Los ojos azules de la muñeca rota
Autres titres: Blue eyes of the broken doll / House of psychotic women / The house of doom
Real: Carlos Aured
Année: 1973
Origine: Espagne
Genre: Giallo
Durée: 89mn
Acteurs: Paul Naschy, Dyana Loris, Eduardo Calvo, Eva Leon, Inès Morales, Antonio Pica, Luis Cijes, Pilar Bardem, Maria Perschy...
Résumé: Gilles, un ex-repris de Justice, arrive dans un petit village non loin d'Angers. Il est perturbé par un cauchemar dans lequel il se voit étrangler une femme. Il se fait embaucher comme homme à tout faire dans le château que régissent trois étranges soeurs souffrant toute d'une psychose précise. Très vite, un mystérieux tueur se met à rôder et assassiner des jeunes filles blondes aux yeux bleus avant de les énucléer et conserver leurs globes oculaires dans un bocal...
Si le giallo demeure un genre typiquement italien, l'Espagne s'en empara dans le milieu des années 70 et signa quelques oeuvres pour la plupart coproduites par l'italie. Parmi ces gialli il en existe tout de même un petit nombre à 100% espagnol dont Los ojos azures del munecas rota fait partie.
Réalisateur touche à tout, Carlos Aured sur un scénario de Paul Naschy reprend ici les bases du giallo argentesque et les principaux thèmes récurrents au genre. La trame quant à elle ne surprendra guère: un ancien repris de justice, hanté par un rêve où il se voit étrangler une femme, est embauché dans la propriété de trois soeurs toutes marquées par les stigmates d'une psychose déterminée alors qu'un mystérieux tueur assassine des jeunes filles blondes aux yeux bleus dont il conserve les globes oculaires dans un bocal. Cela n'est pas nouveau, on pense bien évidemment à Gatti rossi in un labirinto di vetro de Lenzi ou même au tardif Vizi morbosi di una governante de W. Filipo Ratti.
Parmi les éléments du giallo argentesque on retrouve l'assassin tout de noir vêtu muni d'une arme blanche, ici un couteau, et ces trois femmes névrosées qui vivent seules dans leur tourmente respective. L'une, revêche, est devenue frigide suite à la perte de sa main, l'autre soumise est une troublante aguicheuse, la troisième est clouée sur une chaise roulante, paralysée suite à un traumatisme sentimental.
Chacune d'elle pourrait être un assassin potentiel tout comme cet ex-repris de justice interprété par Paul Naschy, certes victime de ces harpies mais suffisamment perturbé par un mystérieux passé pour pouvoir commettre de tels meurtres.
Autre ingrédient quasi indispensable au genre, la traditionnelle comptine. Cette fois il s'agit du fameux Frère Jacques qui sert de base musicale au film et rythme les meurtres de manière irritante car fort mal utilisée, noyée dans une bande son ringarde.
Si passionnant que Blue eyes of the broken doll peut paraitre couché sur papier, le résultat à l'écran ne suit pourtant pas et l'ennui gagne assez vite le spectateur embarqué dans une histoire déjà vue. Faute en incombe à une réalisation trop paresseuse et conventionnelle d'une part mais aussi à la pauvreté des décors qui trahit la maigreur du budget.
Mais le véritable défaut du film est cette étrange impression qu'il donne d'être scindé en deux parties peu cohérentes. Toute la première s'attache à l'arrivée de Paul Naschy au village, sa rencontre avec les trois soeurs qui débouche bien évidemment sur quelques saynètes d'amour. Il se passe bien peu de choses et il va falloir au pauvre spectateur attendre trois longs quart d'heure pour que débute la deuxième partie avec enfin un premier assassinat et une première énucléation. Commence alors à proprement parler la partie giallique du film, maladroite et peu inspirée. Les quelques meurtres bien peu sanglants s'enchaînent mollement et surtout de manière anodine jusqu'au dénouement qui représente la seule véritable originalité du film.
Malheureusement la pauvreté de la mise en scène et l'absence une fois de plus de tout climax gâche tout le potentiel onirico-macabre de ces dernières scènes qui se déroulent dans la chambre secrète où gît le cadavre momifié et rongé par les vers de la jeune femme, toute entourée de voiles virginaux et allongée au milieu de poupées. Cela est d'autant plus regrettable que cette séquence, peu originale certes, n'est pas dépourvue d'un certain charme.
L'interprétation est à l'image du film, poussive et peu convaincante. Paul Naschy, pataud, est un repris de justice d'une mollesse extrême qui de surcroît gâche les rares plans érotiques du film. Lui avoir confié les quelques scènes coquines est une erreur de plus puisqu'il faut avouer que la vision de Naschy en slip et débardeur, le poil alerte et la hanche flasque, n'est pas ce qu'on fait de plus érotique en la matière. On se rattrapera fort heureusement sur les troublantes beautés de Diana Lorys, Ines Morales et Eva Leon. On notera une bien curieuse chose, Naschy s'il n'est pas le principal personnage du film est le plus souvent mis en avant et l'histoire semble se concentrer essentiellement sur lui au détriment de l'histoire elle même..
S'il calque parfaitement le giallo italien Blue eyes of the broken doll, tourné non pas en Espagne mais en France, ne dépasse pourtant jamais le stade de la simple distraction de par son manque de conviction, sa pauvreté apparente et la mollesse de l'ensemble.
Bizarrement réputé comme un des plus sadiques gialli alors en circulation si on en croit la presse d'alors, le film d'Aured semblera aujourd'hui bien anodin et surtout bien peu sanglant et sadique. C'est peut être là le vrai mystère de ce giallo ibérique.