Nel mirino di Black Aphrodite
Autres titres: Mavri Afroditi / Black Aphrodite / Aphrodite / Afrodita negra
Real: Pavlos Filippou
Année: 1977
Origine: Grèce
Genre: Érotique
Durée: 93mn
Acteurs: Ajita Wilson, Annick Borel, A.T Savalas, Haris Tryfonas, Anda Vartholomeou, Clay Half, Notis Pitsilos, Stratos Zamidis, Spiros Drosos, Giorgos Matthew, Pantelis Agelopou, Storos Lagos, Eric Doherty, Tom Stamo, Pavlos Filippou...
Résumé: Une bande de mercenaires doit livrer des armes à des révolutionnaires africains. Tamara, une agent de couleur aussi sexy que redoutable, est choisie par le N°1 pour s'infiltrer parmi les mercenaires et tenter d'arrêter le trafic. Sa mission se nomme Black Aphrodite. Alors que Tamara séduit le chef des mercenaires, Edwige, une ravissante jeune femme blonde, tente de se rapprocher de lui en utilisant la mission de Tamara. Mais un mystérieux assassin chevauchant une moto et ganté de noir décime petit à petit l'entourage de Tamara...
La réalisation de Black Aphrodite demeure un mystère. Qui se dissimule donc sous le pseudonyme de Saul Filipstein? Certains affirment qu'il s'agit du metteur en scène grec Pavlos Filippou alors que d'autres soutiennent qu'il s'agit en fait de l'italien Daniele Sangiorgi qui pour d'autres encore ne serait que l'assistant de Filippou. Une dernière thèse voudrait que ce soit Nicola Agostini, co-scénariste aux cotés de Angelos Fournistakis.
Quoiqu'il en soit Black Aphrodite tente de suivre le chemin ouvert par la série des Black Emanuelle en mettant en scène une ravissante héroïne de couleur, ici non pas une reporter journaliste mais une redoutable espionne. On remplace la divine Laura Gemser par Ajita Wilson alors en pleine ascension qui l'année précédente s'était déjà essayé au genre avec Gola profonda nera.
Force est de constater que les deux tentatives ne furent guère convaincantes. Si Gola profonda nera était distrayant, parfois amusant, Black Aphrodite est tout bonnement ennuyant. Ajita Wilson, à ses débuts, toute charmante soit elle est loin d'avoir la beauté envoûtante de Laura Gemser, cette aura quasi divine qui illuminait la pellicule aussi faible soit elle. Mais la faute ici en incombe essentiellement à un scénario qui n'est qu'un prétexte à se faire déshabiller les différentes protagonistes qui se donnent ainsi à toute la distribution masculine.
On est ici dans une affaire de trafic d'armes destinées à un groupe de révolutionnaires africains.
La belle Tamara, une agent de couleur fort efficace, est choisie par le N°1 pour infiltrer les mercenaires et arrêter la vente des armes. Le nom de code de sa mission est Black Aphrodite en raison de la couleur de sa peau et d'une libido qui n'est plus à prouver. Alors que Tamara joue du revolver et surtout de son corps, une rivale tente de lui dérober son amant tandis qu'un étrange motocycliste élimine tout ceux qui l'entourent.
On est en pleine aventure, on devine l'ombre de James Bond et des grands films d'espionnage mais vu le budget restreint et le manque de talent du réalisateur, Black Aphrodite ne décolle jamais réellement et s'effondre assez vite au profit d'un simple film érotique lassant et répétitif.
Une bonne moitié du métrage est consacrée à de longues scènes érotiques bien peu imaginatives et excitantes tant elles sont vulgaires et si platement mises en scène. Toutes les situations mêmes les plus improbables sont prétexte à de longs et tristes ébats où les protagonistes ne semblent connaître qu'une seule et même position. Ce n'est pas la beauté précaire des actrices, à l'exception d'Ajita qu'on a connu cependant plus flamboyante, qui risquera d'enflammer les sens du spectateur fort tenté par une avance rapide.
Le plus intéressant ici est le mélange désinvolte des genres que tente le réalisateur. Black Aphrodite qui croise l'érotisme, l'espionnage bon marché façon roman-photo, l'aventure et même le giallo avec le personnage du mystérieux assassin ganté de noir chevauchant une mobylette et tuant de manière cruelle toute la distribution durant la deuxième partie du film.
Hormis ce mélange et la présence de Ajita, on retiendra de Black Aphrodite les très beaux paysages grecs digne d'un guide touristique, les inévitables plans de l'Acropole et les meurtres sauvages qui parsèment la fin du film, notamment celui assez incroyable d'Annick Borel, qui durant un jeu sado-maso est étouffée dans un sac en plastique.
Au milieu de tout cet amalgame qui par instant frise le ridicule (le viol de Judy sur la plage par un escogriffe barbu bedonnant et grimaçant) une scène restera mémorable, la séquence finale aujourd'hui mythique où Ajita habillée d'un body léopard, fusil en main, tue à petit feu, implacable, animale, le meurtrier agonisant.
Aux cotés d'Ajita, on reconnaitra la française Annik Borel qui personnifiera à jamais La louve sanguinaire de Rino Di Silvestro. Si sa prestation était assez remarquable dans le film de Di Silvestro notamment dans les scènes érotiques aux limites du hardcore, elle est ici plutôt pitoyable. La cuisse flasque, aussi érotique qu'une résidente du bois de Boulogne, elle nous livre quelques scènes tant saphiques que hétérosexuelles vulgaires d'une désolante laideur dont celle où, uniquement vêtue d'un horrible soutien-gorge bleu électrique, elle lèche de manière bien peu ragoûtante le corps de la flasque et pataude Anda Vartholomeou.
L'ultime image nous fera découvrir le patron d'Ajita, le N°1, étrange sosie de Kojak, crédité sous le nom énigmatique de A.T Savallas!! Subtil clin d'oeil??
Après Gola profonda nera, Black Aphrodite était une deuxième tentative pour donner vie à une nouvelle sorte d'héroïne au cinéma d'exploitaion d'alors. Malheureusement, l'essai se solda par un échec faute de talent et d'imagination. A l'exception du farfelu Bactron 317, Ajita abandonnera ce type de rôle pour un érotisme plus sommaire et le hardcore mais elle retrouvera bien des années plus tard la Grèce, un pays avec la Turquie où elle fut une véritable porn-diva, qui lui offrira quelques rôles sur mesure.