d'un onirisme macabre qui bien souvent fait penser à Jean Rollin notamment dans la présentation de ses vampires féminines. Evoluant dans de magnifiques décors naturels, les ruines du village et la maison de Waldemar avec sa salle de torture, soigneusement mises en valeur par une excellente photographie, les créatures de la nuit s'y meuvent de manière vaporeuse, à demi nues, souvent au ralenti afin d'accentuer l'effet funeste, elles y montrent leurs crocs acérées au milieu de fumigènes qui teintent la nuit bleutée d'une touche de surréalisme. L'amateur songera par instant au Frisson du vampire pour cette esthétique. Même si la séquence est particulièrement ratée et malheureusement
ridicule l'apparition au milieu des ruines du moine zombie, squelette sous sa robe de bure et sa capuche, renvoie directement à la saga des templiers aveugles de Amando de Ossorio d'autant plus qu'il poursuit Elvira au ralenti comme les célèbres chevaliers de De Ossorio. Il semblerait que ses ruines soient d'ailleurs les mêmes que celles où De Ossorio tourna sa saga. On pourra même noter quelques années avant l'heure, un clin d'oeil aux futures productions de Lucio Fulci avec cette main qui sort lentement de terre.
Toujours au crédit du film la beauté de ses deux héroïnes drapées dans de superbes tenues psychédéliques très dans l'air du temps. Comment ainsi résister aux allemandes Gaby
Fuchs (La marque du diable) et Barbara Capell? Ajoutons la présence de Patty Sheppard (la comtesse) et Yelena Samarina (la soeur folle de Waldemar, un personnage qui ne sert à rien dans l'histoire) et nous avons là un quatuor d'actrices dont chacune des apparitions est un véritable régal et une source d'érotisme assurée, un élément indispensable au genre. Nuisettes transparentes, poitrines délicatement dénudées avec de temps à autre une touche de saphisme (pour la version destinée à l'export, la version espagnole étant comme d'habitude bien plus prude), si on reste sage, époque oblige, l'érotisme est bel et bien présent tout au long du métrage tout comme l'humour notamment à travers les dialogues
très bêtes des deux héroïnes. Naïves, un peu godiches, jamais très futées, leurs répliques comme leurs réactions valent par moment de l'or et ne peuvent que provoquer un rire bien inoffensif. Rien n'est très sérieux mais tout est si bien amené et si joliment mis en scène qu'on passe sur tous ces défauts qui dans d'autres cas auraient fustigé la pellicule.
Les effets sanglants sont légion même si le gore n'est pas forcément au rendez-vous mais l'hémoglobine coule. De quoi réjouir les amateurs de scènes sanguinolentes. Comme toujours Naschy avec son éternel maquillage de lycanthrope s'en donne à coeur joie, hurle, grogne, se débat comme un diable dans un bénitier, attaque avec fureur ses victimes et
donne au film son gentil coté sauvage tandis que les canines des vampires s'enfoncent dans les gorges.
Censé se dérouler dans le nord de la France mais en réalité tourné en Espagne (les campagnes ensoleillées et magnifiques ruines ibériques ne ressemblent en rien au Nord de notre Hexagone) La furie des vampires est un des meilleurs volets de la saga Daninski qui malgré tous ses défauts se laisse voir avec ludisme, irrésistiblement charmé par la beauté visuelle de ce plaisant patchwork fantastique dont la naïveté nourrie par la passion d'un genre est un des atouts. Parmi les innombrables films dans lesquels a joué Paul Naschy celui ci est sans nul doute un des meilleurs, un de ceux qu'il faut visionner en priorité notamment pour ceux qui voudraient découvrir l'univers de Naschy sans trop être déçu.