Duri a morire
Autres titres: Hard to kill / Durs à mourir / Tough to kill
Real: Joe D'Amato
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Aventures / Guerre
Durée: 90mn
Acteurs: Alessandro Haber, Percy Hogan, Luc Merenda, Donald O'Brian, Lorenza Rodriguez, Wolfango Soldati, Laurence Stark, Piero Vida...
Résumé: Mike est mercenaire. Il se voit proposer un contrat de 1 000 000 de dollars pour capturer un trafiquant de drogue qui se cache dans un camp d'entrainement militaire dans un pays d'Amérique centrale. Il s'y infiltre et avec l'aide du capitaine et celle plus inattendue d'un boy à tout faire de couleur, il va essayer de trouver sa cible. Mais une telle somme fait rêver les soldats du camp prêts à tout pour trahir Mike et s'emparer de la récompense...
Si Joe D'Amato s'était déjà essayé au film de guerre bien des années auparavant avec beaucoup plus de bonheur (Eroi all'inferno) c'est peut être que tout simplement Duri a morire n'a guère pu voir le jour dans de bonnes conditions. Il faut savoir qu'au départ le film avait été prévu pour Alain Delon qui abandonna le projet après quelques jours seulement de tournage et du être remplacé au pied levé par Luc Merenda. L'acteur français qui jadis bénéficia d'une jolie renommée en Italie grâce à toute une série de polizeschi musclés est alors en pleine déchéance. Sa carrière au point mort depuis quelques temps déjà, sans argent, une situation familiale des plus précaire, son père était gravement malade, Luc avoue lui même qu'il était prêt à tourner à tout et n'importe quoi pour continuer à travailler et subvenir à ses besoins. Lorsqu'il se vit proposer de reprendre le rôle principal de Duri a morire après avoir lu le scénario, il se précipita à St Domingue où fut réalisé le film mais désenchanta très vite. Ce qu'il découvrit était loin de correspondre au script initial et Luc comprit rapidement qu'il tournait là un de ses plus mauvais film qu'il n'hésite pas à qualifier aujourd'hui de "merde".
Duri a morire devenu pour sa sortie vidéo en France Hard to kill est en fait un croisement entre le film de guerre, le film d'aventures et le film d'espionnage, un mélange qui malheureusement ne prend pas cette fois. Qui dit film d'aventures et de guerre dit un minimum d'action ce dont manque cruellement Duri a morire. Particulièrement bavard, il faut en effet attendre l'ultime partie du film pour qu'il se passe enfin quelque chose et être agréablement surpris par un final inattendu et O combien pertinent.
Hard to kill s'intéresse à un mercenaire, Mike, auquel on a proposé un contrat de un million de dollars afin de capturer un important trafiquant de drogue qui se cache dans un camp d'entrainement militaire quelque part en Amérique central. Il va sans dire qu'un telle récompense fait bien des envieux et la vie de Mike est en danger, chacun de ses compagnons d'armes étant prêt à le trahir pour empocher la somme. L'histoire n'a rien de très original, vu et revu ce type de scénario bateau doit essentiellement reposer sur un minimum d'action et de suspens afin de pallier ce manque d'inventivité. Ce n'est pas réellement le cas cette fois. Dénué de tout suspens, souffrant d'une mise en scène poussive, ce n'est pas difficile de tuer ici mais plutôt de rester éveillé. Interprété sans aucune conviction par une brochette d'acteurs bien peu concernés par cette histoire qui récitent des dialogues souvent creux et involontairement drôles, Hard to kill s'étale platement sur 90 minutes. Quelques combats et explosions bien peu spectaculaires, quelques trahisons bon enfant, un zeste de sueur et beaucoup d'insultes racistes sont au programme de cette série B qui lorgne vers le Z. Ce qui est le plus remarquable ici ce sont bel et bien le coté profondément raciste que D'Amato insuffle à l'histoire ce qui rattache sans problème Hard to kill au courant de l'euro-trash transalpin très en vogue alors. L'homme noir, représenté ici par un boy, une sorte d'homme à tout faire qui va talonner Mike dans sa mission, est bien malmené. Battu, humilié, réduit au rang de simple esclave, dépourvu de toute intelligence, il subit la suprématie de l'homme blanc. Noyé dans un florilège d'insultes aggravées par une version française qui appuie cet aspect raciste, Hard to kill réserve à l'amateur d'euro-sleaze quelques jolis moments de pure jouissance notamment cette inoubliable scène où le boy doit s'immerger dans un tonneau d'excréments et y enfoncer la tête le plus rapidement possible s'il ne veut pas être décapité.
C'est peut être le seul et unique véritable intérêt du film, un des rares instants qui parviennent à sortir le spectateur de sa torpeur et le rappeler au bon temps d'un cinéma de genre italien qui ne se donnait guère de limites dans l'abject. On soulignera également le final, aussi surprenant que cynique, une sorte de revanche de l'homme noir sur l'homme blanc puisque c'est au détriment de Mike lui même que le boy deviendra le véritable héros du film, un gagnant qui aura beaucoup appris de ses années de maltraitance pour mieux croquer vivant l'homme dit civilisé et prendre bien ironiquement sa place à l'endroit même où il érige sa puissance.
En tête d'affiche on retrouve donc Luc Merenda, tout en treillis et sueur, pataud et bien peu en forme, Donald O'Brien, transparent et peu dynamique à l'instar de Wolfango Soldati tout aussi peu enthousiaste mais qui garde du tournage en lui même et de St Domingue un excellent souvenir et Percy Hogan dans le rôle du Boy, un habitué de ce type de personnages puisqu'il passa une partie de sa carrière à se faire joliment maltraiter (Emanuelle bianca e nera).
S'il aurait été très amusant de voir Delon sous la direction de D'Amato, Hard to kill en l'état l'est beaucoup moins. Reste au bout du compte une toute petite série B plutôt fade et peu énergique dont on ne retiendra que les quelques scènes aux relents racistes typique d'un certain euro-trash italien des années 70. Trop peu pour être pleinement satisfait cette fois.