La svastica nel ventre
Autres titres: Destin de femmes / Nazi love camp 27 / Fraulein SS / Love camp 27 / Living nightmare
Real: Mario Caiano
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Nazisploitation
Durée: 90mn
Acteurs: Sirpa Lane, Giancarlo Sisti, Gianfilippo Carnaco, Christiana Borghi, Renata Moar, Piero Lulli, Roberto Posse...
Résumé: La splendide Madame Hannah est directrice d'un bordel où aiment se retrouver les officiers SS. Mais Hannah a un terrible secret: elle est juive. Elle est la protégée du commandant Von Stein, un homme sadique et pervers qui l'a sauvé des camps de concentration et en a fait en retour sa maîtresse et esclave sexuelle. Plus le temps passe plus Hannah se lasse de cette situation. Elle ne supporte plus de cacher ses véritables origines...
Solide et toujours très intéressant réalisateur, le vétéran Mario Caiano en donnant à son tour dans le nazisploitation avait peu de chance de décevoir son public. Voici donc un nouvel essai plutôt réussi dans ce genre du cinéma d'exploitation si controversé qu'est l'eros-svastica tant au niveau de la qualité du film que de la mise en scène et l'interprétation.
La svastica nel ventre / Destin de femme, réalisé en 1976, est sans doute l'un des ersatz les plus agréables du Salon Kitty de Tinto Brass vers lequel il lorgne furieusement en y mêlant certains des éléments de Portier de nuit de Liliana Cavani. Monté en deux parties assez distinctes, Caiano s'évertue à montrer avec beaucoup de conviction l'horreur des camps de la mort dans la première moitié du film en définissant de manière plutôt convaincante tant son sujet que son personnage principal, la douce Hannah une jeune fille d'origine juive.
Destin de femme débute par la rafle de la famille d'hannah très vite massacrée par les SS. Seule survivante Hannah est déportée dans un camp de la mort bien cyniquement appelé Camp de la Joie. Dés son arrivée, Hannah et une de ses compagnes sont violées par cinq officiers. L'infortunée partenaire de Hannah tente alors d'échapper à ses bourreaux mais elle sera électrocutée sur les barbelés qui entourent le camp. Hannah va très vite découvrir l'univers des camps que Caiano filme avec une certaine rage comme il parvient assez bien à recréer la détresse et le désespoir de ses filles traitées en esclaves en passe pour la plupart de devenir des putains pour SS.
En elève appliqué, Caiano respecte avec soin les régles de l'eros svatiska. Au cours de cette première partie on retrouve en effet les éléments inhérents au genre à savoir examens intimes explicites, douches collectives, séquences saphiques et accouplements forcés qui ont pour but de créer la future élite aryenne, le tout sous l'oeil vicieux de gardiennes sadiques, voyeuses et lesbiennes dirigées par une effroyable Kapo en chef jamais en manque de punitions cruelles. Si contrairement à bon nombre de nazisploitation, ceux de Sergio Garrone et Luigi Batzella en tête, Destin de femme n'est pas très graphique, plutôt pauvre en tortures et autres abominations nazies, le film réserve tout de même deux inoubliables scènes: celle où une pauvre détenues attachée nue sur une table, est sauvagement battue à coups de batte en bois par la kapo et celle où une autre prisonnière est violée avec un olifant!
La seconde partie du film doit beaucoup à Salon Kitty dont il n'a bien sûr pas la grandeur, Caiano n'est pas Tinto Brass et ne dispose pas non plus de ses moyens. Sauvée d'une mort certaine par le commandant Von Stein qui est tombé amoureux d'elle, Hannah a du en retour devenir sa putain attitrée et assouvir ses fantasmes sexuels les plus pervers. Il en fait la directrice d'un bordel où les officiers allemands vienent se distraire. Hannah devient Madame Lola. Von Stein gardera ses origines juives secrètes tant qu'elle lui obéira docilement. C'est sans compter le retour inattendu du fiancé de Hannah devenu officier réfractaire qui la reconnaitra. Il est malheureusement trop tard. Le destin de Lola/Hannah est scellé. Elle est une femme désormais sans passé sans avenir. Hannah n'est plus que Lola, une prostituée de luxe vivante mais déjà morte. Elle repoussera son fiancé qui repartira au front. Désespérée, réalisant l'horreur de sa vie, Lola, face à une assistance médusée, prendra alors une terrible décision et se condamnera elle même lors d'un final aussi magistral que dramatique.
Caiano n'apporte rien de bien nouveau au genre et se contente simplement ici de plagier le film de Tinto Brass dont il reprend moult idées et séquences y compris le final rythmé par une chanson juive. Tout y est beaucoup moins grandiose que dans Salon Kitty, budget oblige, mais il faut reconnaitre à Caiano un certain talent ainsi qu'un effort de mise en scène qui hisse le niveau du film un brin plus haut que la moyenne. Le cinéaste a su trouver un juste milieu entre le film de guerre érotique à la Brass et le pur nazisploitation sans pour autant lui enlever un certain sens de la réflexion ni trahir la vérité historique qu'il respecte du mieux qu'il peut. Voilà qui est louable et fait du film un eros svatiska quelque peu différent du reste de la production même si La svastica nel ventre n'est pas exempt de quelques scènes exploitatives et déviantes. Pour preuve la séquence de bestialité lors de laquelle Hannah est contrainte par Von Stein qui pour l'occasion a revêtu des sous vêtements féminins de se donner à son berger allemand.
Plus psychologique que réellement horrifique, le film de Caiano qu'accompagne une dramatqiue partition musicale signée Francesco de Masi bénéficie également d'une interprétation convaincante notamment de sa comédienne principale, l'Hamiltonnienne Sirpa Lane immortalisée pour son rôle dans La bête de Borowczyk, Sirpa n'est ni Ingrid Thulin ni Teresa Ann Savoy encore moins Charlotte Rampling mais sa prestation est des plus honorable, très certainement son dernier véritable bon film avant sa vertigineuse descente aux enfers, si toutefois Sirpa eut un jour à son actif un bon film. Elle est ici une Hannah à la fois forte et fragile, plus convaincante en Madame Lola qu'en victime juive. A ses cotés on reconnaitra l'incroyable regard de Giancarlo Sisti dans l'uniforme du pervers commandant Von Stein, Roberto Posse et toute une kyrielle de jeunes sexy starlettes dont la pasolinienne Renata Moar, une des jeunes victimes de Salo, Christina Borghi (la victime massacrée à coups de matraque), Sarah Crespi (la détenue électrocutée), Gloria Piedimonte (la putain aryenne qui s'accouple sur un air de musique allemande), Marzia Ubaldi en kapo lesbienne sadique et Maria Renata Franco à jamais associée à son accouplement avec un cheval dans Black Emanuelle en Amérique. Pour information Mario Caiano n'a jamais caché qu'il détestait ce film qu'il accepta de réaliser uniquement car il avait grand besoin d'argent. Destin de femme lui importait si peu qu'il avait quasiment effacé de sa mémoire la plupart des scènes choc dont le massacre de la prisonnière à coups de matraque. Signalons enfin que la version française disponible jadis en vidéo fut amputée d'une dizaine minutes tandis que la version intégrale comporte des inserts porno franchement inutiles notamment lors des scènes de viol et d'examens gynécologiques. Destin de femme est un des rares sinon le seul nazisploitation a être régulièrement diffusé sur les chaines nocturnes italiennes.