Gatti rossi in un labirinto di vetro
Autres titres: L'oeil du diable / Eyeball / The devil's eye / The secret killer / Wide eyed in the dark / Labyrinth des schreckens / El ojo en la oscuridad
Real: Umberto Lenzi
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 88mn
Acteurs: Umberto Lenzi
Cast: John Richardson, Martine Brochard, Ines Pellegrini, George Rigaud, Mirta Miller, Daniele Vargas, Andres Mejuto, Silvia Solar, Raf Baldassarre, Marta May, José Maria Blanco, Olga Pehar, Veronica Miriel, Olga Montes...
Résumé: Un groupe de touristes américains fait escale à Barcelone. Dés leur arrivée une des vacancières est retrouvée morte dans un parc, sauvagement trucidée puis énucléée de l'oeil gauche. Très vite d'autres membres du groupe vont être assassinés de la même manière par une mystérieuse silhouette revêtue d'un imperméable rouge. Les soupçons se portent assez vite sur l'épouse de Mark qui serait elle aussi à Barcelone. Elle aurait jadis été au centre d'un crime à tout point semblable. Si elle demeure introuvable, les crimes quant à eux continuent. Comme tous les membres du groupe possèdent un imperméable rouge tous sont donc de potentiels coupables...
Responsable dés 1968 d'un excellent sous filon du giallo, le sexy giallo ou thriller érotique dans lequel une jeune et souvent richissime victime était le centre d'un machiavélique complot, avec Orgasmo, Paranoia et Si douce si perverse, Umberto Lenzi après Sette orchidee macchiate di rosso s'est en 1974 laissé aller pour la seconde fois à la mode du thriller horrifique à la Argento en réalisant Gatti rossi in un labirinto di vetro. C'est une fois encore assez mitigé qu'on sort de la vision de cet ultime thriller que tournera le cinéaste tant on se demande ce qu'il a réellement voulu faire cette fois. Certes le film a souffert de son budget étriqué et d'une production qui connut de graves problèmes en Espagne mais cela excuse t-il le ridicule du scénario? Si Sette orchidee macchiate di rosso malgré une ouverture prometteuse et de réels bons moments au final s'avérait plutôt décevant, Gatti rossi in un labirinto di vetro quant à lui n'est pas seulement ridicule mais il devient vite laborieux.
Situé à Barcelone, le film nous entraine dans le giron d'un mystérieux assassin drapé d'un imperméable rouge qui décime un groupe de touristes américains venu séjourner dans la capitale. Après les avoir tué, il extrait de la pointe de son couteau le globe oculaire gauche de ses victimes féminines. Chacun des membres du groupe est un suspect potentiel puisque tous possède ce fameux ciré rouge mais très vite les soupçons se portent sur l'épouse d'un d'entre eux qui jadis fut au centre d'un drame similaire.
Si le scénario ne brille guère par son originalité, son traitement aurait pu néanmoins le rendre particulièrement intéressant. Ce n'est malheureusement pas le cas puisque Lenzi, paresseux ou pas très en forme, préfère s'attarder sur les effets sanglants des meurtres qui ponctuent de façon régulière le film. C'est bel et bien un des rares intérêt de Gatti rossi in un labirinto di vetro qui resplendit surtout par les incohérences dont il est truffé, la bêtise de
certains dialogues et le comportement totalement incompréhensible des protagonistes tous plus aussi inexistants les uns que les autres que bien peu convaincus par leur personnage à l'exception peut être du prêtre pas assez fouillé ou mal utilisé. Auraient ils vu leur séjour à Barcelone comme d'agréables vacances aux frais de la production? Ils semblent en effet tous si peu concernés par les effroyables évènements qui se déroulent autour d'eux et bien terrifiés à l'idée d'être la prochaine cible du maniaque sanguinaire, plus préoccupés dirait-on par leur petites histoires personnelles quotidiennes dont on a que faire. D'une certaine manière, Gatti rossi in un labirinto di vetro fait songer à ces slashers dans lesquels les comédiens ne sont là que pour servir de victimes au tueur et de suspect tout désigné pour le spectateur. Il en va de même des inspecteurs de police qui préfèrent s'échanger une série de jouxtes verbales et autres piques bien molles au lieu d'enquêter sérieusement sur ce cas dont bizarrement pas même la presse ne fait état.
Rien ne fonctionne vraiment malgré les efforts louables de Lenzi à vouloir semer le trouble dans l'esprit du spectateur et brouiller les pistes. Certes il le fait avec habileté. On pourra donc se laisser prendre au jeu même si pour le féru de giallo l'identité du coupable lui paraitra évidente. Reste alors à découvrir ses motivations et c'est peut être là le plus décevant. Comment ne pas s'effondrer face aux révélations finales, comment ne pas être pris d'hilarité devant les explications fournies et le découverte de l'assassin entrain de placer l'oeil de sa dernière victime dans son orbite vide? Comment peut on croire une seule seconde à une telle conclusion qui fait irrémédiablement sombrer le film dans le ridicule? Que la souffrance physique l'ait poussé à la folie meurtrière n'est pas un fait nouveau, régulièrement
utilisé dans le thriller, mais imaginer que durant tant d'années il ait pu vivre en toute quiétude avec un oeil gauche pris régulièrement sur des cadavres est d'une telle absurdité! Ce final résume peut être à lui seul le film et cette tendance à ne jamais trop savoir vers quelle direction Lenzi veut le diriger. Entre comédie, parodie ou sérieux, il se tâte, hésite sans parvenir à trouver sa réelle voie. Voilà sans nul doute le défaut majeur de Gatti rossi in un labirinto di vetro dont le titre animalier n'a ici aucune réelle signification si ce n'est de copier Argento. Tout au plus le rouge fait référence à la couleur de l'imperméable sous lequel le tueur se dissimule. On pourra également regretter que l'utilisation de l'oeil, élément sous exploité ici déjà au centre d'autres gialli dont entre autres Los ojos azules de la muñeca rota de Carlos Aured, n'ait pas réussi à donner au film un coté beaucoup plus macabre, donner lieu à un rituel aussi malsain que sordide.
Gatti rossi in un labirinto di vetro n'est cependant pas un mauvais giallo. Malgré ses défauts, il reste un gentil divertissement horrifique qui regroupe non seulement tous les éléments indispensables au genre mais également une jolie brochettes d'acteurs et d'actrices qu'il est bon de revoir, Ines Pellegrini en tête, tout juste sortie du giron de Pasolini, tentant d'échapper au filon érotique dans lequel elle était confinée jusqu'alors. En vain. Si elle nous offre un véritable défilé de perruques en tout genre, elle est aussi l'incontournable touche lesbienne du film aux cotés de Mirta Miller. On appréciera également la présence de Silvia Solar toujours aussi mauvaise actrice, Georges Rigaud, John Richardson, John Batha et Daniele Vargas. Quant à la française Martine Brochard, son choix est peut être discutable tant elle est mal à l'aise dans la peau de son personnage et surtout peu crédible. Outre la violence de meurtres et la réussite des effets sanglants, on appréciera également le look du tueur, original, de tout rouge vêtu. Certains songeront à La dame rouge tua sept fois, d'autres au
mystérieux assassin de Don't look now, d'autres peut être même à une version maléfique du Petit chaperon rouge. Certaines séquences sont assez impressionnantes notamment celle où le meurtrier après l'avoir énucléée jette le corps de la jeune fille en pâture aux cochons.
Beaucoup à l'aise dans le thriller érotique et la représentation de la folie humaine dans le sens le plus pathologique du terme (Spasmo), Lenzi s'est ici quelque peu fourvoyé. Rythmé par une partition musicale tout juste sympathique signée Bruno Nicolai qu'on a connu plus inspiré, Gatti rossi... demeure cependant un giallo agréable totalement improbable, tout simplement divertissant. Ni plus ni moins.
Ce sera l'ultime incursion du réalisateur dans ce genre bien spécifique. Il se tournera par la suite vers le polizescho dont il signera quelques titres aujourd'hui cultes.