La commessa
Autres titres:
Real: Riccardo Garrone
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Sexy comédie
Durée: 81mn
Acteurs: Fortunato Cecilia, Sarah Crespi, Yvonne Harlow, Femi Benussi, Tiberio Murgia, Giorgio Rocco, Paola D'Egidio, Linda Hintermann, Miriam Gravina, Rita Moscatelli, Vincenzo Vitagliano, Luca Sportelli, Silvana Carboni, Marzia Damon, Margherita Petrucca, Enzo Pulcrano...
Résumé: Un petit employé d'une société de nettoyage se retrouve sur un quiproquo masseur dans un institut de beauté. Son talent caché pour les massages enthousiasme la clientèle. Tout en gardant son premier emploi il parvient à se faire embaucher et ainsi profiter des clientes et des employées...
Bien plus chanceux en tant qu'acteur (quasiment 200 films) que comme metteur en scène Riccardo Garrone n'aura réalisé que deux petites pellicules dans sa carrière de réalisateur. Peut être deux de trop déjà. La commessa, le second d'entre eux, tourné en 1975, en est une triste preuve.
Difficile, très difficile de résumer une intrigue aussi inexistante en plus de deux ou trois lignes en évitant d'enjoliver pour lui donner un tantinet de consistance. Renato et son collègue syndicaliste bègue travaillent pour une société de nettoyage nommée "Sciacqua e lucida".
Chaque jour leur métier permet à Renato de passer devant des établissements remplis de jolis derrières à regarder mais également à honorer comme une école de jeunes filles et surtout un institut de beauté réputé. Sur un quiproquo Renato se retrouve dans le salon de massage et doit se transformer en masseur. Ses massages sont si efficaces que les clientes repartent enchantées. Il décide de poursuivre le subterfuge, rentre dans les grâces d'une des masseuses, Marisa, puis de la directrice du salon. Renato va ainsi pouvoir masser la clientèle et profiter de Marisa et de la directrice.
Six lignes. Un exploit comme celui de pouvoir regarder cette comédie jusqu'au bout sans
avoir eu recours à la fonction "avance rapide" de notre télécommande salvatrice si toutefois on a réussi à ne pas stopper le visionnage bien avant. La commessa fait indubitablement partie des sexy comédies les plus médiocres que le genre ait jamais produit, les moins drôles, les plus ennuyantes. L'ensemble est simplement déplorable. Quelles ont donc été les intentions de Garrone? Amuser et faire rire le public tout en titillant ses sens par le biais d'un érotisme grivois, objectif premier de ce type de films, mais comment divertir le spectateur et le faire rire, l'exciter avec une pellicule dénuée de toute matière? Durant 90 minutes il ne se passe strictement rien puisque Garrone se contente d'enchainer des
séances de massage d'un ridicule consternant. Les femmes se succèdent sur la table et Renato les enchantent par son doigté ou plutôt en jouant du piano sur leur corps puisque c'est ainsi qu'il les masse, une partie du temps en séquences filmées en accéléré. Répétitif et consternant d'autant plus que les gags sont lourds et surtout jamais drôles, de véritables pétards mouillés, que le jeu de Fortunato Cecilia, également scénariste de ce vide interstellaire, n'aide en rien puisque l'acteur, figure incontournable de la décamérotique, est dépourvu de tout pouvoir comique. Garrone ne se rattrape guère sur l'érotisme, ce qui aurait pu sauver le film de la misère. Il se contente en effet de montrer quelques derrières et
poitrines nues sans aucune imagination et filmés sans aucun sens de l'esthétique, à l'image même de ses comédiennes choisies parmi semble t-il les moins attrayantes du moment. On a donc un festival de péronnelles en couettes plus ingrates les unes que les autres (Garrone fantasmerait-il sur les couettes), d'actrices dépourvues de charme, certaines franchement laides. Femi Benussi est pourtant à l'affiche mais son temps d'écran est assez limité et Femi, dans le rôle d'une espagnole au sang chaud, disparait très vite. L'affiche misait tout sur elle, c'était juste un moyen commercial pour attirer le badaud.
Restent deux étoiles filantes du Bis transalpin la brune Sarah Crespi dans le rôle de Marisa (Femmes vicieuses, I ragazzi della Roma violenta, La svastica nel ventre) pour nous charmer l'oeil, et l'élégance snob de la blonde Yvonne Harlow (La sorella di Ursula). Tout comme celle de Femi Benussi les apparitions fugaces de Paola D'Egidio et Marzia Damon en clientes n'apportent strictement rien tant elles se débattent dans la médiocrité tout comme cet affreux perroquet dont on se demande encore l'utilité hormis de débiter des obscénités en lâchant quelques flatulences. La tristesse est bel et bien au rendez-vous
heureusement égayée par une bande originale guillerette et enjouée signée Alberto Dalban Dembo. Est ce utile de parler des dialogues d'une incroyable indigence et de la mise en scène quasi inexistante?
La commessa est bel et bien une sidérante représentation du vide absolu, la sexy comédie au degré zéro, le fond du fond d'un genre qui en a pourtant connu bien d'autres. Garrone s'est surpassé dans la nullité et le néant scénaristique. Pour cela on pourrait le récompenser. Mieux vaut garder de Riccardo Garrone le souvenir du comédien que du réalisateur.