Lucrezia
Autres titres: Lucrèce, fille des Borgia / Lucrezia adolescente curieuse / Lukrezia die toshter des papstes
Real: Osvaldo Civirani
Année: 1968
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 77mn
Acteurs: Olga Schoberova, Lou Castel, Gianni Garko, Leon Askin, Dada Gallotti, Giancarlo Del Duca, Nina Sandt, Franco Ressel, Fedele Gentile, Ernesto Colli, Corrado Monteforte, Giovanni Ivan Scratuglia...
Résumé: Après que l'impuissance de son époux ait été prouvée, Lucrezia Borgia est envoyée au couvent. Malgré l'enfermement, la jeune femme parvient tout de même à satisfaire ses insatiables désirs sexuels. Elle abrite dans sa chambre un bandit de grand chemin, Fabrizio Aldobrandi, que recherche son frère Cesare Borgia pour qu'il soit jugé et tué. Fabrizio pille les richesses du royaume afin d'offrir au peuple opprimé de quoi vivre. Lucrezia le protège et en tombe amoureuse. Une des soeurs, secrètement amoureuse de Lucrezia la dénonce par jalousie à la mère supérieure qui fait prévenir Cesare...
Voilà une des nombreuses adaptations cinématographiques de la fameuse histoire de la non moins fameuse famille des Borgia, un des noms les plus illustre d'Italie en cette fin de quinzième siècle, ne serait ce que pour leur fille, Lucrezia, catin nymphomane et propriété de tous les hommes. Si le cinéma transalpin a régulièrement mis en scène la sulfureuse saga des Borgia dans des oeuvres plus ou moins dignes d'intérêt, la version de Osvaldo Civirani est très certainement la plus faible sinon la plus fade.
De la vie des Borgia Civirani n'en garde que quelques éléments en faisant bien entendu fi des détails historiques. Lucrezia, fille du pape Alessandro VI, est envoyée au couvent après qu'elle ait prouvé que son mari, le duc Giovanni Sforza, était impuissant. Les murs du cloitre ne vont pas empêcher la jeune femme de satisfaire son insatiable libido. Elle tombe amoureuse d'un bandit de grand chemin qui sert le peuple opprimé en volant les plus riches, Fabrizio Aldobrandi. Elle le cache dans sa chambre après qu'il ait été blessé par les hommes de son frère, Cesare. Dénoncée par une nonne jalouse, Lucrèce doit abandonner Fabrizio dont Cesare veut la tête.
Loin des jolies saga feuilletonesques empreintes de romantisme, de trahisons et de perversités arrosées d'un zeste d'érotisme plus ou moins osé, Lucrezia, fille des Borgia n'est qu'un maladroit croisement entre la vie de Lucrèce Borgia et Robin des Bois qu'incarne Aldobrandi ce bandit qui détrousse les riches pour donner aux pauvres. Cesare Borgia se transforme quant à lui en shérif de Nottingham, traquant et pourchassant inlassablement ce
malandrin qu'il jure de tuer. Le croisement des deux histoires aurait pu être sympathique mais force est de très vite constater que la tentative est vouée à l'échec faute à une mise en scène quasi inexistante, d'une surprenante paresse. Rarement avait on vu tant d'indolence dans un film dit d'aventures. Tout semble tourner au ralenti tant le récit manque de vigueur et de suspens. Si la faiblesse du budget est évidente cela n'excuse en rien la mollesse de l'ensemble qui touche même les quelques combats que nous offre Civirani entre deux roucoulades. Vu la misère des duels, il est clair que Civirani s'est passé de maitre d'armes. Mais au vu du résultat il risque aussi de se passer de spectateurs qui rapidement sombreront dans une profonde léthargie. Quoi de plus irritant en effet qu'un film de cape et d'épée dont les combats à l'épée sont aussi mous et mal réglés donnant la désagréable impression d'assister à des jeux d'enfants dans une cour de récréation?
On ne se rattrapera guère sur l'érotisme dont le film est quasiment dépourvu, un comble pour une oeuvre censée reprendre les frasques sexuelles de la plus dépravée des filles que l'Italie ait alors connu. Civirani semble appliquer ici la règle du Cachez ce sein que je ne saurais voir. Exempt de toute scène de nu, Lucrèce fille des Borgia se contente de quelques sages étreintes au fond d'un lit ou dans la paille d'une grange, un drap était toujours là pour couvrir ce qu'il y à couvrir. Déjà bien mou, le film est de surcroit bien frustrant! Cette fois, Lucrezia risque de se voir abandonnée et seuls les plus persévérants trouveront le courage d'aller jusqu'au bout de ses aventures bien peu rocambolesques qui ont oublié loin derrière elles ce souffle épique indispensable à ce type de films. Lucrèce fille des Borgia s'élève tout juste au niveau d'un joli roman-photo en costumes. Autant dire que le public quelque soit son bord n'y trouvera pas vraiment son plaisir.
Restent au crédit du film de chatoyants costumes et quelques beaux mais restreints décors ainsi qu'une distribution plutôt intéressante mais bien mal utilisée. Lou Castel incarne Cesare Borgia, le nouveau shérif de Nottingham, qui passe le plus clair de son temps à hurler des ordres et grimacer de colère. Gianni Garko est un défenseur du peuple opprimé fadasse et bien peu charismatique. Quant à Leon Askin il est un pape porcin et rougeaud dont le physique donne le temps de quelques scènes un semblant de frisson répulsif. La slave Olga Schoberova qu'on reverra par la suite dans quelques oeuvres de Guido Malatesta dont Les nuits érotiques de Poppée aux cotés de Femi Benussi, toute charmante soit elle est une Lucrezia bien insipide.
Resté inédit en Italie, le film fut jadis distribué en France et en Allemagne. Longtemps invisible si ce n'est à travers les versions germaniques qui circulaient alors, Lucrezia fille des Borgia eut récemment droit à une seconde chance grâce à une sortie DVD qui bien tristement ne redorera pas le blason des Borgia aux yeux de l'inconsolable spectateur. Il lui préférera et de très loin la sulfureuse version de Luciano Ercoli, Lucrezia Giovane.