Rock'n'roll
Autres titres:
Réal: Vittorio De Sisti
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Comédie / Musical
Durée: 99mn
Acteurs: Rodolfo Banchelli, Sara Bicicca, Wolfango Soldati, Carlo Monni, Macha Méril, Mauro Frittella, Leo Gullotta, Jessica Leri, Giuseppe Pennese, Roberto Posse, Giancarlo Puglisi, Anna Cardini, Giancarlo Gritelli, Maurizio Farnetti, Rosy Castelucci, Mauro Comparini, Maria Pia Tudisca, Minuccia Ferrante, Giancarlo Sernissi, Uber Scarlini...
Résumé: Passionné de danse et plus particulièrement de rock acrobatique Rodolfo a lâché son petit métier de dératiseur pour en faire sa profession. Avec sa petite amie Ornella et leur troupe ils s'entrainent régulièrement et passent les concours régionaux afin de se qualifier pour le grand championnat international. Mais tout n'est pas rose dans la vie du jeune Rodolfo...
Essentiellement connu pour ses mondos, un genre avec lequel il fit ses débuts derrière la caméra à la fin des années 60 (L'Angleterre nue, Sexe au confessional...), et ses drames érotico-morbides (Quando l'uomo è la preda, Quando l'amore è sensualità, le superbe thriller L'interrogatorio), de véritables petites perles pour amateurs de raretés, Vittorio De Sisti se tourna avec beaucoup moins de chance vers la comédie légère dés la fin des années 70. On lui doit deux piètres sexy comédies (La supplente va in citta, Lezioni private) et deux comédies musicales qui voguent sur le succès planétaire du Saturday night fever
de John Badham, un filon qui eut son heure en Italie qui n'hésita pas à en donner ses versions... du pauvre nous entrainant du meilleur au pire (Disco delirio, Voglia di rock). Et parmi les meilleures on trouve justement Rock'n'roll, le premier des deux films musicaux que tourna Vittorio De Sisti avant de s'orienter définitivement vers la télévision.
Rodolfo vit dans une famille uniquement féminine composée de sa mère, sa tante, sa grand-mère et sa jeune soeur. Il a pour passion la danse plus particulièrement le rock'n'roll. Il aimerait en faire son métier. C'est pourquoi il vient tout juste de démissionner de son petit job, dératiseur, au grand dam de sa famille. Rodolfo sort avec Ornella, sa partenaire de
danse. Ils font partie d'une bande de danseurs menée par Chico, leur manager, qui les entraine et leur organise régulièrement des compétitions locales et régionales. Lasse des infidélités de Rodolfo Ornella rompt et malgré ses tentatives de reconquête elle refuse de lui donner une seconde chance. Elle se jette même dans les bras d'un de ses copains pour le rendre jaloux. Cela crée des tensions au sein de la troupe qui enchaine cependant les compétitions. Rodolfo en gagne même une à la grande joie de sa famille. Après bien des péripéties, des rivalités et des drames, un de leurs amis, Alfredo l'americano, finira en chaise roulante, un autre commettra une tentative de suicide, Rodolfo et Ornella se
remettront ensemble et gagneront le championnat international de rock acrobatique.
Son titre donne la tonalité. Ce n'est pas le disco qui est ici mit à l'honneur comme dans la plupart des ersatz italiens de La fièvre du samedi soir mais le rock and roll, le rock acrobatique. Le film de De Sisti est une sorte d'hybride entre celui de Badham et Grease. Voilà qui fait déjà la différence, une différence d'autant plus marquée que le scénario est également un peu plus travaillé que d'habitude. Certes tout cela ne vole pas très haut (moins haut que les danseurs qui s'envolent lors de formidables acrobaties) mais De Sisti a voulu donner un peu d'épaisseur tant à ses personnages qu'au scénario. Au centre de
l'histoire Rodolfo Banchelli, un jeune prolétaire, le Tony Matero florentin, dont le rêve est de devenir danseur professionnel. Il vit avec sa mère, sa tante, sa grand-mère et sa soeur cadette qui voue sa vie aux études. Tous veulent le meilleur avenir pour lui et cet avenir c'est un gentil petit boulot dignement payé, de quoi simplement vivre et survivre. Pour Rodolfo dont l'idole est Travolta son avenir c'est la danse et rien d'autre. Il partage sa vie entre les cours de danse, ses amis et les filles. Rodolfo est en effet un brin frivole et il en paie les frais lorsque sa petite amie et partenaire de danse le quitte après l'avoir trouvé au lit avec une autre pour la énième fois. Autour de lui gravite un tas de personnages qui apportent
un peu de vie à l'ensemble, un coté humain appréciable à commencer par une mère délaissée et mélancolique, nostalgique du passé, un petit brigand philosophe haut en couleur fasciné par l'Amérique (Alfredo), un manager dynamique au grand coeur et des amis toujours présents dans les coups durs malgré les rivalités et la jalousie. Et des coups durs Rodolfo va en vivre durant ces 90 minutes. Après avoir reçu une balle suite à un cambriolage raté Alfredo restera handicapé à vie tandis que la mère d'un de ses meilleurs amis tentera de se suicider par désespoir. L'ensemble baigne dans une atmosphère très toscane qui donne au film une verve incontestable entre dialecte, accent et jovialité typique de la région.
C'est toute l'Italie, son entrain, sa joie de vivre. Aussi anonymes soient-ils tous ces jeunes sont sympathiques.
Si Rock'n'roll est rythmé par les prises de bec et les rabibochages réguliers entre Rodolfo et Ornella il est surtout rythmé par les exhibitions artistiques de nos jeunes danseurs qui représentent facilement 50% du métrage. Voilà une autre réussite du film: ses scènes de danse qui frisent la perfection. Non seulement la bande son est composée de grands, très grands classiques du rock (Tutti frutti, Rock around the clock, Old my sol, Fantasy rock, Daddy cool, pas celui de Boney M bien sûr mais des Darts) qui donnent envie de bouger
devant son écran mais les chorégraphies tout comme les acrobaties sont spectaculaires, d'une incroyable énergie, superbement filmées parfois au ralenti pour leur donner encore plus de punch, chose rare dans ce type de films où souvent les scènes de danse sont maladroitement mises en scène, filmées de manière amateur ou interprétées pas forcément professionnellement. Il faut dire que De Sisti a fait appel justement à des danseurs professionnels et ça se voit tout comme De Sisti est lui aussi un pro et a le sens de la mise en scène.
L'interprétation est à la hauteur. Elle est dominée par deux jeunes danseurs professionnels,
le longiligne et plutôt séduisant Rodolfo Banchelli, qui quelques années plus tard, en 1984, s'essaiera à la chanson et se fera remarqué au célèbre festival de San Remo, et Sara Bicicca. Ils sont entourés de Macha Méril attendrissante en mère délaissée et suicidaire, Wolfango Soldati émouvant dans le rôle d'Alfredo, le blond Roberto Posse, un générique remarqué notamment dans La svastica nel ventre, Le continent des hommes poissons, Voyeur pervers..., Carlo Monni (le manager), Leo Gullota (le vigile) et Giuseppe Pennese (l'entraineur). Certains reconnaitront Anna Cardini dans le très bref rôle de l'infirmière qui s'occupe de Wolfango Soldati, un petit clin d'oeil puisque Anna dans la vie est l'épouse de Wolfango.
Parmi les "disco movies" italiens qu'engendra le succès de La fièvre du samedi soir le film de De Sisti qui fut entièrement tourné à Florence est une franche réussite. Certes il ne révolutionna pas le cinéma mais c'est tout simplement une petite goutte de fraicheur, un petit plaisir d'autant plus si on est amateur de rock acrobatique. Six ans plus tard en pleine mode de breakdance il signera son ultime long métrage, Breakdance and smurf.