Erotic inferno
Autres titres: Adam and Nicole / The will / The willing sex / Infierno erotic
Real: Trevor Wrenn
Année: 1975
Origine: Angleterre
Genre: Thriller érotique
Durée: 89mn
Acteurs: Karl Lanchbury, Chris Chittell, Michael Watkins, Mary Millington, Heather Deeley, Jeannie Collins, Jennifer Westbrook, Michael Sheard, Tony Kenyon, Brian Hawksley, Monika Ringwald...
Résumé: Paul et Martin viennent d'apprendre que leur vieux père surnommé The old Man est décédé. Ils doivent alors se rendre avec leur fiancée respective à la maison de campagne paternelle où les attend Adam, le maitre d'hôtel qui fut le protégé du vieil homme. Entre Adam et les deux frères il y a toujours eu une haine féroce que le décès de leur père va attiser. Le notaire leur annonce que personne n'a le droit de pénétrer dans le manoir familial où est caché le testament jusqu'au jour de sa lecture. Paul et martin apprennent alors que Adam est en fait le fils illégitime de leur père. Ils craignent que tout l'héritage ne lui revienne. Ils vont d'une part tout mettre en oeuvre pour qu'il ne le découvre pas, d'autre part pour entrer dans la maison et lire le testament. Malheureusement la clé du coffre dans lequel il se trouve est cachée dans la petite culotte de Nicole, la fiancée d'Adam...
Avant toute chose il est intéressant de revenir sur la genèse de ce petit film érotique anglais aujourd'hui quasiment oublié. Trevor Wrenn, son réalisateur, dont ce fut le seul et unique film, était à la base un ami proche de José Ramon Larraz pour qui il avait déjà collaboré sur Symptoms et Scream and die en tant que producteur. Est ce donc étonnant si d'une part Erotic inferno ressemble beaucoup de par son ambiance trouble typiquement britannique aux oeuvres que Larraz tourna durant sa période anglaise, d'autre part si on y retrouve Karl Lanchbury, l'acteur fétiche de Larraz, dans un de ces rôles inquiétants qui fit alors sa réputation. Wrenn avait en tête de faire un film à l'italienne avouait t-il alors.
Sur un scénario écrit par un ami étudiant, il mit donc en scène cette histoire de testament qui va attiser la jalousie déjà existante entre Paul et Martin, les deux fils du défunt, mais surtout la haine que tous deux vouent à Adam, le maitre d'hôtel privé de leur père qui en fait s'avère être son fils illégitime. Tous ont pour consigne de ne pas entrer au manoir familial tant que le testament qui y soigneusement caché ne sera pas ouvert. Ils devront cohabiter dans leur grande maison de campagne avec leur fiancée respective. Effrayés à l'idée que Adam découvre la vérité et se voit attribuer l'héritage, les deux frères vont tenter de pénétrer dans la maison afin de découvrir le testament et détruire les preuves de ses origines. C'est Nicole, la petite amie de Adam, qui détient la clé du coffre où est soigneusement rangé le précieux document. Bien malin qui pourra la trouver puisqu'elle la garde sur elle dans sa petite culotte! Stupre, viol, sexe, échangisme, si les relations entre les divers membres de la famille sont glaciales, les jours qui précédent la lecture du testament seront quant à eux particulièrement torrides même si l'enjeu secret est la fameuse clé.
Il faut avouer que cette histoire de testament caché est avant tout un joli prétexte pour multiplier les scènes de sexe toutes plus audacieuses les unes que les autres durant quasiment 90 minutes. Wrenn les enchaine comme on enfile des perles pour le grand plaisir des amateurs de sex-flick qui aiment marier sexe et violence tout en accumulant les séquences de nudité frontale et les gros plans sur les parties génitales de ses actrices de façon totalement gratuite. Loin d'être sympathiques, toutes ses protagonistes sont de lubriques putains qui s'échangent leur petit ami belliqueux au gré de leurs fantaisies lorsqu'elles ne s'étreignent pas entre elles lors de brulants ébats saphiques. En ce sens Erotic inferno est un véritable sexploitation à l'anglaise qui prend pour cadre un superbe manoir isolé dans la campagne lacustre anglaise comme Larraz nous y avait habitué dans ses premières oeuvres. C'est là que ses personnages plus vils les uns que les autres se
retrouvent le temps d'un week-end, s'épient, se mentent, se jouent l'un de l'autre, manigancent tout en laissant libre cours à leurs fantasmes et pulsions sexuelles. Malheureusement l'aspect machiavélique du scénario, le coté sulfureux de cette histoire d'enfant bâtard méprisé est trop peu mis en avant, trop oublié au détriment des scènes de sexe qui au final forment les trois quart du film. Wrenn est loin d'égaler Larraz et échoue àcréer une véritable tension, un véritable climat de malaise, sourd, étouffant. Si ce n'était pour son contenu sexuel, Erotic inferno serait plutôt ennuyeux et ne captiverait guère l'attention du spectateur. C'est quelque peu regrettable vu les possibilités d'un tel scénario qui n'utilise que très peu ses formidables ressources, celle d'un thriller érotique glauque à l'anglaise dans la plus pure tradition d'autant plus qu'on sent l'ombre de Larraz planer. La conclusion ne fait qu'illustrer une fois de plus le célèbre adage Tel est pris qui croyait prendre. Le coup de théâtre final certes inattendu et bien ironique a par le passé été mieux appliqué. Son cynisme n'apporte donc rien de plus à l'ensemble qu'on aurait aimé beaucoup plus acide ou sombre.
Erotic inferno mérite cependant d'être découvert par l'amateur non seulement pour cette sexualité explicite qui flirte gentiment par instant avec le hardcore mais également pour la beauté de ses décors joliment photographiés, son ambiance so british et une interprétation qui sans être extraordinaire tient la route et reste crédible. La présence de Karl Lanchbury, excellent comme d'accoutumée, n'y est pas étrangère. Le jeune acteur reprend le type de personnage qui le rendit fameux, celui d'un garçon troublant, inquiétant, machiavélique et très sexuel. Ce sera son ultime apparition au grand écran puisque Karl mettra un terme à une carrière qu'il ne souhaite guère évoquer aujourd'hui. Marié, père de famille, il vit aujourd'hui paisiblement en Espagne. A ses cotés, on appréciera l'antipathique Chris Chittell en obsédé rustre qu'on avait déjà remarqué dans Concerto per pistola solista et Gli fumavano le colt, lo chiamavano Camposanto ainsi que Michael Watkins. Quant à la distribution féminine elle se compose d'un joli bouquet d'actrices désinhibées pour la plupart venues de l'érotisme ou même du hardcore britannique: la légendaire Mary Millington, Jeannie Collins, Jennifer Westbrook et Heather Deeley, future héroïne d'un des plus dérangeant hardcore anglais d'alors, Diversions / Linda au pays du sexe.
Erotic inferno est une intéressante petite curiosité à qui il manque juste la folie d'un Larraz, un exemple de sexploitation à l'anglaise qui jadis fit grincer les dents de Dame censure. Cet audacieux petit thriller érotique devrait plaire aux amoureux du cinéma de Larraz mais également à ceux qui, comme nous, avec un zeste de violence, de fourberie et une bonne dose de sexe font de leur vie un petit paradis.
Il est important de signaler qu'il existe plusieurs versions du film plus ou moins raccourcies de quelques minutes selon les éditions notamment anglaises et américaines. Le contenu sexuel s'en trouve donc modifié au gré des censeurs sans que cela change grand chose aux scènes ou dialogues impliqués déjà fort explicites au départ.