La sorella di Ursula
Autres titres: Sister of Ursula / Curse of Ursula
Real: Enzo Milioni
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 92mn
Acteurs: Barbara Magnolfi, Marc Porel, Antiniska Nemour, Stefania D'Amario, Anna Zinnemann, Vanni Materassi, Yvonne Harlow, Danila Trebbi...
Résumé: Ursula et sa soeur ainée sont en vacances au bord de la mer dans une somptueuse villa. Fragile et névrosée, Ursula semble mal accepter un passé plûtot douloureux dissimulant quelques secrets tournant autour de leurs parents. Sa soeur semble la protéger tant bien que mal alors qu''une série de meurtres atroces commencent à se produire. Un mystérieux assassin cagoulé et chapeauté tue des jeunes filles suivant un rituel des plus pervers: aprés les avoir surpris en plein ébats sexuels, il les gifle et les viole, les transperçant d''un - ou de son- phallus démesuré. Quel est le lien entre ces meurtres abominables et la jeune Ursula et quelles sont ces terribles énigmes enfouies au plus profond de son subconscient ?
Le premier giallo phallique! Tel est le qualificatif que l'on pourrait donner à ce sexy thriller que Enzo Milioni réalisa en 1978, premier film d'une très courte carrière cinématographique qui en dénombre deux autres, Quello strano desiderio et Fuga dalla morte. Si au fil du temps La sorella di Ursula a acquis une sulfureuse et bien mauvaise réputation de par son extravagant scénario, le film même s'il s'inscrit dans le courant de l'euro-trash italien en tentant de faire renaitre le giallo à la Argento en y ajoutant une grosse dose d'érotisme malsain, principal élément d'un scénario confu et bancal, ne mérite pourtant pas cette désagréable réputation.
La sorella di Ursula souffre essentiellement de son intrigue trop maladroite et d'un évident manque de rythme, une lenteur ponctuée par d'aussi interminables qu'ineptes palabres dont le spectateur n'a que faire.
Malgré ses défauts, Milioni arrive tout de même à rendre le personnage d'Ursula intéressant en nous plongeant dans les méandres psychologiques particulièrement torturées de la jeune femme même s'il n'est guère difficile d'entrevoir son coupable passé.
Chose plutôt rare pour ce type de sexy gialli surtout tourné si tardivement, le réalisateur a donné aux scènes de sexe un coté hardcore assez étonnant mais non désagréable, certaines séquences effleurant parfois le hardcore comme le prouve la scène durant laquelle Danila Trebbi fait une fellation non simulée à son petit ami.
L'intérêt porté au film viendra essentiellement de son mystérieux tueur dont on peut avec un peu de clairvoyance soupçonner très vite l'identité malgré le soin parfois maladroit que le réalisateur apporte à brouiller les pistes. La caméra nous le fait voir au travers des trous de sa cagoule, guettant ses proies avant de surgir pour les massacrer en les transperçant à l'aide d'un phallus géant.
Milioni filme inlassablement les meurtres en ombres chinoises qu'il projette sur les murs, le sadique brandissant de son imperméable un sexe démesuré devant les pauvres filles épouvantées. Véritable étalon ou étonnant godemiché, les dernières minutes nous révèleront le fin mot de l'histoire en nous dévoilant le terrible secret de la pauvre Ursula, tourmentée par un bien sombre passé. Les assassinats aussi peu nombreux soient ils sont toutefois assez spectaculaires et devraient ravir les amateurs d'effets sanglants même s'ils sont à l'image même du scénario, un simple prétexte à se faire mettre nues les actrices après nous en avoir révélé les talents sexuels.
Faisant quelque peu penser aux films que l'imbuvable Jess Franco tournait au début des années 70 y compris dans ce qu'il a de plus soporifique, La sorella di Ursula bénéficie de très beaux décors (la somptueuse villa surplombant la mer) magnifiquement mis en valeur par une photographie lumineuse qui rend certaines séquences visuellement superbes (le meurtre des deux amants dans la grotte) ainsi que d'une très jolie musique composée par Mimi Uva. Le thème principal particulièrement enivrant est quant à lui chanté par Yvonne Harlow, également comédienne puisqu'elle incarne le personnage de Stella.
En tête d'affiche, on retrouvera Marc Porel, fadasse, semblant perdu dans une histoire qu'il traverse nonchalamment dans la peau d'un inspecteur de police héroïnomane, un rôle qui collait malheureusement à la triste réalité pour l'acteur. C'est la sublime Barbara Magnolfi, l'épouse de Marc, alors au top de sa beauté. Les époux avaient déjà joué ensemble auparavant dans La fleur qui tue/ Milano, defendersi o morire. A leurs cotés on retrouvera avec plaisir une distribution féminine composée notamment de Stefania D'Amario, Anna Zinnemann et la pasolinienne Antinisca Nemour qui se déshabillent toutes généreusement.
Malgré ses faiblesses et la pauvreté de l'intrigue, La sorella di Ursula, à mi chemin entre le porn giallo et le simple polizesco, n'en demeure pas moins une gentille surprise de fin de vie qu'on découvrira avec un certain plaisir certes coupable ne serait ce que pour son coté insolite, la beauté des décors et de la partition musicale et son ambiance étrange qui respire le sexe.