Demoni 3
Autres titres: Black demons / Black zombies / Demonios negros
Real: Umberto Lenzi
Année: 1991
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 88mn
Acteurs: Keith Van Hoven, Joe Balogh, Sonia Curtis, Philip Murray, Juliana Teixeira, Maria Alves, Justo Silvo, Clea Simoes, Rita Montero, Louis Karsons, Tony Martins, Paul T. Goodman, Sergio Costa Andrade, Gleis J. Pereira...
Résumé: Kevin, sa petite amie et son demi frère Dick sont partis pour Rio afin d'écrire une thèse sur la samba. Dick, passionné de magie noire, fait la connaissance d'une étrange vieille femme qui finalement lui donne l'occasion d'assister à une cérémonie vaudou. Le lendemain, les trois étudiants s'apprêtent à quitter Rio mais leur jeep tombe en panne. Ils sont invités par deux jeunes touristes à passer la nuit dans leur sinistre maison. Une légende voudrait que six esclaves noirs jadis torturés et mis à mort sur ces lieux reviennent à la vie afin de se venger. Avec l'aide de Dick, envouté à son insu lors de la cérémonie, les six zombis vont sortir de terre et assouvir leur revanche...
Les années 80 auront vu le cinéma de genre italien lentement agoniser avant de rendre l'âme au fil d'oeuvres de plus en plus médiocres dans lesquels les réalisateurs tentaient vainement, le plus souvent sans aucun budget, de faire perdurer l'esprit de ce cinéma en appliquant les recettes qui autrefois firent sa renommée. N'en finissant plus de mourir, il connut encore quelques ultimes soubresauts au début des années 90 notamment sous la houlette de Umberto Lenzi qui tenta de remettre au gout du jour le film de morts-vivants jadis popularisé par L'enfer des zombis de Lucio Fulci, un sujet que l'acariâtre cinéaste avait déjà
titillé en 1981 avec son inénarrable et drolatique L'avion de l'apocalypse. Pour mieux profiter du filon à succès que furent Demoni et Demoni 2 de Lamberto Bava, Lenzi eut l'idée d'intituler son film Demoni 3 comme il eut quelques années auparavant l'idée d'attirer le chaland en surfant sur la vague Evil dead (La casa en italien) avec notamment un Casa 3 plus connu sous le titre Ghosthouse.
Demoni 3 n'a bien évidemment aucun lien avec le diptyque Demoni. Nous sommes ici au coeur d'une histoire de vaudou qui se rapproche de L'emprise des ténèbres de Craven, une incursion dans l'univers des rites magiques vaudou et autres macumba dont un groupe de
jeunes touristes en goguette va être victimes.
Trois étudiants, Kevin, sa petite amie Jessica et son demi-frère Dick, font un séjour au Brésil, non loin de Rio, afin de réaliser un documentaire sur la samba. Dick qui vient tout juste de sortir d'une dépression se passionne pour la magie noire et plus précisément les rites vaudous. Après une dispute avec sa soeur, il quitte le groupe et rencontre une femme noire qui l'entraine dans une cérémonie vaudou. Dick s'évanouit. A son réveil, il se retrouve dans sa chambre d'hôtel. Alors qu'ils quittent Rio, les trois étudiants tombent en panne. Ils sont heureusement invités par deux jeunes touristes, José et Sonia, à passer la nuit dans la
sinistre maison qu'ils ont loué. Envouté à son insu, Dick va bien malgré lui faire revenir à la vie six zombis noirs, six esclaves qui autrefois furent massacrés sur les lieux mêmes où se dresse la demeure. Ils sont revenus se venger et doivent aujourd'hui tuer six blancs pour que cesse la malédiction. La nuit va être longue pour nos jeunes touristes.
Ultime incursion de Umberto Lenzi dans le cinéma horrifique, Demoni 3 / Black demons n'est pas aussi mauvais qu'on peut trop souvent le lire. S'il souffre d'un évident manque de budget, il fait avouer que cette inoffensive série d'horreur se laisse regarder avec un certain plaisir coupable ne serait que pour le soin apporté à la photographie, superbe, et la beauté
des décors naturels brésiliens plutôt assez bien mis en valeur à l'image même de cette ancienne et sinistre bâtisse abandonnée qui se dresse au milieu de la campagne baignée de soleil. Visuellement très beau, Black demons bénéficie également d'effets spéciaux et de maquillages assez réussis. S'ils demeurent modestes, ils n'en restent pas moins crédibles et par instant impressionnants. On sent bien entendu une certaine influence fulcienne, une influence qu'on retrouve également dans les meurtres qui devraient ravir tous les amateurs de gore tout en restant dans la grande lignée des petites séries d'horreur italiennes des années 80. Particulièrement sanglants même si peu nombreux, nos zombis de couleur ont
en effet une prédilection pour la destruction de globes oculaires plus précisément l'énucléation au crochet ainsi que l'explosion de crânes à la hache. Au nombre de six, les morts vivants de Lenzi ne dérogent pas à la règle. A la nuit tombée, ils sortent de terre ou de leur cercueil pour entamer leur lente marche funèbre en quête d'hommes blancs à massacrer. Ajoutons à cela quelques rites vaudous, danses tribales et cérémonies magiques sommaires mais plutôt plaisantes et on est face à un honnête produit horrifique certes tardif mais divertissant qui fort malheureusement souffre d'une part de son interprétation anémique, d'autre part d'un évident manque d'atmosphère bien peu aidé par
une mise en scène beaucoup trop molle. Le Brésil de Lenzi ne respire guère la peur, l'angoisse. Il manque à l'ensemble ce coté morbide, macabre, qui faisait toute la force des oeuvres de Fulci mais également des classiques du vaudou dont le cinéaste s'inspire. Les cérémonies et diverses macumba n'ont rien de réellement féroce, d'hypnotique. Cette ambiance moite, suffocante, cette peur presque palpable, font cruellement défaut au film, bien peu aidé par une atroce partition musicale électro-disco signée Franco Micalizzi, qui au final ressemble à un quelconque épisode d'une quelconque série télévisée horrifique. L'apparition des zombis tout comme leur lente déambulation funèbre ne font pas réellement
illusion, trop peu réalistes. On est loin des fabuleuses séquences de L'enfer des zombis et de temps à autres on songe au Manoir de la terreur de Bianchi notamment la scène où en plein après-midi Jessica est soudainement attaquée par un mort-vivant. D'une profonde débilité, elle est tout aussi mal jouée et risible que celle où Karin Well s'enfuyait dans le parc du château après avoir été agressée par un zombi putride.
Lorsqu'on sait que le réalisateur n'a jamais porté dans son coeur les films d'horreur qu'il tourna il est étonnant qu'il avoue avoir une affection toute particulière pour celui ci dont le seul défaut à ses yeux fut les comédiens que la production lui imposa. Comme pour la plupart
des films italiens produits à cette époque, ce sont à des acteurs pour la plupart américains auxquels les producteurs faisaient alors appel, marché international oblige. On restera indulgent face au jeu assez fermé de Joe Balogh que les amateurs auront reconnu puisqu'il fut le principal protagoniste de Paura nel buio / Hitcher 2. Le néerlandais Keith Van Hoten qui disparut très vite par la suite tient le rôle du courageux bellâtre sur lequel certains pourront fantasmer s'il est cependant facile de lui préférer Joe. Quant à la très ingrate Sonia Curtis, future starlette de la télévision américaine, rarement aura t-on vu une comédienne aussi peu attirante, peu aidée de surcroit par un look grossier anti sexy au possible. Peu convaincante,
l'interprétation n'aide en rien à créer une quelconque atmosphère.
Malgré ses défauts et sa mise en scène trop peu rigoureuse, Black demons se laisse cependant visionner sans mal et demeure un sympathique petit divertissement pour le peu qu'on ne soit pas trop exigent bien sûr. En cette décennie d'agonie, le cinéma de genre transalpin a vu bien pire que cet ultime essai de Lenzi qui avec Ghosthouse et Paura nel buio demeure un ses derniers bons films.